Pas besoin de bretelles
Un film avant tout destiné aux amateurs du genre. Le scénario ne casse pas trois briques de karateka, mais comme film d'arts martiaux, de pure film d'arts martiaux,
Black Belt fonctionne plutôt bien, en premier lieux dans sa représentation du karate et dans des corégraphies très réalistes et peu découpées dans le montage. Les principaux acteurs martiaux sont bons, aussi bien sur le plan de l'action que celui du jeu certes pas en finesse mais cohérent avec les personnages (le "dur", le "doux", le "mou"). A part une faiblesse de mise en scène à la fin - et une fois abstraction faite des faiblesses endémiques dû genre tel que des seconds rôles caricaturaux, le film est une bonne surprise.
Bons artistes martiaux recherchent scénariste
Cumulant les clichés sans parvenir à susciter le moindre intérêt,
Black Belt ne vaut le coup d'oeil que pour ses quelques combats, relativement impressionnants et mis en scène avec une agréable sobriété. Malheureusement, de bons artistes martiaux n'ont jamais suffi à faire un bon film, et
Black Belt s'avère au final n'être qu'un divertissement de plus dont le scénario inexistant ne parvient qu'à susciter l'ennui.
Très bon film martial, malgré quelques fautes de goût
Les films martiaux ne sont pas légions ces dernières années. Par "film martial", on entend film dont l'histoire elle-même repose sur les arts martiaux, pas un simple film utilisant les arts martiaux dans ses scènes d'action. Le genre limite évidemment considérablement le public cible. Rares sont en effet les films martiaux à proposer un scénario palpitant pour les non afficionados.
Black Belt s'en tire pourtant avec les honneurs, malgré une conclusion qui part un peu de travers.
L'utilisation du karaté est un déjà atout important, tellement cet art martial est peu utilisé au cinéma. Les acteurs sont eux-mêmes des artistes martiaux d'excellent niveau (5ème et 6ème dan pour les deux interprètes principaux) tout en se montrant relativement crédibles dramatiquement parlant. Enfin le scénario, sans se montrer d'une originalité confondante, traite honnêtement de son sujet en habillant un propos sur l'opposition attaque/défense d'une histoire assez convenue. Si l'on évite des fautes de goût assez classiques comme la romance entre Choie et la jeune fille qui le recueille, on pourra s'étonner d'un final qui verse hélas un peu dans l'excès, défaut assez rare dans des produtions japonaises habituellement assez sobres dans le genre. Mais le très bon niveau de combats jamais surfilmés - le réalisateur ayant assez d'expérience pour savoir que les acteurs racontent un combat, pas la caméra - et la conclusion évitant soigneusement de choisir une réponse trop claire à la question centrale font de ce
Black Belt un film martial tout à fait recommandable pour les afficionados.
1er et 2nd degrés.
Le film débute, le son d'un aspirateur en marche se fait entendre, le cadre visuel est un temple. La caméra descend et alors on se rend compte avec stupeur et honte que ce bruit est produit par le souffle de 3 karatékas effectuant un kata. Cette introduction sera à l'image du film, celle d'une dualité constante entre le sérieux 1er degrés d'experts en art martiaux et la présence d'un 2nd degrés souvent involontaire. À la qualité physique et technique d'un des acteurs principaux répond son faciès de sous-Jackie Chan (YAGI Akihito). À une réalisation sobre et distante des combats répond des tics visuels (notamment lors du final) ratés. À un acteur dans le ton et campant parfaitement son rôle (NAKA Tatsuya) répond des acteurs cabotins et/ou fades.
Certains points font penser que Black Belt aurait pu être un grand, tout du moins un bon film, d'autres qu'il aurait pû être un imbuvable nanar. En l'état il se laisse suivre sans déplaisir avec des acteurs martiaux de qualité, ce qui est déjà ça de pris.
Mou et ne pèse pas bien lourd cinématographiquement
Paradoxe à lui tout seul, Black Belt du peu prolifique mais régulier cinéaste Nagasaki Shunichi est un film sur les arts martiaux. La discipline évoquée ici est le karaté, à l'heure où le cinéma d'action asiatique privilégie le kungfu, le karaté apporte une petite touche de fraîcheur, moteur d'une histoire de destins décroisés de trois élèves de l'école de Shibara. L'un devient paysan, l'autre sert la mauvaise cause (l'armée, ou comment régler la violence par la violence) et le troisième est à cheval entre les deux. Si sur le papier Black Belt a de quoi séduire avec son contexte du Japon des années 30, sa parabole sur la force, l'importance donnée ici aux écoles de karaté, le sens des valeurs inculquées par le sensei, le résultat final s'avère être d'une banalité affligeante : la mise en scène figée du cinéaste, l'absence de direction d'acteurs, le jonglage maladroit d'humour et de sérieux, le cliché des mauvais (yakuza et officiers à grande gueule) et tout un tas de poncifs vus depuis des années annihilent tout effort pour créer une dimension dramatique. Si le film est particulièrement linéaire et donc prévisible, le style du cinéaste ne l'est pas forcément.
La représentation des combats étonne parce qu'elle n'est pas hachée par un montage clippesque, mais elle n'en est pas pour autant fascinante, combien de cinéastes nippons ou chinois ont déjà filmé des combats de manière bien plus passionnante sans non plus utiliser un montage haché? De plus, Black Belt ne semble pas convaincre dans sa narration, classique, et la symbolique de la kuro-obi (la ceinture noire de l'école de Shibara destinée au meilleur karatéka) n'est pas cohérente : cette ceinture est destinée à un homme bon, qui n'utilise pas la violence pour son propre parti, pourtant Giryu, le karatéka le plus juste, rendra hommage en toute fin de métrage à Taikan, le plus mauvais, en posant la ceinture sur son buste. Maladroite, cette symbolique plombe tout ce qui a été construit jusque là et le cinéaste tombe même dans l'inutilement clinquant lors du combat de fin, tout en plan séquence, qui vire aux couleurs criardes après un passage en noir et blanc. Absence de surprises, absence de virtuosité formelle annihilant une bonne partie de l'impact des combats, chorégraphiés de manière sèche et autoritaire à l'image de cet art martial : le geste rapide, sec, sans fioriture. Inégal sans être mauvais, cette chronique sur le pouvoir et la force demeure trop vite oubliable.