L'intention est louable mais le résultat loin d'être convaincant.
Dernier film en date du cinéaste malais, Things we do when we fall in love malgré son titre original ne fait montre d'aucune surprise, pas même l'esquisse d'originalité, son travail reposant uniquement sur les rapports qu'entretiennent deux amants au cours de 90mn laborieuses. Nous suivons en effet leur "voyage" improvisé histoire de mettre les choses au point sur leur relation, l'occasion pour le cinéaste d'expérimenter les joies de la caméra Mini DV et des facilités de mise en scène : plans séquences interminables sur la plage arrière d'une voiture, plans séquences interminables lorsque le cinéaste filme de dos l'acteur Loh Bok Lai au cours d'une longue errance dans les collines malaises, un sentiment d'auto proclamation "cinéaste de films d'auteur" assez gênant et qui plus est peu justifié. A coté, Before we fall in love again semble être bien plus accessible car prenant d'avantage de risques et proposant un contenu plus élaboré avec la présence de trois personnages. Ici le film ne se résume qu'à l'expérimentation de deux êtres que l'on aurait enfermé dans une cage pour en faire des expériences. Comment l'homme réagit-il lorsque ses sentiments pour son amant vacillent? Appelez James Lee et son objectif "voyeur", emmenez ses tourtereaux à la campagne, et prenez des notes.
Si le film n'a pas déclenché les foudres du public, une bonne partie du public s'est quand même désistée en cours de route ne comprenant pas très bien ce qu'ils faisaient là et surtout où James Lee voulait en venir : la froideur difficilement excusable des rapports étudiés, la platitude de la mise en scène, le scénario aux abonnés absent et la quasi absence de musique empêche logiquement Things we do when we fall in love d'accéder au rang du film "marquant". Pour la complexité des rapports humains, allez voir du côté de Wong Kar-Wai, ou chez Ozu (surtout sa période couleur) et vous trouverez des portraits infiniment plus intéressants car traités avec d'avantage de souplesse et d'humanisme, James Lee n'y portant qu'un regard froid et désespérément trop loin des choses. Sa caméra a beau être proche des acteurs, à aucun moment elle n'arrive à nous impliquer, a contrario d'un Before we fall in love again. En espérant que son dernier opus sur la trilogie de l'amour arrive à convaincre et évite de tomber dans le cinéma d'auteur gonflant.
Le poids de l'absence
Second volet surprenant dans sa trilogie sur l'amour, "Things we do when we fall in love" constitue une nouvelle évolution dans la carrière de James Lee. Il chamboule totalement sa manière de filmer et de raconter une histoire en tentant de représenter au plus précis une certaine réalité. Soit une sortie de week-end de deux amants, dont les histoires parallèles au quotidien (et surtout d'autres histoires volages de l'homme) vont finir par rompre le bonheur du temps passé ensemble.
Lee choisit de capter des petits riens pour mieux faire éclater la violence des disputes. Soit des longs trajets en voiture, un arrêt sur une aire au cours duquel les amants parlent de tout et de rien, la caresse d'une main ou l'échange d'un regard.
L'expérimentation habituelle ne fait son apparition que le temps d'un court plan des deux amants disparaissant dans le noir de l'encadrement d'une porte au son d'un insecte de nuit démultiplié à l'infini; puis de la superbe séquence du "robinet d'eau", seul moment où la femme se retrouve isolée dans le champs (l'action se focalise entièrement sur l'homme).
Evolution intéressante, l'essai n'est pas très concluant en raison de l'absence d'une véritable action – et surtout inter-action entre les personnages. Le plus grand défaut de Lee est de réussir à donner sensibilité et âme à ses protagonistes. Difficile donc de s'identifier à l'un ou l'autre membre du couple formé le temps du week-end. D'autre part, des nombreux réalisateurs (asiatiques) ont éprouvé les limites d'un el cinéma – de manière bien plus brillante. "Things…" constitue donc une expérimentation sans doute nécessaire à la propre évolution de son réalisateur, mais quelque peu vaine aux yeux de son public.