Plus qu'interessant
Aux premières images, on craint un peu de se retrouver avec un énième film d'Andy de cette époque pas toujours glorieuse (Dragon Family, Casino Raiders). Mais là Ann Hui vient nous offrir tout autre chose, pour commencer le cadre de l'action est particulièrement soigné, on se retrouve immergé dans les bas-quartiers de Tokyo sans voyeurisme ni excès. Ensuite les différents personnages sont traités assez équitablement, même l'ami d'Andy à la recherche de son amie qui ne joue pourtant aucun rôle déterminant dans le déroulement de l'action est bien développé. Ceci confère une humanité au film et permet de prendre un peu de distance avec l'action. L'intrigue est assez classique, mais bien construite. Le développement est assez lent, ponctué par de rares scènes d'actions assez violentes et s'attache surtout à faire partager l'atmosphère d'errance dans laquelle évoluent les personnages. Rien de bien particulier à signaler au niveau du jeu des acteurs qui est dans la bonne moyenne. Quant à l'image elle est bien travaillée, avec une photographie assez sombre qui convient bien à l'atmosphère du film.
Voilà un petit film qui a bien des qualités et qui mérite de sortir du lot.
20 septembre 2004
par
jeffy
Un film étrange plus qu'étonnant
Annoncé comme une sorte de film d'action à la Ann Hui, c'est avec de gros points d'interrogations qu'on peut attaquer ce film. Un film d'action à la Ann Hui? Film d'action ou film d'auteur ? Les deux en fait, Zodiac Killers sortant des sentiers battus grâce à son scénario très étrange.
Etrange car le traitement des personnages est très loin des schémas habituels. Durant tout le film on se demande qui est le "héros", car il en faut bien un dans un film prétendu d'action, qui est l'héroïne qui pleurera dans ses bras à la fin, le copain qui se sacrifiera, le méchant qui mourra dans d'atroces souffrances. On pourra chercher longtemps, car le film n'a rien de classique à ce niveau, en multipliant les personnages sans en choisir un pour diriger le film. Chacun des personnages suivi est un peu paumé en fait, chacun se fait des illusions. Voir autant de anti-héros dans un film, c'est très étonnant. Le film s'intéresse aussi aux expatriés et leur conditions de vie, leur mal du pays, leurs problèmes affectifs. Toutes les conclusions sont très tristes, aucun de ces personnages ne possédant vraiment de quoi s'en sortir, que ce soit Andy et son héroïsme, Cherrie et son amour total. Chaque portrait est très amer, comme l'ami d'Andy qui recherche sa petite amie tout le film au lieu de s'intéresser aux filles qu'il interroge. Autant de personnages étonnants et tristes, donnant au film une ambiance très intéressante, mais extrêmement noir. Le polar noir, on connaît, l'actioner noir, beaucoup moins.
L'emballage de cette "anti-histoire" est plutôt correcte, avec des acteurs qui font du bon travail. On a connu Andy Lau bien plus mauvais, Cherrie Cheung je ne saurais dire si elle joue bien, elle est trop mignonne pour qu'on s'intéresse de près à son jeu. Les autres acteurs s'en tirent également correctement. Rien de génial, mais ce sont tous des personnages sans grande profondeur, ce qui n'est pas ici une critique mais le but du film. La réalisation d'Ann Hui est également très pauvre, sans effets de style, très épurée. Elle colle bien au style du film. Quant aux scènes d'action, il y en a peu, et elles n'ont rien de révolutionnaires bien sûr. Mais elles sont très regardables et apportent de l'énergie à un film assez calme par ailleurs. Cependant elles n'ont rien d'euphorisantes, elles sont plutôt violentes et crues.
Au final, le film ne cesse de surprendre, en ne laissant jamais deviner qui va prendre les choses en main, qui en est capable, qu'est-ce qui va arriver. Ce n'est pas vraiment un film d'action, pas vraiment un drame, c'est un peu des deux. Dommage que le rythme soit souvent trop lent, l'ambiance était intéressante, quelques scènes étonnantes (le final sur un lieu de tournage un peu original), les évènements impossibles à prédire. Bref, sans être génial, voici un film étrange qui mérite sûrement plus d'une vision pour en comprendre tout le contenu. Les fans d'action pure et dure en seront pour leur frais, car c'est ici une vision très particulière du polar d'action urbain qu'Ann Hui nous livre.
Un Ann Hui mineur qui a le mérite d'être atypique
Avec Zodiac Killers, Ann Hui tente de revisiter le polar d'action années 80 et, si le résultat est loin de la médiocrité, la greffe semble ne pas prendre. Tous les ingrédients semblent là mais ils n'arrivent pas vraiment à fusionner avec le récit. Certes, l'univers des bars à hôtesses débouche sur une réflexion sur le Japon comme El Dorado des Chinoises et des Taïwanaises, sur un regard sur leur nostalgie du pays natal. A cette nostalgie fait écho la poursuite de la part de lui-même manquante représentée par une des hôtesses pour le personnage d'Andy Lau. Ann Hui offre également un beau regard sur l'agitation nocturne et rock'n'roll tokyoïte. La scène du strip tease filmée de façon posée et distante se veut certes un regard sur le manque de respect de la société japonaise pour les femmes mais de ce point de vue la scène d'ouverture du méconnu Fear City d'Abel Ferrara fonctionnait mieux parce qu'il n'avait pas peur de la filmer de façon totalement vulgaire -les alternances de caméra voyeuriste et de gros plans sur les visages pleins de beaufitude des hommes-: il renvoyait ainsi au spectateur masculin un sentiment de plaisir ressenti devant le spectacle mêlé au dégoût des réactions suscitées et de l'exploitation du corps féminin. Les scènes d'action sont de facture correcte mais la caméra n'arrive jamais à refléter cinématographiquement le côté sec des combats. L'aspect non frénétique de la réalisation, efficace dans des récits où Ann Hui peut déployer totalement sa fibre nostalgique, débouche ici sur un grand manque de rythme. Si Ann Hui arrive à tirer de ses actrices de beaux moments de lassitude, la direction d'acteurs est un peu moins soufflante qu'à l'habitude même si au-dessus de la moyenne. Le plus frustrant est que les passages où la nostalgie pourrait se déployer ne durent par contre pas assez longtemps et qu'Ann Hui repasse aux scènes à faire où elle est loin d'exceller. On se retrouve dès lors dans une sorte de compromis bancal, un film entre deux eaux ni vraiment à côté du cahier des charges du genre (Ann Hui fait les scènes à faire) ni totalement en dehors. On ne s'ennuie pas vraiment mais on n'est pas non plus vraiment pris par le récit. Heureusement, à une demi-heure de la fin, le rythme s'accélère légèrement mais assez pour que les scènes d'action finales trouvent leur bon tempo. Et Ann Hui conclut également le film sur un air très pessimiste et désabusé. On a donc beaucoup de beaux moments de cinéma qui n'arrivent jamais à constituer un grand film.
Au final, il y a pas mal d'éléments intéréssants dans le film mais ils sont loin d'être tous aboutis faute de positionnement clair vis à vis du cahier des charges du cinéma de genre. Dès lors, on peut recommander ce film à ceux qui connaissent déjà le cinéma d'Ann Hui et regarderont alors avec intérêt et curiosité cette tentative intéréssante et inaboutie. Pour ceux qui chercheraient plutôt à découvrir pourquoi c'est une très grande cinéaste, il vaut mieux qu'ils tournent leurs yeux et leurs oreilles vers le chant de Maggie Cheung l'exilée ou sa récente rhapsodie juillettiste.
Tentative pédante et totalement inaboutie d'une incursion auteurisante dans le polar HK
Est-ce moi ou Zodiac Killers dépeint du début à la fin un Japon où tout le monde est pourri, où les jeunes étudiantes chinoises se prostituent, où les films porno se tournent à chaque coin de rues, où les strip-teases et autres jeux sexuels sont le seul amusement des nippons, où les Yakuza n'ont pas le moindre honneur, mais alors pas le moindre...
On a vraiment le sentiment que Ann Hui On-Wah nous livre à la fois un portrait de la société japonaise sévère doublé d'une étude sur l'immigration dont la morale semble être : "Inutile de partir dans un autre pays si c'est pour être aussi misérable, voir pire."
Est-ce moi encore, où parler de jeux d'acteurs ici est tout bonnement ridicule...
En effet, Andy Lau Tak-Wah qui n'en était pourtant déja plus dans la péridode où il se faisait doubler, l'est ici, et ceci, seul, ne différerait pas de beaucoup de ses films ni de dizaines d'autres à Hong-Kong (dans les 70's/80's, on doublait tellement, que l'on tournait souvent sans micros, même sur les Jackie, Jet Li et autres...), mais là où le bas blesse, c'est que l'action se passe en plein quartier de Shinuku à Tokyo, qu'il y a beaucoup de japonais et que même les protagonistes chinois ont des répliques en japonais qui ont du être tout bonnement massacrées ou bien même est-ce tout simplement que le charabia général qui se dégageait des scènes "multilangues" poussa Ann Hui à ni plus ni moins doubler tout le monde, allez hop !
Ce qui fait que l'appréciation de l'interprétations des acteurs se fait sur la seule prestance physique, ce qui n'est qu'une partie indissociable du reste, ici coupé.
Ce n'est pas une nouveauté à HK, certes, mais pour un film d'une soi-disante réalisatrice de films dit d'auteur, la faute est difficilement pardonnable, surtout quand l'on sait que son "collègue" Wong Kar-Wai, dirige l'année d'avant Days Of Being Wild, également avec Andy Lau et où toutes les voix sont celles des acteurs....quand même !
Il faudra que l'on m'explique en quoi Ann Hui est une réalisatrice de génie, en tout cas visuellement parlant, car certains raccords sont carrément justes, la musique (d'ailleurs médiocre à souhait) est éxtrêmement mal montée, et s'arrête brusquement hors rythme à la fin d'une scène.
On a même droit à un plan où Cherie Chung Cho-Hung fuit, déguisée en mère macrelle japonaise (robe traditionnelle), et au plan suivant on la voit courir aux côtés d'Andy....avec une veste qu'il ne lui achète que trois scènes plus tard !...
D'ailleurs trois scènes après donc, le fameux plan est réutilisé, allez re-hop !
Les transitions narratives sont très mal mises en scène, on suit Cherie fuire sa "maison culturelle", et sur le plan d'après on la découvre en pleine romance avec Asano sans avoir expliqué la rencontre ni rien...
De même pour certaines scènes sans puissance, où une musique simplement mieux utilisé et deux plans de plus rendaient bien plus d'impact. Là, on est choqué, mais pas ému ni touché même dans certaines scènes pourtant très dures, mais filmées avec trop de retrait pour impliquer le spectateur.
En Bref, c'est une grosse décéption que ce film de Ann Hui. Je fait toujours preuve de tolérance envers un budget cheap où des acteurs peu expérimentés (sinon il vaut mieux ne pas regarder de films HK, de toute facon...), mais lorsque le film se fait prétentieux, rien n'est passable. Aussi, je suis bien plus tolérant envers un film 80's de romance avec Andy Lau, bien nul, qu'envers ce genre de pseudo-essai d'art, d'incursion d'une réalisatrice plus pédante que talentueuse dans le polar d'action dont elle chamboule les codes mais sans que rien de vraiment abouti n'en ressorte. Zodiac Killers, un film qui n'offre pas grand intérêt.
Atypique mais inabouti
Ici Ann Hui donne l'impression de ne pas avoir su ou voulut concrétiser de façon homogène, organique la "greffe" d'un sujet qui lui tient à cœur (les expatriés) au genre populaire du polar "façon triades nippones" et romantique.
Le premier est efficacement introduit durant le premier tiers du film, jusqu'à l'pparition véritable des yakuzas dans le récit.
Certes, l'ensemble est assez original dans le genre du polar mais ne parvient pas, en ce qui me concerne, à captiver au-delà de cette singularité.
La faute à un script précipitant parfois les évènements et hésitant entre étude sociale sérieuse et divertissement pur, ratant.
Reste une première demi-heure réussie, un aspect "comédie" plus maitrisé que le drame amoureux (artificiel) et un casting investi.
14 octobre 2021
par
A-b-a
Tribulations d'un chinois au Japon
A passer en revue la longue carrière de la réalisarice Ann Hui, on se rend compte, qu'elle a été plus ou moins obligé d'enchaîner films purement comerciaux par curiosité, mais surtout par obligation pour tourner des projets plus personnels.
Ainsi entre le tournage des biographeis romancées "Song of the exile" et "Vacances à Shanghaï", Hui s'essaye donc au genre le plus en vogue au cinéma HK du début des années 1990: le heroic bloodshed; mais alors que d'autres congénères de l'époque de la Nouvelle vague avaient réussi à signer des œuvres tout à fait personnelles et détonantes dans ce genre archi rabattu (Alex Cheung et son "Man on the brink"; Patrick Tam et son superbe "My heart is that eternal rose"), Ann Hui manque singulièrement le coche avec ce polar tout sauf inspiré et réalisé avec beaucoup de maladresse…Connaissant le talent malicieux de la réalisarice, il n'est d'ailleurs pas à se demander, si la scène du tournage du film porno en toute fin du film ne soit pas un clin d'œil adressé à ses producteurs: on y voit Andy Lau tomber en plein dans le tournage d'un film porno dans un casse de voitures…Poursuivi par des malfrats, la course-poursuite se reflète dans les caméras du film X…Une manière de signifier, qu'Ann Hui se "prostituerait" pour réaliser un tel film ?!!
L'autre belle trouvaille, c'est de signifier qu'avec le dernier plan repris à l'identique du premier plan du film, il s'agit sans aucun doute là d'un nouveau commencement pour son personnage…
Mis à part cela, la belle histoire d'amour dramatique promis par la voix off d'Andy Lau en début de métrage ("J'ai tout fait dans ma vie. La seule chose, que je n'ai pas encore essayé, c'est de tomber amoureux") ne tient que partiellement ses promesses, malgré la belle immersion poisseuse dans les quartiers les plus sombres de la capitale tokyoïte (curieux, qu'Ann Hui semble ici renier un pays, qu'elle avait pourtant porté aux nues dans son précédent, "Song of the exile").
Une œuvre effectivement mineure dans la filmographie de la réalisatrice et dans les tentatives des anciens relayeurs de la Nouvelle vague HK dans le genre du polar.