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Still Walking

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Voyage hors Tokyo

L'autre jour, un ami me faisait la confidence d'avoir pris un sacré coup de vieux, lorsqu'il avait à cocher la case d'un formulaire, comme quoi il correspondait aux "35-44 ans" et non plus "25-34" ans…Moi, je m'en suis pris un en voyant ce magnifique "Still Walking", véritable coup de cœur personnel, qui a remué pas mal de choses en moi, en dépit d'un certain académisme…Mais c'est un film éminemment personnel, qui fait résonnance à pas mal de choses de ma propre vie – et du regard que je peux poser actuellement sur elle. Après "Hana", Koreeda renoue avec un projet beaucoup plus personnel, qui constitue à la fois un projet plus intimiste comme à ses débuts, mais également une véritable rupture dans sa propre filmographie. Alors que ses premiers étaient très inspirés de ses démarches de documentariste et donnaient la part belle à l'improvisation, Koreeda va cette fois tourner un récut semi-autobiographique extrêmement préparé, où rien (ou presque) n'est laissé au hasard, jusque dans le rendu des dialogues respectés à la virgule près. Avec "Still walking", Koreeda ressuscite le souvenir ému de sa propre mère, décédée deux ans plus tôt et s'interroge sur la relation qu'entretiennent les parents envers les enfants vers la fin de leur vie – et vice versa, d'ailleurs. Un thème archi-rabattu, notamment dans le cadre de l'interrogation de l'éclatement de la cellule familiale par les actuels réalisateurs, mais qui trouve une note beaucoup plus personnelle par l'évocation des propres souvenirs du réalisateur. Il ne se passe quasiment rien – ou si peu – au cours de ce "Still walking"; en même temps, le film est incroyablement dense, autant par le grand nombre de sous-entendus et / ou choses abordées sans vraiment être totalement développées. Chaque membre de la famille est rapidement cadrée et dévoile petit à petit plein de choses sur son caractère, mais aussi des choses du passé. Le père médecin, la bonne mère au foyer, le fils "indigne" de n'avoir pris la même direction que son père, la veuve avec enfant remariée, la sœur issue d'une classe moyenne…et – surtout – le fils mort trop tôt. Mais au-delà du simple portrait familial, c'est tout un tas de choses de la vie sur lesquelles Koreeda s'interroge, un peu à l'instar d'un "Voyage à Tokyo", que le réal prend "à l'envers", puisqu'ici ce sont les enfants, qui font l'effort (visiblement suprême) de se rendre jusqu'aux parents. "Still walking" n'a d'ailleurs absolument rien à envier à ce classique absolu du cinéma japonais dans la pertinence du regard et des questions soulevées. Si j'avais vu le film il y a 5 ou 10 ans, j'avouerai avoir pris un certain plaisir à voir ce drame, mais sans doute également m'être fait royalement chier par moments devant la lenteur et l'absence d'intrigue à rebondissements" relative; en revanche, aujourd'hui, en jeune père de famille, qui voit ses parents s'éloigner petit à petit, vieillir et ses grand-mères mourir, très loin de là où j'habite, sans jamais vraiment m'être pris le temps d'aller les voir et / ou de répondre à certaines de leurs attentes, "Still walking" fait mouche. Et à la différence des grands classiques japonais des années 1950s, Koreeda se refuse à tout mélo pour uniquement se focaliser sur ses personnages, dévoiler par petites touches les tréfonds de leur intérieur…Et au fur et à mesure, qu'il brosse le tableau, l'image qui se crée sous nos yeux et la toile d'un très grand maître.

26 septembre 2011
par Bastian Meiresonne


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