Une infusion ?
A la vue de l’affiche et des quelques critiques négatives le décrivant, je m’attendais, en regardant Zee Oui, à une énième série Z comme seuls les thaïs en sont capables. C’est dire si j’ai été surpris en découvrant les vraies qualités d’une œuvre très intéressante, se rapprochant d’un Memories of Murder et d’un Vorace pour la thématique (l’histoire vraie d’un serial killer tueur et mangeur d’enfant dans les années 50) et l’atmosphère qu’il dégage. Doté d’une mise en scène très efficace et de plans d’un esthétisme à couper le souffle (ce champ avec le petit moulin à eau et cette caméra qui le survole, quelle merveille !), Zee-Oui raconte la vie misérable d’un jeune paysan tuberculeux qui, traumatisé par son passage dans l’armée et dans la guerre, quitte sa Chine natale pour rejoindre son oncle en Thaïlande. Accueilli à la douane par une privation de son identité (son prénom Li Hui est approximativement transformé en Zee Oui par un douanier peu regardant), notre immigré accumule les petits boulots ingrats en étant traité plus bas que terre par ses patrons, et devenant le souffre-douleur de tous les enfants qu’il croise du fait de sa faiblesse physique. Mais derrière cette faiblesse apparente se cache une monstruosité : Zee Oui est habitué depuis l’enfance à des infusions de chair humaine pour soigner ses quintes de toux interminables, et va semer la terreur d’un bout à l’autre du pays.
Si la caricature s’empare parfois du film (les meurtres sont la conséquence de multiples traumas, la journaliste va résoudre l’affaire de manière téléphonée), les 2 réalisatrices parviennent néanmoins à distiller un vrai climat inquiétant et haletant à leur film avec l’aspect macabre et inconscient de son personnage principal, incarné par un Duan Long qui complexifie parfaitement son rôle. Portrait triste d’un homme détruit et accablé par la maladie, Zee Oui mérite vraiment qu’on s’y attarde.
c'est gros mais ça marche!!
je ne dévoilerai pas trop l'histoire, car il vaut mieux le voir sans avoir trop d'indications.
cela se passe un peu après la deuxième guerre mondiale, un chinois pauvre arrive en thailande et essaie de s'en sortir. le sort s'acharne contre lui. sa réaction est difficle à avaler mais d'un autre côté sa folie n'est pas le fruit du hasard. la narration est simple, avec quelques flashbacks, et tout coule naturellement.
voilà pour le scénario, pour le reste je dois dire que tout est très bon, la réalisation et le cadre recherchés, simples et magnifiques grâce à une photo bien travaillée. l'acteur principal chinois joue vraiment de façon convaincante, il mériterait de faire d'autres films plus "prestigieux".
globalement c'est une très bonne surprise, j'ai juste été un peu déçu par la deuxième partie, qui aurait pu être un peu plus développée au niveau scénario, voire un peu plus longue aussi. en tous cas les fans de films sombres devraient se pencher dessus. je l'ai préféré à Memories of Murder, meme si les deux films sont différents, on retrouve des points communs.
Un homme de cœurs
Réalisée par deux soeurs issues de la pub télévisuelle thaïe, "Zee Oui" tente de surfer sur le récent engouement des biographies (américaines) des pries criminels du siècle. Le cas de l'immigrant chinois, qui avait défrayé la chronique dans l'après-guerre pour avoir enlevé maints enfants pour leur manger le coeur, est effectivement assez insolite pour que quelqu'un puisse avoir l'idée d'en singer une transposition sur grand écran...
Assez morbide en soi, les soeurs réalisatrices prennent pourtant l'audacieux pari de faire du bourreau une victime. Dépeignant dans une ambitieuse (et magnifiquement mise en scène) fresque son dur chemin de croix après son exil chinois et son arrivée en Thaïlande, elles osent dénoncer une vérité historique peu connue : les immigrants avaient la vie dure en arrivant en Thaïlande et étaient très mal perçu par les locaux. L'immigrant cherche vraiment à s'intégrer et s'en sortir par tous les moyens, mais un malheureux concours de circonstances tragiques le plongent dans un désespoir de plus en plus grand...et qui réveille de bien mauvais souvenirs, une maladie et sa "maladie" à devoir tuer !
Si bien qu'après une première partie dépeignant sa difficile intégration, la seconde bascule dans l'horreur de ses crimes allant en augmentant. Dans de lourdauds flash-back sont relevés son horrible éducation et ses traumatismes de la guerre, alors qu'il serait autrement un charment jeune homme plein d'entrain...Pourquoi les locaux - grands et petits - persistent-ils aussi à s'acharner de la sorte, se moquent de lui, lui prennent sa paie et écrasent une fluer perçue par une gentille petite fille sous leurs talons ? Même le ciel s'en mêle en détruisant sa pauvre récolte de salades sous une pluie diluvienne...Pas étonnant, qu'il pète un plomb et s'en prend à la génération en devenir en leur mangeant le coeur...
Bref, la morale douteuse est noyée dans un trop-plein de scènes caricaturales tentant par tous les moyens de disculper son esprit malade; forcément tragique, il n'en demeure pas moins, qu'il était un véritable assassin et que ses problèmes mentaux l'auraient rattrapé tôt ou tard. Dénoncer un problème d'éducation ou un racisme latent aurait très bien pu se faire sur une autre intrigue mieux choisie.
L'apogée du ridicule est atteint, quand il est arrêté par une fille traumatisée elle-même par une tentative d'enlèvement sur sa propre personne - une curieuse coïncidence une nouvelle fois par trop hasardeuse et caricaturale pour qu'elle n'atteigne le premier but recherché : émouvoir.
Totalement futile !