Ami ne vous veut que du bien...
Après Monster, Urasawa nous régale avec un nouveau chef-d’œuvre de complexité et s’amuse à perdre les lecteurs dans le labyrinthe des souvenirs de gamins. Encore une fois, l’humanité est en danger et un héros au visage sympathique va se retrouver impliqué dans une histoire qui le dépasse. C’est une secte aux ambitions peu claires mais clairement démesurées qui représente le réel danger.
Le mystérieux gourou Ami est le méchant de service et il semble très (trop ?) bien connaître Kenji. Au fur et à mesure que l’histoire avance, on se rend compte que ça n’est pas le seul lien qui existe entre les différents protagonistes. Tous les petits bouts d’histoire, sans rapport apparent entre eux, constituent autant de pièces de puzzle et s’emboîtent peu à peu. Et c’est là toute la magie des mangas d’Urasawa. Il sait disperser des indices à divers endroits et qui semblent sans intérêt ou sous-entends que ça aura une importance plus tard. Comme la petite Kanna dont on sait qu’elle aura un rôle essentiel dans le futur mais bien-sûr sans nous en dire plus. Il ne reste plus qu’à échafauder des théories avec ce que l’on a sous la main et d’attendre la suite pour voir si on a raison ou pas. Pourtant on sait déjà que ça se finit bien : ce sont les premières images du tome 1 mais de là à savoir ce qu’il s’est passé entre temps : mystère. Il n’y a pas à dire, Urasawa aime faire cogiter ses lecteurs et on se laisse vite prendre au jeu. Surtout que l'idée de retracer l’enfance des héros avec plein de petites aventures d’enfants les rends encore plus familiers et attachants.
Monster et 20th Century Boys commençant juste à être édités en France, il est difficile de dire pour l’instant lequel des deux surpassera l’autre dans le domaine de la manipulation du lecteur. Mais si vous aimez le genre, n’hésitez pas une seconde. 20th century boys est une très bonne surprise en terme de narration, scénario alambiqué et de dessin.
Attention à l'Ami ...
Un scénario captivant
Pour changer un peu des nouvelles séries qui fleurissent à l'heure actuelle, Urasawa a fait un véritable effort et développé un scénario plutôt inhabituel et même très original: le groupe de copains d'enfance qui se retrouve après la mort mystérieuse de l'un d'entre eux et la réapparition de leur ancien symbole rend le mystère plein de suspens.
Un dessin acceptable
Sur le plan graphique en revanche, l'auteur ne casse pas non plus des briques. Toutefois la diversité des traits des personnages est tout de même assez grande et dénote un certain travail et de la recherche.
En espérant que la série ne devienne pas interminable, un très bon achat pour tous ceux qui souhaitent investir (c'est pas le manga le moins cher du marché) dans une histoire un peu plus corsée au point de vue de son contenu.
Bien plus qu'un manga, bien plus qu'une BD : un polar à l'ambiance
soignée !!
J'ai découvert 20th Century Boys il y a peu et je dois avouer que ça a été le coup de coeur pour moi. Je vais tenter de vous faire partager mes sentiments face à une oeuvre qui, bien que toujours en cours de parution, paraisse réellement aboutie !
Le scénario :
Kenji est gérant de Convini (sorte de supérette ouverte 24 heures sur 24). Il vit avec sa mère qui l'aide aussi au magasin et doit s'occuper de sa nièce (Kanna) depuis que sa soeur le lui a demandé avant de s'enfuir.
Un jour 2 policiers viennent l'interroger à propos d'une famille faisant partie de sa clientèle. Cette famille à entièrement disparue sans laisser la moindre trace.
En allant récupérer une caisse vide à la demeure de cette famille disparue Kenji s'attarde sur une sorte de logo gravé sur un mur qui lui rappelle étrangement quelque chose. Mais il ne se souvient pas très bien.
Un peu plus tard un de ces amis d'enfance, Donkey (c'est son surnom), meurt dans des circonstances étranges en laissant un mot à Kenji. Le fameux logo refait alors son apparition. Dans son message Donkey demande à Kenji si cet étrange logo ne lui rappelle rien.
Kenji va alors enquêter sur ce signe et découvrir que c'est lui et ses amis qui l'avaient inventés étant enfants. Il semblerait que ce signe soit désormais utilisé par une secte sans nom dirigée par un certains "Ami". Et il semblerait que le dirigeant de la secte reprenne les idées que Kenji et ses amis avaient imaginés étant gamins dans le but de sauver le monde pour, cette fois-ci, détruire ou diriger le monde.
S'engage alors une lutte entre Kenji et ce dénommé "Ami".
Plutôt original non ? Le scénario est vraiment le point fort de ce manga. D'ailleurs peut-on encore considérer 20th Century Boys comme un manga ? Ne serait-ce pas plutôt un véritable polar ? En tout cas le scénario est fouillé, original (même s'il s'agit encore de sauver le monde il faut avouer l'histoire est peu commune) et les rebondissements sont riches, variés et inattendus.
Les persos :
Je ne m'attarderais pas à vous présenter tous les persos et je me concentrerais sur le personnage principal (du moins au début du manga) : Kenji.
Il est intéressant de noter que Kenji est un être normal : pas de super pouvoirs, des défauts, des qualités, des faiblesses...comme tout être humain normal. Et ce personnage va être confronté à une situation horrible.
Le lecteur va vite se laissé porter par les sentiments, les impressions, les souvenirs de Kenji. Et s'il est si facile d'apprécié Kenji c'est justement parce qu'il est normal, tout comme le lecteur ! Les relations de Kenji avec ses amis, sa soeur, ses parents que l'on peut suivre en parallèle à l'enquête sont d'autant plus intéressantes qu'elle nous permettent de nous identifier à Kenji. Kenji pourrait être n'importe qui. Il pourrait être le lecteur. C'est ce qui fait de ce personnage un personnage attachant.
Les autres personnages sont nombreux et tout aussi intéressant mais je préfère vous laisser les découvrir. La panoplie de personnages est d'ailleurs impressionnante. Mais ne vous inquiétez pas : le grand nombre de personnages ne vous perdra pas ! L'histoire est relativement facile à suivre et passionnante.
La qualité des dessins :
Pour les décors imaginez ceux de City Hunter (Tsukasa Hojo) avec un style de trait un peu plus épais. Les décors sont magnifiques et incroyablement détaillés. Naoki Urasawa est un véritable génie du dessin et il le prouve.
Pour les personnages il est plaisant de remarquer que chaque perso a sa propre "tronche", son propre visage. C'est une chose relativement rare dans un manga ! La plupart du temps les personnages de manga ont une même tête (avec une légère nuance antre garçons et filles) et on les reconnaît à leurs coupes de cheveux et à leurs tenues vestimentaires : les oeuvres de Rumiko Takahashi (Urusei Yatsura, Inu Yasha, Ranma 1/2, Maison Ikkoku, Mermaïd Forest...) sont un bon exemple. Et bien avec Naoki Urasawa les personnages disposent tous d'un visage différents.
Seules les belles femmes se ressemblent un peu comme si l'auteur avait une vision bien à lui de la beauté féminine. Mais bon...c'est tellement bien dessiné qu'on ne lui en voudra pas !
Car tout comme pour les décors le chara-design est impeccable et donne droit à des personnages au charisme surprenant et indéniable.
L'ambiance :
L'univers réaliste dans lequel des perso (réalistes eux aussi) évoluent, la mise en page soignée et judicieuse, le scénario et ses nombreux rebondissements et la beauté des dessins contribuent à la mise en place d'une ambiance digne des plus grand Hitchcock !
En effet l'ambiance qui se dégage de cette oeuvre est angoissante, glauque et superbement bien travaillée. On VEUT connaître la suite, on a envie de savoir ce qui va se passer et il est vraiment difficile de décrocher une fois que l'on a lu les premières pages car on est plongé dans une ambiance et dans un rythme digne des plus grands polars !
Rien n'est laissé au hasard et la mise en page entretient cette atmosphère bien particulière à 20th Century Boys. On remarque l'importance de la mise en page lors de la découverte du visage de certains personnages importants.
L'auteur :
Il s'appelle Naoki Urasawa et est né en 1960. Ses oeuvres sont Beta, Pineapple Army (en tant que dessinateur seulement), Yawara, Master Keaton, Happy et Monster.
Si Monster est un autre polar Yawara est une oeuvre beaucoup plus
légère puisqu'il s’agit d'un comédie romantique avec en thème principal le judo.
Son talent est reconnu depuis longtemps au Japon.
L'édition française :
C'est Génération Comics (Panini Comics) qui s'occupe de l'édition française. Chaque tome coûte 8,99 € (hors 5 % éditeur). Le prix est un peu exagéré mais la qualité est au rendez-vous (sauf au niveau des couvertures qui disposent d'un fond horrible). On peut noter quelques coquilles de temps à autres mais rien de bien méchant et le sens de lecture Japonais a été respecté.
Nous en sommes au volume 6 en France et déjà 15 volumes sont parus au Japon. La série n'est d'ailleurs toujours pas achevée au Japon.
Conclusion :
20th Century Boys est un chef-d'oeuvre !! Un manga, un polar à ne pas rater. Une oeuvre déjà culte qui, je l'espère, rencontrera le succès qu'elle mérite. Les persos sont géniaux, l'histoire est sublime, l'ambiance incroyable et l'édition est de bonne facture : alors pourquoi se priver ? Ne passez pas à coté de 20th Century Boys, ce serait vraiment dommage.
PS : J'adore les oeuvres de Rumiko Takahashi mais vous avouerez que ce que je dit au niveau du design de ses perso est vrai. Cela ne m'empêche pas d'adorer ses manga : ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit !! ^_^
la fin des temps
XXth century boys, le chef d'oeuvre d'Urasawa est une oeuvre de génie, de notre temps, une horloge narrative atomique qui justapose les instants immobiles, révèle la discontinuité d'un temps diffracté et bergsonien, le divise, le fige, le révèle comme structure du rapport du sujet à lui-même (du héros qui s'est oublié et prend conscience de soi). XXth century boys traduit notre époque, notre besoin de conjurer l'irréversibilité, notre angoisse d'une fin proche, la fin de l'Histoire dont a parlé Fukuyama, la fin d'une époque se fondant dans le moule de la sérennité, déresponsabilisée, entre les mains d'"Ami" . XXth century boys, c'est la lutte entre ceux qui laissent faire et ceux qui n'oublient pas, cet écart entre deux aiguilles qui se rapprochent poure ne faire plus qu'une, inaugurant le siècle naissant. Héritière du sublime Watchmen de Moore, l'oeuvre d'Urasawa épouse le réel, le symbolise et nous laisse l'espoir d'un monde meilleur. Magistral.
Meilleur que Monster, c'est possible !!
Monster était déjà un monument du manga, mais 20th century boys fait encore mieux !
Tout comme nausicaa ne trouve son équivalent que dans les meilleurs romans d'aventures, 20th Century Boys n'a pas de concurrent qui lui arrive à la cheville dans la bd. Il faut se plonger dans les meilleurs polars litterraires pour trouver mieux, voire moins bien.
Comment fait donc l'auteur pour dessinner des visages différents et immédiatements identifiables à chacun de ses nombreux personnages?
Regardez GTO : le dessin est très bon, mais bien malin celui qui, au bout de quelques tomes, peut mettre un nom sans hésiter sur une des élèves du Great Teacher, sans l'aide des dialogues.
Dans le cas de 20th C.B., une telle maitrise du scénario et du dessin est râre, sinon jamais vue auparavant!
Chapeau !
20th CB, Monster et Planètes : les 3 meilleurs manga de l'années, à mon avis.
Urasawa's trip
Attention : ce manga paie franchement pas de mine. J'espère seulement que vous vous arrêterez pas aux couv' hideuses et à la sobriété graphique avant de pouvoir le juger...
Urasawa est décidément une valeur sûre de la production manga actuelle. 20th century boys raconte l'évolution d'un combat qui repose sur un rapport de force plus qu'inégal entre une organisation inhumaine et tentaculaire, secte dirigée par le psychopathe et charismatique "Tomodachi" (Ami), qui infiltre peu à peu les sphères dirigeantes du pays ; et une série de persos puisée dans la trentaine de m'sieur-dame tout le monde, qui ont partagé son passé et qui sont les seuls à disposer des clés pour pouvoir l'arrêter. Ils n'ont rien d'héroïque, possèdent pour seule arme leur clairvoyance et leur détermination ; et cette humanité, qui fait à la fois leur faiblesse et leur force, on ne l'oublie jamais... ils ont tous losé à un moment ou à un autre dans leurs histoires personnelles respectives, incapables de protéger leur entourage ou d'être fidèle à leurs rêves de gosses ; mais pour devenir forts ils devront se reposer sur leurs ratés et ne jamais oublier ce qui les a "construits" en tant qu'êtres humains.
La grande force du manga réside sans nul doute dans son scénar complexe et bien ficelé, qui mélange allègrement le quotidien le plus banal avec des évènements qui dépassent le contrôle même de leurs instigateurs, et les lie progressivement jusqu'à lier intimement ce danger qui menace l'humanité au vécu d'une enfance frustrée. L'intrigue monte au fil des volumes, entraînant malgré eux Kenji et ses potes, puis Kanna et Cho, dans une spirale de plus en plus apocalyptique... seul hic : le temps et l'accumulation ne jouent pas en faveur d'Urasawa qui a du mal à garder intacte la force de son trait et le rythme de narration qui devient malheureusement de plus en plus lent à l'approche du volume 10...
Bref, une bd qui reste tout de même dans le très bon mais qui est loin d'égaler Monster ;)