Sonatine | 2 | Dommage, dommage ... |
Who’s Camu Anyway ? du réalisateur Mitsuo Yanagimachi était lui aussi présenté à la quinzaine des réalisateurs à Canne en 2005. De l’auteur on connaît aucun de ses précédent films, six en tout dont le premier date tout de même de 1979 (A Nineteen Year’s Old Map).
L’histoire conte la fabrication d’un film par un groupe de jeune étudiants japonais dont le scénario tourne autour du meurtre à l’arme blanche d’une vieille dame. Le film, chapitré jour par jour, explore le quotidien de cette équipe de tournage et brosse un portrait de chaque protagoniste (le réalisateur, la scripte, l’acteur, le professeur responsable de l’atelier ...). L’ouverture consiste en un long plan séquence d’exposition ou l’on découvre chacun de ses personnages et cela laisse présager un film intéressant d’autant plus que le milieu scolaire japonais a souvent donné naissance à des œuvres remarquables (citons comme exemple l’excellent Blue Spring de Toyoda Toshiaki ou encore Kids Return de Takeshi Kitano). Mais le problème dans Who’s Camu Anyway ? c’est qu’on a vraiment du mal à s’attacher à ses personnages qui sont pour la plupart assez plat voir non charismatique. Et cela s’applique aussi pour le rôle de la greluche désespérément amoureuse interprétée par la décevante Hinano Yoshikawa qui avait pourtant rayonnée dans Tokyo Eyes de Jean Pierre Limousain. Bien qu’elle soit volontairement pas mise en valeur dans le film, on aurait bien voulu la voir dans un rôle autrement différent et plus apte à la faire jouer.
Ceci étant, le film reste amusant à voir car nombreuses sont les références au cinéma classique français et même à sa littérature (le Camu du titre étant en fait Albert Camu génial auteur de l’Etranger). Les étudiants citent donc ces auteurs sans retenu et si au début cela est perçu comme un bel hommage de la part du réalisateur, ça devient très vite (disons le franchement) assez lourd. Rappelez-vous Innocence: Ghost in the Shell et sa pléthore de citations philosophiques, et bien ici le problème est le même. Autre surprise, l’apparition de l’acteur Tomorowo Taguchi, le salary man dément des films de Tsukamoto (et oui Tetsuo : The Iron Man c’était lui), qui joue le rôle d’un étudiant plus âgé mais qui n’en demeure pas plus intéressant, malheureusement.
Que reste-t-il pour sauver le film alors ? Pas grand chose finalement, non pas que le film soit ennuyeux pour autant, le sujet est assez original et rappellera bon nombres de souvenirs à qui fût étudiant en cinéma (et oui …) mais la durée excessive et le rythme sous valium sont deux obstacles majeurs à l’appréciation de cette histoire. On notera tout de même un final très bien réalisé qui montre la fameuse séquence de meurtre et qui bascule entre fiction (le film en tournage) et réalité. Dommage que ce soit pas la dernière option qui soit choisie, le revirement de situation aurait été délectable …