très fort mais pas assez profond
Running Wild commence d'une manière bien brutale, cherchant d'emblée à justifer son titre. Il y parvient d'ailleurs merveilleusement tout le long du film, mais malheureusement cela n'est pas suffisant pour supporter la faiblesse du propos. On nous dévoile encore une histoire de très grand mafieu impossible à faire tomber. J'avoue que ca fait bizarre de voir cela juste après l'annonce dans le journal que le grand manitou de la Costra Nostra s'est fait serré (après 20 ans de cavale certes). Enfin, pour nous donner de quoi donner du fil à retordre à notre chère police, un duo de choc mais complètement aux antipodes niveau méthode voit le jour. Une sorte de Riggs/Murtoch mais en pire. Kwon Sang-Woo campe l'inspecteur qui connait la rue et la violence, à telle point que tabasser un malfrat pour le faire avouer, c'est sa routine au petit-déjeuner, et à son coté, Yu Ji-Tae est le procureur (un peu jeune peut-être) super intègre qui n'a jamais sauté une ligne du manuel. En gros, le duo impossile, ce qui, face à une mafia bien mieux organisée, implique un grand désastre. Ensuite, bravo le scénario où on ne comprend rien. L'enquête est particulièrement vicieuse, et arriver à suivre le fil est sans doute un très bon exercice, mais dans la mesure ou finalement, on comprend bien le film sans avoir à se prendre la tête sur les détails, inutile d'aller chercher la migraine.
Coté action, Kwon Sang-Woo se fait plaisir, dans la mesure où il est dans toutes les scènes de baston. Et il se débrouille bien l'animal. La chorégraphie fait bien combat de rue et n'est pas stylisée super martiale, ce qui est un avantage certains, surtout pour un polar (le propos n'est pas à la beauté des combats). A part ca, les acteurs sont tous plutôt bons dans leurs stéréotypes (mentionnés plus haut) et le musique de Kenji Kawai, bien que peu originale, colle bien au film.
Finalement, un polar sans grand intérêt, avec un scénario bien convenu, qui porte trop sur le rôle de Kwon Sang-Wu.
Les 2 acteurs s'en sortent plutôt bien, les scènes de combat sont plutôt bien menées, on se prend plutôt facilement au film, mais ça n'est pas le film de l'année. À voir pour se détendre...
attention la chute
Polar d'action peu original dans la floppée qui sort en Corée du même registre, running wild tend à justifier la violence nécéssaire pour faire tomber la pègre lorsque l'application des procédures ne ménent nulle part. Pas convaincant.
Justice et Injustice
Kim Seong-su est le réalisateur de ce polar à la fois sombre, dramatique et parsemés de scènes d’actions qui collent à l’intrigue. Il fait cohabiter deux personnages aux styles différents, deux personnages que tout oppose pour un même but. Le flic violent et enragé de la rue en mode jeune à la cool, cigarette aux lèvres et le procureur plus terre à terre travaillant dans son bureaux entre une pile de dossier à gauche comme à droite, binocle et costume taillé.
Les personnages ont un quelque chose de stéréotypés. Le flic de la rue est forcément bourru et expéditif, l’incompris des presses papiers installés confortablement dans leur bureau avec leur jolie cravate et tout et tout. Ces derniers sont toujours respectueux des règles. Bref, tous les deux ont une vie personnelle en miette parce que ce sont des écorchés vifs du boulot, se vouant corps et âme pour mettre les méchants derrière les barreaux. Seule la méthode change.
Nous pourrions nous arrêter là. Le film aux belles gueules (les deux acteurs principaux) semble calibré pour les ados-lescentes. Le teint bronzé, le je-fait-ce-que-je-veux-et-tant-pis-pour-l’autorité-je-suis-un-rebel-vrai-de-vrai pourrait taper sur les nerfs tellement qu’on voit la chose venir de loin et cela dès les premières minutes du film (une course-poursuite). Pourtant, pour son premier film Kim Seong-su fait de Running Wild une œuvre profondément nihiliste comme il est rare d’en voir. Du coup, l’aspect film-marketing prend une tournure que l’on n’aurait pas imaginé, sans doute conditionné par le grand Hollywood. Mais ici, c’est la Corée. L’Asie. Où rien ne se fait comme ailleurs.
Le scénario n’a donc rien d’original puisque un flic et un proc’ se mettent en quête d’arrêter un ponte de la mafia, « terriblement horrible ». Ce dernier qui pour refaire une santé à son image s’engage dans la politique et les repas de bienfaisances pour les pauvres à sa sortie de prison mais n’en reste pas moins « un méchant ignoble ». Les personnages sont vus maintes fois mais c’est la tournure de ces derniers et la tragédie qui les accompagnera qui fera la différence.
L’arrestation comme leitmotiv, le boss Yoo est l’incarnation de tout les maux de la société sud-coréenne, un malfrat aux alliances politicienne lorsque ce n’est tout simplement pas l’institut juridique (justice aveugle et donc perte de foi en la justice) qui l’aide un peu. La violence est omniprésente véhiculée par une soif de vengeance dont Jang, à fleur de peau est le garant. Running Wild traite aussi des difficultés de la police a coincer des malfrats en bonne et due forme sachant que ces derniers jouissent de protection. Un combat inégale qui oblige nos deux héros à outre passer les règles pour se faire justice. Mais Kim Seong-su semble dire que se rabaisser aux malfrats pour parvenir à ses fins n’est justement pas une fin en soi. Et nos deux héros goûtent amèrement à cette expérience jusqu’à une autodestruction programmée.
Dans Running Wild, le cinéaste a su développer une mise en scène implacable et de qualité à la narration de cette histoire sans fioriture. Une histoire tragique et obscure allant à l’encontre de certains codes établit parfois un peu longuette mais belle d’obscurité.
Plus fort que la loi
Après près d'une décennie à faire ses preuves par ses courts-métrages ultra primés et ses collaborations à des films publicitaires et comme assistant réalisateur (SONG Il-gon), le protégé de PARK Chan-wook, KIM Sung-soo se met finalement au long-métrage.
Pour ses débuts derrière la caméra, il choisit de s'inspirer d'un genre qu'il arborait, alors qu'il n'était encore qu'un jeune élève aux Beaux-Arts : le heroic bloodshed hongkongais. Puisant dans le meilleur du genre, tout en le remettant au goût du jour par une mise en scène à la limite du tape-à-l'oeil, il réussit pourtant à signer une nouvelle version profondément nihiliste et terriblement efficace du genre. Sur une superbe bande-son du talentueux compositeur japonais Kenji KAWAI, il prend l'audacieux pari de caster KWON Sang-Wu dans un parfait rôle de contre-emploi par rapport à ses précédents "My Tutor Friend" ou "Love so divine" et Yoo Ji-Tae, qui n'hésite pas à perdre 10 kilos pour endosser son rôle à la perfection.
Certes peu novateur au niveau de l'intrigue, en faisant collaborer un policier nerveux de ses poings et un magistrat respectueux de la loi contre un parrain de la mafia locale, la principale force du film réside dans son magnifique développement des personnages principaux (à voir dans version voulue du réalisateur de 144 mn !!!), mais également dans les efficaces scènes d'action. Le film démarre ainsi par une poursuite en voitures totalement hallucinante et enchaîne par des scènes de bagarre d'une rare violence. Il n'y a pas à dire, les coréens savent actuellement ressusciter la flamme (à moitié) éteinte des bonnes vieilles comédies d'action hongkongaises par leur savoir-faire inimitable des scènes d'action. Les coups portés font réellement mal et els plans-séquences soulignent l'incroyable implication physique de KWON à ne pas hésiter à sauter par-dessus voitures et jambes tendues à l'encontre de ses adversaires.
Un excellent polar noir, qui se distingue des (nombreux) produits concurrents par ses moments d'émotions et ses scènes d'action impeccablement réalisés.
Bourré de tics en tous genres - usage mercantile des coups de zoom à répétition et du split-screen -, mis en musique par un Kawai Kenji au sommet de son style "royal canin" et vainement surdécoupé, "Running Wild' semble pourtant bien être l'un de ces films dont le géniteur croit dur comme fer à la grandeur de sa mise en scène, de son screenplay et de ses interprètes. Cela va jusqu'au boursouflage de la durée dans une version "Director's Cut" encore plus irritante.
Cependant, on a vu bien pire dans ce créneau du polar prétentieux (et beaucoup mieux cf: "Infernal Affairs" premier du nom, dont "Running Wild" se réapproprie une part de la photographie ainsi que les scènes sur des toits d'immeubles).