Une claque au lac !
Eh beh ça commence bien les années folles ! Après Black Coal, Diao Yi-Nan confirme avec ce Lac aux ondes parfaites, à peine perturbées par ces quelques brefs remous que sont un 2nd flashback un poil dangereux pour la narration - mais justifié - un équilibre dans l'absurde parfois limite (les godasses des flics qui brillent, c'est rigolo, mais...) et une fin dont je ne sais pas encore si elle n'est pas un brin étirée après ce climax proche de celui de Long Arm of the Law, qui aurait put suffire. J'en sors, donc n'ai pas le recul nécessaire pour crier au chef d'oeuvre, mais déjà, c'est un bijou, un collier de perles infinies dans lequel j'ai plongé en apnée pendant 2h. Bijou de film noir avec ce héros à la gueule cassée et sa femme fatale du jour, et polar hard boiled brut quand il s'agit de cogner, de tirer, avec en sus une superbe scène de filature et un ballet de flics infiltrés autour du lac, qui rappellent, avec un sacré talent, les meilleurs films de Kirk Wong. Si l'on peut aussi montrer - encore - l'influence de Kitano, la mise en scène à se damner de Yi-Nan est indubitablement sienne. Il s'est trouvé une tonalité propre, dénuée de notre chère électricité hkienne, certes, mais non moins efficace. Y participe sa muse, Guey Lun-Mei, formidable en fausse oie blanche, dont on pourra analyser en jubilant sa scène trash sur la barque, la trouvant d'abord provoc' - Maggie aurait-elle accepté de tourner ça ?! - pour finalement se rendre compte qu'elle définit le personnage, et même casse de façon troublante la misogynie intrinsèque au polar noir. C'est chouette, c'est joie, c'est oie.