Sous les flashs de l'obsession.
Dans son traitement parfois grotesque et avide de toute qualité artistique, Snake of June pourrait se résumer à un métrage clipesque exposant la dernière trouvaille scénaristique malsaine de Tsukamoto. Il est loin le Tsukamoto de Hiruko (peut être son film le plus accessible), il est proche le Tsukamoto de Tetsuo (le moins accessible, tout ça...) et hélas beaucoup trop proche même. Une nouvelle fois on retrouve ce penchant pour le montage au rabais, charcuté et étroit (parfois dix plans en dix secondes) souvent fatiguant mais proposant cette fois-ci une esthétique étrange, comme si la pellicule datait des années 40 (surexposition, image tremblotante, grain prononcé). Une mise en scène donc inquiétante, à l'image de ces personnages qui hantent les lieux. Une jeune femme standardiste harcelée par un maniaque pervers, et le mari de cette même dame, sorte de riche fonctionnaire grassouillet pas tout jeune. Ils forment cette sorte de ménage à trois psychédélique sans issue où chacun y va de son chantage foireux, la demoiselle étant obligée de reproduire ses plaisirs solitaires pendant que son voyeur bien caché la prend en photo, le mari est obligé de se soumettre aux violences de ce même voyeur et tout le tralala malsain.
On compare Eyes wide Shut à Snake of June, ou vis versa, je ne tenterai pas de rentrer dans ce domaine, fut-il une injure à Tsukamoto de comparer son oeuvre au plus grand nanar de Kubrick. Bien que guère exempt de défaut, Snake of June propose des séquences à la beauté toute relative, passant du brouillon de Tetsuo à un épatant panel onirique, comme cette scène où la jeune femme se déshabille sous une pluie battante, totalement enivrée par les flashs aveuglants d'un appareil photo. Snake of June propose aussi un contenu diabolique qui rend le personnage du voyeur (joué il me semble par Tsukamoto) pathétique, l'on en ressentirait presque de la pitié pour un tel être dérangé. Ceci dit, difficile de plaire quand on est Tsukamoto tant ses créations dépassent l'entendement pur et simple et en même temps les barrières posées par le cinéma.
Esthétique : 3/5 - Très hermétique tout en étant original. Bobine ciné rappelant le cinéma des années 40.
Musique : 3/5 - Thèmes à la mode de jadis. Je salue le style, pas leur musicalité.
Interprétation : 3.5/5 : Asuka Kurosawa est formidable.
Scénario : 2.5/5 - Complexe mais maladroit, certaines scènes valent le détour
Déroutant
Assez bizarre ; j'ai du mal à en dégager une idée directrice, entre la fille qui n'ose pas assouvir ses fantasme et l'homme qui assouvit les siens ; le récit est troublant, parfois un peu difficile à comprendre, dans des scènes qu'on a du mal à insérer dans le contexte. Cependant le film a sur la longueur un déroulement plutôt compréhensible même si c'est relativement inégal. La mise en scène est assez réfléchie ; assez lente lors des scènes disons "tranquilles", avec des plans rapprochés, et des scènes très déroutante où le réalisateur fait monter une tension entre l'interlocuteur mystérieux et la fille en quelque sorte prise en "otage". A coté de ça, l'actrice est excellente, supportant le film de bout en bout, dans un rôle vraiment pas facile, tant est qu'elle soit un tantinet pudique. Un film assez intéressant dans la mise en scène en somme, mais avec des passages à vide assez dérangeant.
28 janvier 2005
par
Elise
Beau mais chiant
Visuellement le film est magnifique, il y a des séquences de grande beauté mais cela ne suffit pas. L'histoire ne fonctionne pas très bien ou plutot elle n'est pas intéressante. Dommage, on est deçu.
C'est pas le meilleur...
Je suis fan des films de Tsukamoto mais la je dois dire que je n'ai vraiment pas accroché celui ci. J'ai trouvé qu'il était vraiment différent de ce que j'ai pu voir jusqu' ici mais que certaines scènes sont restées propres au réalisateur, tant mieux.
Encore !
Vivez vos fantasmes bordel ou c'est Shinya qui s'en charge :)
Déroutant et au final un peu déçu je suis
Contrairement aux autres films de Tsukamoto, je suis resté complètement opaque à celui-ci. Rien ne m'a touché et je me suis même parfois plutôt ennuyé. L'histoire était pourtant intéressante. Dommage...
BOF
si vous ne connaissez pas encore TSUKAMOTO mieux vaut vous reportez sur TOKYO FIST ou TETSUO (le2 est plus accessible). SNAKE OF JUNE rappelle quelquefois Tetsuo 1 dans la réalisation (le côté rétro 60's-80's) mais pour moi ca ne me plait quere plus qu'un film de la nouvelle vague (eh oui faut aimer).
ce n'est pas mauvais en soi mais ça tourne un peu dans le vide, comme pas mal de films asiatiques il faut bien le dire.
trop maniéré à mon gout et un discours peu convaincant font de SNAKE OF JUNE un film mineur.
Téléphone rose
"Snake of June" marque un point de rupture dans l'œuvre de TSUKAMOTO et un autre pas vers un cinéma de maturité. S'il avait voulu dès avant "Tetsuo" réaliser une oeuvre fortement érotique, son exploration du rapport entre la chair et le métal, puis de la violence dans l'homme l'ont amené très loin de son vœu premier.
Partant d'une tentative de co-production avec Canal +, TSUKAMOTO rédige donc finalement son projet si longuement pensé. Il s'inspire de "L'Historie de l'œil" de Georges Bataille et part d'un dessin réalisé en tant qu'écolier d'un escargot mouillé par les gouttes de al saison des pluies.
Il ne rompt tout de même nullement avec son univers et son style si personnels : au contraire, l'histoire particulière de la libération sexuelle d'une femme continue à explorer toujours davantage les tréfonds de l'âme humaine, trouvant leur aboutissement dans le futur "Haze".
Troublante histoire, une nouvelle fois largement inspirée de l'univers particulier de David Lynch, réalisateur avec lequel TSUKAMOTO entretient de profonds liens tout au long de son oeuvre, quelques scènes demeurent obscures et abscons même après plusieurs visions du film. Purs moments de sensations, comme TSUKAMOTO les affectionne tant. Il n'en délaisse pas moins non plus sa mise en scène particulière, en optant une nouvelle fois pour un merveilleux Noir & Blanc parfaitement maîtrisé, une mise en scène sous forme documentariste pour renforcer un côté véridique et voyeuriste et quelques cadrages "coups de poing" dans le sens premier du terme.
Un cinéma d'adulte destiné à un public adulte, dont la moiteur érotique prend tout sens pour tout couple marié. Parmi ses meilleurs films !!!
"Eyes Wide Shut", revisité par Tsukamoto.
"Snake Of June" est le film le plus abouti de Tsukamoto Shinya.
Loin du délire cyber-psychédélique d'un "Tetsuo" ou de sa suite ratée, loin de la médiocre bisserie fauchée d'un "Hiruko", loin de la violence percutante d'un "Tokyo Fist" ; "Snake Of June", tout en restant cohérent dans l'oeuvre du cinéaste nippon, poursuit les efforts amorcés avec "Bullet Ballet" et concrétisés avec "Gemini".
"Snake Of June" se présente donc en quelque sorte comme le stade final de la personnalité artistique de son auteur.
C'est aussi le Tsukamoto le plus mature. Car le thème du désir dans un couple à la dérive n'est pas le plus facile à traiter. Surtout quand on s'y colle après un Maître tel que Kubrick. Et encore plus quand on prend une heure de moins pour en parler.
Mais au final, l'exercice est plutôt réussi, car s'épargnant des décalages "mangaesques" qui l'auraient décrédibilisé, au profit d'un cachet hypno-érotique du plus bel effet, de quelques passages plus cohérents avec l'univers développé par Tsukamoto en début de carrière, et jouant sur une sobriété bienvenue d'effets esthétiques et de mise en scène (usage du noir & blanc, pluie qui s'abbat continuellement, score discret), instaurant une véritable atmosphère en phase avec la noirceur du propos.
Mature, intelligent, sensitif, sobre, érotique, "Snake Of June" est, si ce n'est un chef d'oeuvre, au moins le meilleur Tsukamoto à ce jour.