Voyage jusqu'au bout de l'enfer
Outre la guerre de Corée et l'occupation américaine qui s'en est suivie, on connaît peut-être moins le fait que la Corée du sud a du apporter une aide militaire aux USA lors de la guerre du Vietnam. Ahn Jung-Hyo a fait partie de ces soldats et de retour au pays, il en a écrit un roman auto-biographique qui relate son expérience là-bas. White Badge met donc en scène l'écrivain au moment d'écrire son roman, à une époque où l'assassinat du président Park entraîna le pays dans moults remous militaro-politiques. Cette période instable illustre assez bien l'état psychologique en ruine des trois personnages principaux. Mais ce qui reste l'élément thématique le plus récurrent du film, c'est cette rancoeur envers les Etats-Unis. A ce moment, le Vietnam devient le point de convergence de ce fait: les soldats se battent et sacrifient leurs vies pour une cause qui n'est pas la leur, une guerre dont ils ignorent tout comme leur fait remarquer un vieux paysan local. Livrés à eux-mêmes et sans but, ils perdent peu à peu leur humanité.
Mais une fois la guerre terminée et que les rares survivants rentrent au pays, leurs problèmes n'en sont pas finis pour autant et c'est ainsi que Lee Gyeong-Yeong n'arrive plus à retourner à une vie civile normale. Ayant déjà perdu sa santé mentale pour les américains au Vietnam, il perda aussi peu à peu sa femme(jouée par une Shim Hye-Jin impressionnante et qui préfigure déjà son rôle dans Green Fish) qui pour survivre doit faire des strip-tease dans un bar pour les américains. Ahn Suk-Gyu(dont le jeu irréprochable est toujours un plaisir à voir) et le spectateur sont les témoins de cette lente dégradation qui constitue la trame du film et c'est cet aspect de non-retour qui fait tout l'intérêt du film en plus de son aspect historique. Mais le problème est que White Badge date de 1992 et il y'a déjà eu une flopée de films de guerre qui l'ont précédé et qui le dépassent en qualité. On sent le budget assez restreint lors de la reconstitution du Vietnam, ce qui amoindrit l'impact des scènes de combat mais surtout, le gros problème, c'est que vers la 22ème minute, Lee Gyeong-Yeong s'arrête dans la rue et fixe une affiche de The Deer Hunter et malgré le fait qu'on puisse voir ça comme un hommage de la part du réal, la comparaison fait mal car l'émotion dans White Badge n'est pas aussi forte que chez son homologue américain malgré de très bons moments, comme lorsque Shim Hye-Jin longe une voie ferré en compagnie de Lee Gyeong-Yeong pour lui faire retrouver ses sentiments d'antan. White Badge constitue donc un film imparfait mais intéressant pour ceux qui s'y
aventureraient.
20 juillet 2002
par
Alain
C'est assez fade mais le message qui passe est plutot bien développé
J'ai un peu été déçu par le film ; je n'attendais pas exactement ça du seul film coréen que j'ai vu parlant de l'engagement de la Corée au Vietnam, mais certains thèmes important reviennent, même quand c'est juste sur une réplique. Par exemple quand les américains traitent les coréens de "Han-Gook" (Coréen se dit Hangook mais Gook est l'appélation péjorative des américains pour parler des asiatiques en général), auquel les coréens répondent à juste titre que ce sont les américains qui ont fait appel à eux pour les aider (Avec au passage un kick monstrueux de Ahn Sung Ki sur un américain, terrible). Au delà des champs de bataille, le film raconte surtout l'histoire d'un soldat tellement traumatisé par son expérience au vietnam que dix ans plus tard il se croit encore encerclé par des Vietcong. Ca rattrape pas mal le film et surtout on ne dévoile pas directement la cause de ce traumatisme ; ca vient au fur et à mesure de l'histoire, comme le héros se rappelle précisement de ce qu'il a vécu. Ce que je trouve dommage, c'est surtout le rythme du film qui est énormement gâché par l'entrecoupement entre les scènes de Vietnam et les scènes "actuelles", sans parler de la qualité médiocre du DVD, mais ça c'est une autre histoire. Les acteurs ne sont pas particulièrement convaincant, ce qui est dommage, même Ahn Sung Ki qui m'avait habitué a beaucoup mieux. Enfin si vous voulez vous plonger dans l'histoire de la Corée pendant la guerre du Vietnam et que vous n'avez pas peur d'engloutir 700 pages d'écriture 12, lisez "A l'Ombre des Armes", de Hwang Sok Yong, qui est vraiment fabuleux et est dans un esprit bien plus réaliste.