Suspens médical
Yoshitaro Nomura, cinéaste passé maître dans le registre policier, s’attaque ici au fait divers médical. Une fillette nommée Masako contracte le Tétanos après avoir joué dans de la boue en bordure d’un étang insalubre. Les parents, jeune couple modeste, va assister au combat de l’équipe médicale, avec à sa tête une jeune femme pédiatre, pour tenter de sauver leur enfant dans un état critique.
Le scénario est fort simple, et c’est bien sûr le traitement que Nomura lui accorde qui va faire toute la qualité du film.
Le ton est austère, souvent proche du reportage, nous suivons l’évolution de la maladie quasiment heure par heure, en partageant le désarroi des parents devenus simples spectateurs impuissants et ne pouvant compter que sur le dévouement de l’unité de soins ou Masako est hospitalisée. Doutes, culpabilité, remise en question, renoncement, crises de nerf, angoisse du père sur sa possible incubation du virus, toutes leurs réactions contradictoires apparaissent au fur et à mesure du développement de l’infection.
La jeune doctoresse essaye de les raisonner tant bien que mal en gardant un visage d’apparente sérénité, mais reste attentive et soucieuse face à la maladie de Masako-chan. Si l’on peut critiquer la vision idéalisée de son personnage, son attitude reste crédible vu son jeune age et sa passion pour un métier qui lui amène à régler un cas clinique et humain hors norme.
Fonctionnant comme un suspens, le film évite toute sensiblerie et nous inflige même des scènes difficiles à supporter, la petite fille subissant des traitements médicaux particulièrement éprouvants et cruels. L’action revient sans cesse à la chambre d’hôpital, mais se permet de nombreuses incursions dans la vie extérieure qui continue, faisant aussi intervenir les proches, dont les grands parents respectifs, plongeant dans les souvenirs du couple, et n’omettant jamais le coût financier des soins pratiqués, resituant l’aspect social voulu du film.
La mise en scène est ainsi rythmée par les crises de la malade, traversée par des moments de panique d’une grande intensité succédant à des périodes d’attente éprouvantes.
Le casting est essentiel avec ce genre de sujet, et la sobriété de l’interprétation est exemplaire, en particulier le rôle délicat de la gamine : loin du « singe savant » la jeune actrice présente un personnage de vraie petite fille, authentique et du coup d’autant plus attachante, à l’instar des protagonistes adultes.
Etude documentée sur le milieu médical japonais de la fin des années 70, mais aussi et surtout analyse détaillée des comportements humains face à un drame familial qui touche au plus sacré, à savoir l’enfance, WRITHING TONGUE conjugue le plaisir cinématographique immédiat avec la profondeur du propos, nouvelle grande réussite d’un réalisateur trop méconnu en Occident, à la filmographie d’une grande richesse mais encore à découvrir pour la plus grande part.