Mifune est sans aucune contestation possible le plus grand acteur japonais de tous les temps. Bien que ce ne soit pas sa vocation première, il a marqué de son emprunte inimitable toute une époque du cinéma mondial à travers 50 ans de carrière et 130 films. Son destin a été évidemment intimement lié à celui de Akira Kurosawa, avec lequel il trouva ses plus grands rôles. Il tournera pendant 17 ans avec lui avant de tenter l’aventure en dehors des frontières du Japon.
Si Mifune est de nationalité japonaise, c’est pourtant en Mandchourie (Chine), région très convoitée par le Japon, qu’il verra le jour le 1er avril 1920. Il y grandit et étudie la photographie avant d’être enrôlé dans les forces armées nippones pendant la Seconde Guerre Mondiale. C’est ainsi qu’il débarquera pour la première fois dans son pays d’origine via la base de Kyushu. Totalement déboussolé à la fin de la guerre, sans parents ni amis, il cherche du travail dans les studios de production TOHO. C’est en 1946, lors d’un casting, qu’il se fait remarquer avec une imitation d’un homme saoul à couper le souffle. Son nom commence rapidement à circuler dans le milieu et atteint l’oreille d’un jeune cinéaste nommé Akira Kurosawa.
C’est le début d’une collaboration rarissime entre un acteur et son réalisateur (le tandem Scorsese/De Niro fait pâle figure à côté !), puisqu’ils tourneront 16 films ensemble, dont plusieurs chefs-d’œuvre absolus tels Les Sept Samourais (sans doute le rôle de sa vie), Rashomon, Yojimbo ou encore l’Idiot. Il composera le trio infernal avec un autre grand acteur, Shimura Takashi, rejoint plus tard par Nakadai Tatsuya. En 1965, Barberousse marquera la dernière entente avec Kurosawa. Dès lors, Mifune mènera conjointement sa carrière entre le pays du soleil levant et l’étranger.
Il joue en effet pour Terence Young dans Soleil Rouge, pour John Boorman dans Duel dans le Pacifique, et même pour Spielberg dans 1941, tout en gardant une grande popularité au Japon grâce à la série télévisée Shogun notamment. Mais les rôles se font plus rares et à part quelques apparitions (Agaguk, 1992), Mifune préfère couler des jours tranquilles. Il s’éteint le 24 décembre 1997. Son grand ami Kurosawa semble ne pas avoir résisté à sa mort puisqu’il décèdera seulement 10 mois plus tard…
A noter qu’un film danois tourné selon le Dogme porte son nom : Mifune, Dogme III (Soren Kragh-Jacobsen, 1999) comporte d’ailleurs une imitation hilarante de sa composition dans Les Sept Samouraïs.
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