Cascadeur puis chorégraphe de l'ombre pour la Shaw brothers dans les années 70, créateur de certains des combats les plus inventifs des films de Chang Cheh dans sa période shaolin notamment avec le groupe des Venoms, de proches amis, réputé pour sa maîtrise des câbles et son goût pour les combats nerveux, réalisateur de films de kung-fu indépendant tendance gros Z qui tâche dans les années 80, Robert Taï n'est pas un maître ni même un grand, juste un réalisateur Taiwanais passionné qui a préféré ne faire aucune concession avec les grands studios pour faire librement ce qu'il aime plus que tout, réaliser des combats avec des ninjas et des guerriers invraissemblables.
Robert Tai, aussi connu sous le nom de Gangly, est né à Taiwan en 1953. Son père, militaire gradé, et sa mère, véritable matrone des Venoms, envoyèrent leur jeune fils freluquet à l’opéra Fu Shing à Taipei où il commença déjà à cultiver son talent pour les chorégraphies avec ses camarades de l'époque, Lee Yi Min, Chang Yi, James Tien, Charlie Chin, Chiang Sheng, Angela Mao, Judy Lee, Chin Lung et Pang Gang, pour n’en citer que quelques uns.
Il a débuté sa carrière comme cascadeur dans 7 man army. Remarqué par Chang Cheh, il devient assistant chorégraphe sur Chinatown kid, puis pour la première fois chorégraphe attitré sur Brave Archer. Rapidement à son aise dans le moule des studios Shaw Brothers, il acquiert bien vite une reconnaissance au sein de la profession pour son originalité, sa fraîcheur et sa grande imagination à inventer des combats nerveux, techniques et acrobatiques dans la grande tradition de l'opéra.
Il a travaillé avec les 2 plus grands noms de l'industrie du film HongKongais de l'époque, observateur de Liu Chia Liang et chorégraphe avec Chang Cheh qui reste sa plus grande influence, ce qui lui a permis d'apprendre la réalisation et l'aidera beaucoup à faire sa transition un peu plus tard dans sa carrière. Il a notamment apporté sa touche toute personnelle pour les chorégraphies de Invincible Shaolin, The Brave Archer, Shaolin rescuers, the daredevils, etc. Sans oublier le classique des classiques Five deadly Venoms.
Comme beaucoup de chorégraphes de l’époque, Robert Tai a fait de nombreux caméos dans plusieurs films tels que Master of the flying guillotine, Chinatown kid, The Cavalier, etc. Son rôle le plus important, excepté ceux de ses propres films, est sans conteste celui de The incredible Kung-fu mission où il joue le terrible empereur Lu Ping, un maigrelet blondinet avec du rouge à lèvre et une grande cape de soie, le tout bardé de couleurs typiques du costume de Superman, un grand moment de kitsh et un style de combat là aussi unique.
Il quitte les studios SB, suite à des différences de point de vue, plus attiré vers l’indépendant, et ce à la même période ou ses proches amis les Venoms quittent à leur tour la SB pour revenir à leur origine : Taiwan. Une autre raison de ce départ est la somme rondelette qu'on lui propose à ce moment pour chorégraphier Incredible kung fu mission et Thundering mantis. Il devient ensuite réalisateur et à l'occasion acteur de ses propres films sur la scène indépendante. Il tourne à Taïwan utilisant ses nombreuses connaissances et malgré des budgets ridicules, et y chapeaute aussi une bonne poignée de kung fus indépendants.
Robert utilise beaucoup les câbles qu'il aime tout particulièrement pour accentuer les percussions et les frappes. Il est l'un des tout premier à avoir émancipé les câbles dans les années 70 et à les avoir utilisé autrement que pour faire voler un acteur.
Son second film est une énorme farce, Shaolin chastity kung-fu, qui traduit parfaitement son état d’esprit : l’éclate avant tout ! C’est sur ce tournage qu’il forge une amitié durable avec Alexander Lo Rei, qui deviendra son disciple et son héros presque exclusif, un ami proche et un compagnon de travail qu'il a rencontré la première fois sur le tournage de Incredible Kung Fu Misson. Ensemble, ils créeront une série de films de ninja comme on les imagine, c’est à dire plein de folie, parmi lesquels Mafia vs ninja, Shaolin vs ninja, Ninja vs shaolin guards réalisé par William Cheung Kei sous la houlette évidente de Robert, Wu-tang vs ninja réalisé par un autre ami Ng gwok-yan, et l’unique, indescriptible et mirifique Ninja final duel considéré par les amateurs comme l’un des films de ninja les plus déjantés si ce n’est le plus culte.
A noter aussi, sa tentative d’expatriation aux USA en 1988, bien avant la grande mode actuelle, qui débouchera sur un film mitigé blood fight 2 aka the death cage avec Robin Shou.
Toby Russell, cofondateur du label Vengeance video, ami et grand fan de Robert depuis son tout premier film Devil killer, le convainc de revenir derrière la caméra en 96 pour le très peu convaincant Fists of Legends 2, et une ultime fois il revient à l'écran en 1998 en compagnie de John Liu pour Trinity goes East, hommage aux films de shaolins contre ninjas de Robert et à la rencontre John Liu / Robert Tai qui avait eu lieu dans Incredible Kung Fu Mission.
Aujourd'hui, il continue à produire avec sa femme et par le biais de sa propre entreprise, des séries télé par dizaines à Taiwan, des drames à l'épée pour la plupart. Et le bon paquet d'argent que cela lui rapporte a l'air de lui suffir amplement. Aujourd’hui totalement tombé dans l’oubli, Robert Tai n’en demeure pas moins un grand précurseur, enthousiasme, généreux et doté d’une imagination débordante dans la mise en place des combats. Sa filmographie grave à jamais une trace indélébile qu’il m’est très agréable aujourd’hui de remonter à la surface. Les informations le concernant sont réellement minimes (plus maintenant ;) et même les grands fans de kung-fu bis qui ont ri devant ses films ne savent pas toujours qui se cache derrière la caméra.
Retenons simplement un talent certain pour les scénarios inexistants, une autodérision très poussée, un sens du dynamisme hors pair et un déluge d’idées saugrenues qu’il m’est impossible de décrire ici.
Vous voulez en savoir plus sur Robert Tai :
Interview de Robert Tai parue dans Eastern Heroes
article sur les Venoms paru dans Eastern Heroes
Et la cerise, mon site perso sur la bête Sources : Eastern Heroes N°6 - Shaolin Dolemitedrélium
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