Xavier Chanoine | 2 | L'intention est louable mais le résultat loin d'être convaincant. |
Dernier film en date du cinéaste malais, Things we do when we fall in love malgré son titre original ne fait montre d'aucune surprise, pas même l'esquisse d'originalité, son travail reposant uniquement sur les rapports qu'entretiennent deux amants au cours de 90mn laborieuses. Nous suivons en effet leur "voyage" improvisé histoire de mettre les choses au point sur leur relation, l'occasion pour le cinéaste d'expérimenter les joies de la caméra Mini DV et des facilités de mise en scène : plans séquences interminables sur la plage arrière d'une voiture, plans séquences interminables lorsque le cinéaste filme de dos l'acteur Loh Bok Lai au cours d'une longue errance dans les collines malaises, un sentiment d'auto proclamation "cinéaste de films d'auteur" assez gênant et qui plus est peu justifié. A coté, Before we fall in love again semble être bien plus accessible car prenant d'avantage de risques et proposant un contenu plus élaboré avec la présence de trois personnages. Ici le film ne se résume qu'à l'expérimentation de deux êtres que l'on aurait enfermé dans une cage pour en faire des expériences. Comment l'homme réagit-il lorsque ses sentiments pour son amant vacillent? Appelez James Lee et son objectif "voyeur", emmenez ses tourtereaux à la campagne, et prenez des notes.
Si le film n'a pas déclenché les foudres du public, une bonne partie du public s'est quand même désistée en cours de route ne comprenant pas très bien ce qu'ils faisaient là et surtout où James Lee voulait en venir : la froideur difficilement excusable des rapports étudiés, la platitude de la mise en scène, le scénario aux abonnés absent et la quasi absence de musique empêche logiquement Things we do when we fall in love d'accéder au rang du film "marquant". Pour la complexité des rapports humains, allez voir du côté de Wong Kar-Wai, ou chez Ozu (surtout sa période couleur) et vous trouverez des portraits infiniment plus intéressants car traités avec d'avantage de souplesse et d'humanisme, James Lee n'y portant qu'un regard froid et désespérément trop loin des choses. Sa caméra a beau être proche des acteurs, à aucun moment elle n'arrive à nous impliquer, a contrario d'un Before we fall in love again. En espérant que son dernier opus sur la trilogie de l'amour arrive à convaincre et évite de tomber dans le cinéma d'auteur gonflant.