Meme si contrairement à eux son cinéma n'est pas un cinéma de genre, Kawase Naomi fait partie avec Miike Takashi et Kurosawa Kiyoshi des stakhanovistes de la caméra engendrés par le cinéma japonais contemporain, ce qui suffit déjà à donner à son oeuvre un statut singulier. Elle utilise le cinéma comme outil d'une quete personnelle et moyen de communiquer avec d'autres artistes.
Kawase Naomi nait en 1969 dans la province Nara, le "pays boisé" où elle tournera plus tard le film du meme nom ainsi que
Suzaku. Elle y est élevée par ses grands-parents. Elle sortira diplomée de l'Ecole de Photographie d'Osaka puis y enseignera 4 ans durant. A partir de 1988, elle prend une caméra Super 8 et commence à (beaucoup: 2 longs métrages de fiction et une vingtaine de courts et moyens métrages recensés à ce jour) réaliser une série de courts métrages expérimentaux (9 entre 1988 et 1991). Mais c'est en passant au documentaire qu'elle commence à se faire un nom:
Etreinte (1992) obtient le 1er prix d'encouragement du festival Forum de l'Image à Tokyo. Ce film s'inscrit avec
Escargot (1994), prix du Festival International de documentaire de Yamagata, et
Regardez le ciel (1995) dans une trilogie consacrée à sa grand-mère et à la recherche de son père contre l'avis de cette dernière. Au Festival de Yamagata, elle rencontre notamment Koreeda Hirokazu, autre révélation nippone des années 90, avec qui elle collabore sur
Ce monde-ci (1995). En 1997,
Suzaku, sa première oeuvre de fiction, lui vaut une caméra d'or cannoise ainsi que de grandes louanges de la critique internationale. En octobre 1997, elle épouse le producteur du film Sento Takenori, figure de premier plan du cinéma indépendant japonais qui a notamment produit Suwa Nobuhiro, Riju Go, Sai Yoichi et Furumaya Tomoyuki. Elle revient ensuite au documentaire avec
le Pays Boisé (1997) et
Kaléidoscope (1999), chronique de sa collaboration avec le photographe Arimoto Shinya. En 2000, elle revient à la fiction avec
Hotaru qui lui vaut un prix à Locarno. Elle offre ensuite un beau documentaire/journal intime avec
Dans le silence du monde (2001). Son dernier documentaire,
Lettre d'un cerisier jaune en fleur (2002), filme à la demande de ce dernier les derniers instants du photographe et éditeur Kazuo Nishii qui se savait condamné par un cancer. En 2002, la gallerie du Jeu de Paume lui a consacré une rétrospective. En 2003, sa troisième fiction
Shara est présentée à Cannes en sélection officielle et a été dans l'ensemble bien accueilli par la critique française. En 2006, elle revient au documentaire avec
Naissance et maternité. Un an plus tard, la fiction
La Forêt de Mogari est sélectionnée à Cannes et y décroche le Grand Prix.
Outre son fort contenu autobiographique, le cinéma de Kawase Naomi est très attentif à la nature, au Japon rural et aux gestes quotidiens. A l'image de son existence de fille adoptée, elle ne se reconnait pas de père cinématographique à l'exception de Andrei Tarkovsky et Victor Erice.