L'union fait la farce
Mamat Khalid est clairement un talent à suivre dans l'actuel renouveau du cinéma malais. En seulement cinq films, cet ancien fonctionnaire et fan absolu de rock a fait preuve d'une belle versatilité en signant notamment la comédie (musicale) "Rock" (2005), les deux véhicules à star de Saiful Apek "Lang Buana" (2003) et "Man Laksa" (2006) et – surtout – la comédie parodique de zombis, "Zombi Kampung Pisang" (2007), dont l'incroyable succès populaire lui aura permis de réaliser cet ambitieux projet de rêve, soit un persiflage à toute une génération de vieux films malais des années 1950 et 1960.
Et quelle versatilité ! Comment croire, qu'il s'agit du même réalisateur après avoir vu son précédent "Zombi…", qui semblait torché avec les pieds. "Kala…" au contraire, se présente dans un magnifique Noir & Blanc (le premier film malais depuis 1971 à être tourné en N & B!!!) et jouit d'une mise en scène impeccable; en revanche, le film souffre toujours de sérieux problèmes de rythme, avec des terribles coups de mou en milieu du métrage, qui met à rude épreuve l'impatience occidentale plus habitué à un rythme soutenu.
Difficile également d'adhérer totalement à l'incroyable mélange des genres contenus dans "Kala…", qui brasse la comédie musicale, le polar, le film fantastique et même la satire politique dans la soudaine intrusion d'un groupe de résistants communistes à tendance fascistes, dont le discours est une incroyable métaphore de l'actuelle situation politique en Malaisie (le leader des résistants se fend même d'un "…Et puisque notre pays est composé de plein de communautés différentes, je propose de tous les rassembler sous un seul et même toit et d'interdire toute utilisation de langues et de dialectes, sauf celui que j'imposerai"…un exemple, qui s'appliquerait également parfaitement au Singapore voisin). Un moment savoureux assez incroyable, qui n'aura été possible que grâce à l'entier soutien de la société de production KL, innovatrice et assez couillue pour sortir parmi les projets les plus excitants actuellement à nous parvenir de la Malaisie.
Encore une fois, on aurait voulu tellement adorer ce petit bijou visuel – et ce malgré les différences culturelles notables, l'appel à une connaissance cinématographique des classiques malais et des jeux de mots intraduisibles en anglais…malheureusement ce foutu problème de rythme et le melting-pot pas toujours très réussi des différents genres ne réussit pas totalement à convaincre.
Ma blague personnelle favorite (outre la risible façon de courir du journaliste pour cause d'une hernie): alors que Saleh cherche à retrouver une personne, on lui dit de se rendre à la "maison jaune, juste après la gare, vous ne pouvez pas la manquer, elle est isolée du reste des autres maisons". Ce à quoi Saleh murmure: "J'espère, qu'elle est facilement identifiable – car comment reconnaître une maison jaune dans un film tourné en Noir & Blanc ?!!"). Je sais, ça fait plus rire sur écran, que sur un site Internet !! Regardez des films, plutôt que de passer votre temps sur Internet !!!