Parle avec elle
Ce dernier volet de l'excellente série des Whispering Corridors clôt les débats par ses approximations et ses facilités à la pelle. L'histoire reprend un peu les mécaniques des précédents opus dont le succès était dû à la présence d'esprits et de fantômes mélancoliques, toujours situés dans un lycée pour filles. C'est un nouveau cinéaste qui s'approprie les mécaniques mais elles sont tellement mal huilées que jamais ce Whispering Corridors n'atteindra le côté bricolé du premier opus, l'ampleur mélodramatique du second et le côté série B d'épouvante assumée du troisième, c'est un fait, vérifié dès les premières secondes où les poncifs s'accumulent. La grossière erreur est surtout d'avoir mis à mort la tension dramatique dès le premier quart d'heure, où la pauvre Young-Eon, jolie demoiselle douée en chant assassinée par un être (une femme? Un esprit?), se met à pleurer et à craquer sous nos yeux avant même que le spectateur n'ai pu s'identifier à son personnage. On reconnaît les bons films lorsque la tension dramatique est travaillée dès les premiers plans pour déboucher à un final poignant au fur et à mesure que l'on s'attache aux personnages. Ici, Choi Ik-Hwan ne nous donne pas cette opportunité et brise ainsi ce qui faisait la force d'un Memento Mori, c'est à dire l'implication du spectateur dans les jupes des écolières. Au bout du compte qui se soucie des mésaventures de Seon-Min, celle qui arrive à communiquer avec Young-Eon? Difficile de trouver un semblant d'intérêt à la trame, particulièrement lente et poussive, qui ne crée jamais l'effroi malgré des effets de manche roublards sensés jouer sur les ombres, les bruits, et les lents mouvements de caméra. On ne trouvera qu'une miette d'épouvante dans des séquences impliquant une silhouette de jeune fille qui marche dans un couloir vide. L'utilisation grotesque des effets spéciaux numériques assomme d'un coup d'un seul le travail axé sur l'ambiance, réduisant ainsi la portée visuelle de l'oeuvre à celle d'une simple série télé sans ambitions. On peut toujours trouver l'interprétation des deux actrices principales plutôt réussie, tout du moins dans le domaine de la série B d'épouvante teintée d'un poil de mélo, mais lorsque l'ensemble ne suit pas, difficile de motiver son audience en plus lorsque le scénario, préférant s'axer sur le passé de Young-Eon, ne s'embête de quelconques informations utiles à la bonne compréhension et au pourquoi du comment. Pénible car parfois clippesque, mou car sans ambitions réelles, voilà une bien piètre conclusion à une saga qui portait pourtant quelques jolis espoirs sur le renouveau du film de fantôme au pays du matin calme.
Fantôme contre fantôme
Encore une fois, la série des Whispering Corridor montre bien qu'elle se place en marge des films fantastiques habituels, tels que Ring et autre dérivation. Evidemment, l'histoire se situe encore dans un lycée pour fille (sinon il ne s'appellerait pas « Yeogo goedam - fantômes de lycées féminin »), et le surnaturel se base entièrement sur une histoire dramatique. Les nouveaux scénaristes apportent encore une innovation par rapport aux précédents films ; alors que Memento Mori affichait un grand mélodrame refoulé en film fantastique, et que Wishing Stairs était doté d'une profondeur psychologique saisissante, Whisper montre quant à lui une nouvelle facette de la série, en racontant l'histoire au travers des yeux du fantôme. L'effet est assez impressionnant, et bien mené tout du long grâce à de belle idées scénaristique (que je ne vais pas révéler évidemment). Petite baisse de rythme vers le milieu ; également à noter quelques facilités en fin de film, comme on pouvait le reprocher au deux premiers opus, mais par contre les interprètes sont très bonnes, en particulier Kim Ok-Bin, dont le rôle se complique sur la fin, et Seo Ji-Hye, qui à un peu le même style de rôle que Kim Min-Sun dans Memento Mori (d'ailleurs elle lui ressemble un peu et son personnage s'appelle Sun-Min ; coïncidence ?). Donc finalement, un drame de très bonne qualité, avec de nouvelles actrices charmantes et un idée qui dès le début s'intègre bien dans le principe de Whispering Corridors.
11 septembre 2005
par
Elise
surprenant
Franchement je suis pas du genre horreur mais là, exception. Franchement bien ce film.
Pendant un moment je voyais pas vraiment où se situait l'horreur mais tous s'éclaircit au bout d'un certain temps (et là ça fait mal). Sinon, la bande son est vraiment bien. Mais quelle tristesse quand même; quelle tristesse.
C'est vraiment pas le genre de film où on voit des morts partout et puis basta, y a vraiment quelque chose et ça le rend bien.
Je le redis au cas où, j'aime pas les films d'horreur!!!!
Qui a dit qu'une partition de musique ne pouvait pas tuer ?
Certes dans l'esprit de la série des Whispering Corridors (à savoir de jeunes lycéennes lesbiennes qui sont poursuivies par des fantômes dans le Lycée), j'ai du mal à accrocher cette fois-ci. Ce 4ème opus est plutôt moyen dans l'ensemble : l'intrigue est noyée par la longueur du film, les passages effrayants ne sont pas au RDV et le réalisateur joue un peu trop souvent avec les effets spéciaux à mon goût. Reste l'esthétisme et une bonne bande son, c'est à peu près tout.
Au fil du son
Cette quatrième entrée dans la série des "Yeogo gwedam" fait entier honneur à la série en perpétuant brillamment le particulier style des précédents. Difficile de renouveler passablement l genre en ses temps de surenchère d'un même thème fait et re-fait, mais Choi Equan (également au scénario) remporte largement le pari en insufflant une toute nouvelle direction.
Effectivement, le film n'est pas censé faire peur, mais est le plus bel exemple du néo-gothisme possible. Le film déborde d'une sensibilité et d'une fascination toute particulière envers la mort se posant bien au-delà d'un quelconque artifice pour faire sursauter son spectateur. D'une tristesse infinie, le drame devient véritablement touchant et quelle meilleure horreur que de réussir à se jouer des sentiments de son spectateur.
Seules quelques longueurs et raccourcis scénaristiques un brin trop faciles entachent la réussite majeure d'une très belle oeuvre...Une carrière à suivre de très près et qui donne foi aux éventuelles futures entrées d'une bien belle série.
Voice m'a laissé sans voix !
Une oeuvre humaine et belle, inassimilable à tout ce que nous avons pu voir en matière de film de fantômes asiatiques. En effet, je n'attendais pas grand chose de cet énième ghost-movie de l'été (en Corée 4 films de fantôme sortent au même moment durant les vaccances). Je supposais même que la série des Yeogo Goedam allait s'auto-cannibaliser et que ce film serait sans doute le pire des quatre. Qu'il allait suivre les traces du précédent, Wishing Stairs, à la beauté perdue, mutilé de plus d'une demie heure, taché de stigmates Ringesques et sombrer dans l'horreur bas-de-gamme au bout d'une demie-heure.
Mais voila! Hosanna! Voice ne cherche jamais à faire frissonner mémère et pépère a grand renfort de cheveux devant les yeux et soundeffects crispants. Oui. Disons le de suite. Voice ne fait pas peur! Ce n'est pas un film d'horreur, il échappe a toutes les classifications.
Ne fait pas peur... et pourtant... paradoxalement... l'écho silencieux de ses personnages sans voix résonne encore dans ma tête et me donne des frissons.
La dernière sequence, éclat lyrique et morbide, qui défile durant le générique, est à ce sujet la pierre angulaire de l'oeuvre. Elle marque la rupture avec le cinéma mainstream du vide où le film est un film et jamais rien de plus. Telle une flame fragile, ce plan séquence de cette fille immobile, emprisonnée et sans voix dont les levres muettes cherchent a transmettre quelque chose au spectateur nous bloque sur nos sièges et l'on ne se lève plus 5 secondes avant la fin pour essuyer le popcorn que l'on à collé sur le tee-shirt.
Comme d'autres films * de cette Corée fractionnée, évoluant trop vite, qui grimpe de plus en plus haut pour pouvoir mieux s'écraser ensuite, la véritable force de Voice émerge d'un au-dela métaphysique... un au-dela de l'histoire... un au-dela des images... comme une voix qui en nous même nous questionne sur le sens de la vie et sur la dualité de nos sentiments humains! Le fantôme n'est plus une silouhette lugubre se mouvant sur l'écran, le fantôme est le spectateur... captifs nous aussi de notre solitude, incapable de communiquer, à la recherche perpétuelle de ce que nous avons en nous même.
Forte comme un logia d'évangile gnostique, la dernière sentence qu'entendra l'héroïne fantome: que veux tu vraiment? tu veux vivre! résume d'ailleurs brillament le film. Elle est le joyau éclatant dont les rayons infinis transforment le coeur de pierre en coeur de chair!
Hautement féminin dans sa sensibilité, d'une poésie à en mourir, superbement bien joué, craqué d'effets visuels inventifs (les meurtres semblent d'ailleurs inspirés de Suspiria de Dario Argento), magnifiquement photographié dans des tons sépias d'une beauté sinistre, enveloppé par une musique mi-lyrique mi-ambient étrange et envoûtante : Voice (et non pas whispers, car 목소리 = voix , en Coréen) est plus proche de Park Ki-hyung que d'Hideo Nakata. Il est donc bien le digne fils de son père (1er film de la série, Whispering Corridors de Park Ki-hyung).
Recyclant touts les éléments des précédents épisodes (homosexualité/ encore très mal perçu là bas, jalousies, ressentiments, vengeances de filles ainsi qu'un gros rapport avec les arts) sans jamais coudoyer le grossier, Voice est une oeuvre d'art, un film atmospherique et initiatique, pas un produit de consomation!
Un chef d'oeuvre qui, pour citer une phrase du film, restera enterré dans mon coeur comme un livre de poèmes.
(* Acacia, The Uninvited voir Rpoint)