Drôle d'otage
Un autre méfait de la société de production Phranakorn Films, qui s'est faite une spécialité dans le film à tout petit budget, façonné pour un public au-delà du périphérique de la capitale et surtout dans la comédie débile (leur médiocre "Holy Man" reste pourtant une réussite historique) ou le film d'horreur qui ne fait pas peur.
"Three Cripples" fait partie de la première catégorie, en réunissant une brochette d'acteurs très populaires sur le petit écran, dont l'acteur et réalisateur MOKJOK Jaturong et son acolyte ARAMBAWY Koti tous deux vus dans "Kung Fu Tootsie" et "Dumber Heroes" et SAKAKORN Pitchanart, plutôt spécialisé dans les films d'horreur comme "Ghost Variety" ou "Buppha Ratree 2" ou "Black Night". Tous trois interprètent des handicapés physiques, dont l'un avec un énorme problème de dents (rires), l'autre, qui louche (re-rires) et la troisième, qui a une jambe raide. Ils sont fauchés et vont accepter d'enlever le gamin d'un millionnaire pour le compte d'un chef mafieux; sauf qu'ils se trompent de cible et prennent en otage le fils de l'ennemi juré de leur patron, un jeune homme totalement incapable et insupportable par ses fréquents crises de larmes et son comportement enfantins. Ils seront obligés de fuir et finiront travestis dans un bar karaoké ou encore victimes de fantômes dans une maison hantée…bref des situations déjà vues mille fois par ailleurs dans les récentes comédies thaïes, largement basées sur des impros moyennement réussies des comédiens et colportant son beau lot de gags franchement bas et graveleux, se limitant à des crises d'hystérie (le concours du pleur le plus bruyant en fin de métrage en est caractéristique), des concours de pets ou frappes sur la tête.
Il y a également un nombre incroyable de jeu de mots plus débiles les uns, que les autres et pour la plupart tout simplement intraduisibles ou bien se référant à des choses spécifiquement locales.
L'humour réussi – à la Buster Keaton, Jaques Tati ou Charles Chaplin – est un humour, qui s'avère universel, soit par des gags visuels immédiatement identifiables ou des choses à laquelle tout un chacun puisse se référer. Rien de tout cela dans ce "Three Cripples", dépourvu du moindre franc éclat de rire, à moins de se poiler devant un travesti se faisant peloter les fesses, des handicapés en chaise roulante qui dévalent une pente descendante sans pouvoir s'arrêter ou un jeune homme incapable de se saisir d'un objet à cause de son fort strabisme.
Une nouvelle fois le réalisateur Poj Arnon cachetonne (pour son troisième film en moins d'un an avec "Haunting Me" et "Bangkok Love Story") sans faire preuve d'aucune capacité de direction d'acteurs et d'aucun sens du bon timing comique. Il semble même incapable de crier "Coupez" pour mettre un terme au supplice de scènes trop, trop longues.