Et si la thématique de Turning Gate se résumait à son plan final déchirant ? Un plan qui évoque la fin d’une routine imprévue –alors qu’il devait aller voir ses parents, Gyung-Soo passe du temps avec une inconnue pour qui il tombe amoureux- et le dur recommencement des choses, c'est-à-dire une vie d’amant éternel rythmée par l’imprévu en guise d’échappatoire à une carrière artistique médiocre. Et si donc Turning Gate était aussi triste que sa conclusion sous des trombes de flotte, triste car habité par cette espèce de solitude quasi maladive, où l’homme avec un grand H n’arrive pas à trouver son bonheur à cause d’un environnement difficile : la relation naissante entre Gyung-Soo et la danseuse, gâchée par la volonté de cette dernière d’être à tout prix aimée et des sentiments de son ami écrivain, ou la seconde chance qu’a Gyung-Soo de trouver la femme bien en la personne de Sun-Young, hélas déjà mariée et vivant dans une famille extrêmement possessive. Leur bonheur, d’un temps, prendra fin suite aux histoires d’une voyante voyant en Sun-Young les traits d’un avenir solide en compagnie de son mari. Hong Sang-Soo aura cependant fait de sa chronique sentimentale un film suggérant un formidable panel d’émotions, entre les séquences imprévues (Gyung-Soo pris à parti par un client de restaurant, les scènes d’amour frontales, les doigts d’un gosse coincés dans une porte de voiture…) et d’autres bien plus fortes. Le cinéaste aura également démontré l’étendue de son talent au service d’une mise en scène simple et sans superflus, avant d’épouser un style unique dès son film suivant. En captant avec simplicité et neutralité les instants de vie de gens moyens, Hong Sang-Soo est un des cinéastes dont la fiction semble toujours bien coller à la réalité, entre deux bouteilles de soju facilement vidées et des espoirs envolés.
Hong Sang soo est un jeune realisateur, jeune dans la mesure ou il n’a pour l’instant realise que quatre films(1) et ou sa filmographie va s’allonger (c’est une certitude).
Pour le moment, son cinema travaille la repetition. Plus exactement la variation dans la repetition. C’est un peu l’idee de force developpee par Gilles deleuze(2). Prenons par exemple, La Vierge mise a nu par ses pretendants. C’est l’histoire d’une femme qui rencontre un homme. Le film se presente comme un dyptique dans la mesure ou il se compose de deux parties clairement distinctes, morcelees, encadrees par des cartons porteurs d’un titre. Chacune des deux parties raconte la meme histoire, la rencontre des deux personnages : Soo jung et Jae-Joon.
Hors mis la chronologie des plans, imposee par le mecanisme meme de la technique du cinema et une necessite pour rendre comprehensible les evenements(3) , il est impossible de savoir quelle partie repete l’autre. Rien n’indique, ne justifie que la seconde partie repete la premiere et non l’inverse.
D’autant, si on cherche a modeler un peu cet ensemble, la premiere scene du film intervient juste avant le dernier plan (si on construit avec la totalite des plans du film une structure correspondant a la chronologie des evenements). Ce qui change entre les deux parties, c’est le point de vue. Point de vue de qui ? nous l’ignorons et ca n’a pas beaucoup d’importance. Ce qui importe, c’est que le point de vue est de l’ordre de l’invisible, nous ne pouvons l’identifier, lui donner corps, mais est rendu sensible, visible pour lui meme(4) : il est devenu Figure(5) .
Dans son dernier film Turning Gate, Hong Sang soo n’a pas abandonne cette « variation du meme », mais en a nuance l’instrumentalisation visible. Dans La Vierge mise a nu par ses pretendants, la repetition stricte de toute l’histoire utilisait beaucoup le visible. C’est la repetition quasi exacte des scenes, des compositions de cadres, donc d’un aspect figuratif qui permettait de tendre vers le « point-de-vue-Figure »(6) .
En rendant moins visible la repetition, donc la forme figurative a partir de laquelle il travaille la Figure, Hong Sang soo la rend plus abstraite. Mais la repetition demeure. Elle demeure figurative dans les plans de marches solitaires et nocturnes. L’idee se repete, l’histoire aussi. Le heros marche seul, et une femme marche en sens contraire de lui, a sa rencontre. Un violent cut empeche la rencontre. Dans le premier plan du film, la femme est quasi invisible, elle est en arriere plan, toute petite et masquee par l’imposante stature du heros au premier plan, et l’obscurite de la rue et de ses vetenments. Lorsque l’idee se repete, l’objectif de la camera donne deja moins de profondeur de champs, ce qui offre a la femme plus d’espace dans le cadre. Vetue de rouge et dans une rue tres eclairee, leurs deux corps ont une presence plus egale lorsque le cut intervient. Ces deux plans contiennent a eux seuls toute l’idee et l’histoire du film : une rencontre qui ne peut avoir lieu, la repetition du meme dans le changement, on se rapproche sans y parvenir. C’est l’histoire d’amour de quand il etait enfant qu’il raconte avant qu’elle ne le fasse ; c’est le mythe de la porte tournante que son ami lui raconte avant qu’il ne le vive, c’est laudace d’aller frapper a la porte de la maison familiale a laquelle le spectateur assiste et qu’il a deja eu enfant comme elle le rappelle verbalement……. La structure du dyptique est toujours la, mais morcellee et melangee comme les pieces d’un puzzle et construit sur une forme vue a laquelle repond une forme verbale.
1 Le Jour ou le cochon est tombe dans le puit (1996), Le Pouvoir de la province de Kangwon (1998), La vierge mise a nu par ses pretendants (1999), Turning Gate (2002).
2 Gilles Deleuze, Francis Bacon. "Logique de la sensation", ed. Seuil, 2002. Le chapitre 8 est celui qui semble le plus interessant pour nous ici.
3 Si tout etait projete en meme temps, l’ecran ne serait plus porteur que d’un jeu de lumiere diforme qui serait incomprehensible. La structure sert a separer les elements pour les rendre identifiables, mais ils peuvent s’interchanger les uns les autres, a la maniere des « livres dont vous etes le heros », sauf que l’ordre des sequences ne module pas l’histoire.
4 « non pas rendre le visible, mais rendre visible » : Gilles Deleuze, Francis Bacon. Logique de la sensation, Chapitre 8, pg. 57.
5 Gilles Deleuze utilise le mot Figure pour l’opposer au mot figure. Il lui donne un sens similaire au mot figural utilise par J-F Lyotard dans "Discours, Figures".
6 Le Pouvoir de la province de Kangwon fonctionne exactement sur les memes modalites.
Malgré ses belles qualités, la limite de la Vierge mise à nu par ses prétendants était un dispositif narratif plus stimulant intellectuellement que servant vraiment l'émotion. Limite qui passait parce que le film s'affranchissait des questions de vraisemblance, de réalisme. En regardant On the Occasion of Remebering the Turning Gate d'un oeil distrait, on pourrait croire que Hong Sang Soo a su s'affranchir de cette limite-là. Un dispositif beaucoup moins voyant et alambiqué (une suite de saynètes numérotées où les titres ne sont plus allégoriques comme dans la Vierge mise à nu par ses prétendants), une plus grande linéarité du récit, un ton beaucoup plus léger pourraient le laisser penser.
Or ce n'est pas du tout le cas. Car malgré son aspect plus linéaire le film a bien une structure bipartite. Après une introduction présentant les motifs du départ du héros pour Chunchon (échec d'un film au box-office), la fameuse porte tournante devient l'enjeu principal du film d'une façon peu voyante dans la première partie. Le fameux conte (1) est certes cité mais cette partie l'illustre en négatif: le héros séduit facilement une femme divorcée (c'est même elle qui prend les devants) et va se détacher d'elle au fur et à mesure qu'elle s'éprend de lui. Ce récit est donc plutôt l'antithèse du conte: on ne désire pas vraiment ce qui est trop accessible. L'illustration sera alors faite par la seconde partie du film: la jeune femme mariée dont le héros s'éprend dans le train censé l'amener chez ses parents et qui va le faire s'arrêter avec elle multiplie au cours du film les situations de type "porte tournante" où le héros l'attend en doutant à chaque fois qu'elle revienne avant de réaliser finalement la conclusion du conte. Dès lors, les écriteaux résumant la situation qui aura lieu ne sont pas un artifice mais sont toujours là pour porter un dispositif à la théâtralisation bien présente.
Par rapport à The Power of Kangwon Province, la sexualité est filmée de façon toujours aussi contemplative mais beaucoup plus frontale et jouissive. Hong Sang Soo ne s'est pas renié en tant que metteur en scène: ses longs plans-séquences dilatés jusqu'à plus soif sont là pour nous le rappeler. Durant la première partie, ils portent une solitude certes moins pesante en apparence que celle des personnages de The Power of Kangwon Province -elle envahit progressivement le héros qui se rend compte que sa "conquête" de Chunchon comblera pas le vide qui a motivé ses vacances loin de Séoul même s'il a encore assez de force vitale pour savourer un peu de cette relation-. Durant la seconde, ils soutiennent le vertige de l'attente amoureuse comme dans la Vierge mise à nu par ses prétendants. A l'issue de ce parcours initiatique, le héros est certes toujours seul mais Hong Sang Soo choisit de ne pas appuyer sur sa tristesse contrairement au final de The Power of Kangwon Province. Sauf que la limite du "système" Hong Sang Soo est toujours là: ses dispositifs narratifs produisent du sens mais pas du ressenti, sont plus stimulants théoriquement qu'émotionnellement. Les petits accidents, les imprévus qui donnent chair à l'oeuvre sont heureusement apportés par les acteurs et évitent du coup au film d'être seulement théorique.
Bonne nouvelle: comme Tsai Ming Liang ou Hou Hsiao Hsien avant lui, Hong Sang Soo vient de réussir son film le plus accessible. Son film se pose là comme petite brise d'air frais au cours d'une année coréenne où bien des films attendus ont été relativement décevants. On espère que la fin de l'année permettra à son tour à un Lee Chang Dong de confirmer son talent sur terrain très glissant et ainsi de prouver la vitalité des jeunes auteurs coréens.
(1) Un jeune homme convoitait la fille d'un souverain chinois; le roi l'exécute en réprésailles, il se réincarne en serpent et s'enroule autour de son cou. Pour libérer le serpent de son cou, elle va à Chunchon devant la porte du temple Chongpyong-sa, dit au serpent de l'attendre parce qu'elle va prier dans le temple et elle ne revient jamais. Quand il s'en rend compte, le serpent rentre dans le temple mais à ce moment-là il est frappé par la foudre et depuis la porte du temple a pris le nom que l'on sait.
Turning gate est le film qui a pleinement installé son auteur en son pays.
Construit en deux rencontres, la seconde étant pour le jeune acteur de thêatre sortant d'un échec, à son regret, une méthaphore de l'histoire du serpent, bien célèbre en Corée. Hong Sang Soo ne nous donne pas un personnage immédiatement sympathique à suivre: en mode automatique (sortant sa sentence préférée à toute occasion), un peu lâche et arragant au départ face à sa première rencontre féminine, il sombre ensuite dans un caprice d'adolescent à se lier à une femme mariée, ce qui nous le rend du coup aussi plus touchant. Reste que l'homme chez Hong Sang Soo présente décidément un caractère bien peu satisfaisant, nous questionnant forcément.
Ce qui est frappant dans le style de l'auteur, c'est cette non dramatisation dans ses scènes, tout semble égal dans le traitement technique, en plans fixes et en séquence, que ce soit une scène de sexe toujours frontale, un échange alcolisé où les personnages se révèlent, ou une déambulation dans une rue. En fait, les situations portent en elles déjà toute la dramatisation, les non-dits. L'émotion passe. Et au final, bouleversant (d'autant qu'elle suit une scène chez la voyante, plutôt drôle), la solitude toujours, refait surface.
"Turning gate" est clairement une œuvre charnière dans l'œuvre de Hong Sang-soo. Il décide non plus d'écrire le scénario par avance, mais de le rédiger au fur et à mesure du tournage, chaque matin, au gré de son inspiration, d'improvisations avec ses acteurs et de son humeur.
Du coup, les intrigues deviennent plus linéaires, plus simples, plus naturelles aussi.
Hong perpétue la pratique d'intertitres, jouant là encore avec une certaine attente avec ses spectateurs, comme dans le cas du 3e, "Myeong-suk tell Gyeong-su that she loves him", fait qui n'interviendra pas avant la 4e partie…comme pour mieux se jouer de l'attente des spectateurs et de garder un certain contrôle dans une intrigue pourtant facilement appréhensible.
Le thème n'est que répétition par rapport à ses précédents films, mais le réalisateur fait preuve d'une maîtrise de plus en plus grande dans l'approche de ses personnages, le développement des histories et même d'une mise-en-scène dépouillée, qu'il ne cessera justement de déstructurer dans ses prochains films.
Premier film plus accessible de HONG Sang-Soo après son triptyque initial, TURNING GATE est une sorte de chassé croisé amoureux bâti autour d’un personnage en plein questionnement, acteur en difficulté professionnelle déambulant dans la vie sans véritable but précis.
La première partie du film évoquant un trio amoureux conflictuel est un peu rébarbative, le cinéaste n’arrive pas à nous intéresser à cette histoire déjà vue ailleurs et en mieux, si ce n’était cette touche d’humour décalé qui éclaire l’ensemble, on aurait vite envie d’aller voir ailleurs devant si ce manque d’inspiration notoire.
Bizarrement, il suffit que GYUNG-SOO le héros principal, quitte ses « amis » et monte dans le train de PUSAN pour que l’intrigue change d’orientation, sa deuxième relation amoureuse s’avérant bien plus ambiguë et intrigante que la première, la belle SUN-YOUNG dévoilant une ambivalence énigmatique pour GYUNG-SOO ne sachant plus comment gérer cette passion dévorante, alors que le spectateur essaye aussi de décrypter cette nouvelle carte du tendre, jusqu’à une fin inévitable laissant inévitablement l’homme face à lui-même. Au passage, le caractère quasi-mystique de cette histoire librement basée sur une légende locale ressurgira lors d’une confrontation avec une voyante résumant la destinée de notre héros avec une discrète ironie.
Entre une observation clinique des comportements humains et un détachement amusé dans la narration, on retrouve cette façon particulière de filmer du cinéaste, d’autant plus intéressante à suivre que le sujet proposé tourne le dos aux poncifs, le risque d’irritation étant aussi largement présent du moment que l’histoire tourne en rond comme c’est le cas au début de TURNING GATE : HONG Sang-Soo ne fait jamais dans l’esbroufe cinématographique mais donne plutôt dans une totale sobriété de style, mais un cinéma finalement à haut risque car tellement estampillé film d’auteur qu’il est toujours à la limite de la caricature.
L’interprétation est le point fort de TURNING GATE, KIM Sang-Gyeong portant le film sur ses larges épaules, son personnage de paumé attachant préfigurant celui de CONTE DE CINEMA du même réalisateur. Les autres interprètes sont à la hauteur, CHU Sang-Mi apportant une présence teintée de mystère propre à son rôle.
La belle musique à connotation classique souligne idéalement les errements de GYUNG-SOO, dans une province coréenne rarement vue à l’écran, joli décor issu du quotidien, idée que KIM Ki-Duk utilisera également pour LOCATAIRES en 2004.
TURNING GATE est un long métrage certes inégal, mais dont le deuxième chapitre rattrape largement les insuffisances du premier, se permettant alors une approche assez originale des relations sentimentales.
Contrairement aux autres critiques, je ne vois pas vraiment de phénomènes de répétition dans ce film (premier Hong Sangsoo que je vois), je n'ai pas non plus trouvé ce film comique...
Les acteurs s'en sortent plutôt bien en général, mais c'est inégal. Le film traine un peu en longueur, malgrè les balades nous montrant la Corée. La réalisation est très sobre, mais c'est peut être ce qui est le plus efficace dans ce genre de film.
L'interêt du film ? Ces personnages, son histoire...
En fait, chacun donnera une interprétation différente au film, suivant son expérience, suivant sa façon de voir les choses, je pense que c'est là la force du film : Hong Sangsoo filme simplement une réalité.
Il y a certes 2 'histoires d'amour', mais il n'y a pas de phénomene de répétition, elles sont totalement différente, sans être bien sûr opposé puisque la réalité est souvent simple.
Je pense qu'on peut plutot voir ses histoires comme des aventures d'un moment, permettant aux personnages d'évoluer...comme il en est en vrai.
Certains veront 2 histoires d'amour, d'autres, 2 aventures...[Spoiler]on pourrait aussi se demander qui aime vraiment le personnage principal ? La premiere femme qui veut le rendre jaloux et va jusqu'à le tromper, celle qu'il traitera de @!#$...ou la deuxieme, à qui il avoue son amour, alors qu'en fait, elle parait être avec lui juste pour combler les absences de son époux...le film montre peut ête juste l'évolution du personnage principal, car même avec son ami, il ne semble pas très receptif (certes, il sort d'un échec professionnel)...[/Spoiler]
Un film, sur une base tres simple, qui est plutot complexe.
voila ça résume un peu près, mais ça ne suffit pas à expliquer la qualité du film.
bon des histoires de trio amoureux c'est pas nouveau, mais dans la paysage cinématographique actuel, ça a la particularité d'être traité comme un film d'auteur asiatique, c'est à dire lentement, finement et avec du sens.
TURNING GATE s'en sort bien notamment grâce à l'humour, toujours bienvenu et efficace, même si c'est plutôt de sourires qu'il s'agit et non de fous rires.
c'est un dyptique, et de ce point de vue j'ai préféré la première partie à la deuxième, l'ennui s'installant en se dirigeant sur la fin. malgré tout les deux parties sont nécessaires au propos de l'auteur, qui traite ici de la répétition et du renouvellement, le tout dans une vie assez banale, quotidienne et ordinaire. (bon il s'agit d'amour quand même!). c'est un truc qui marche bien, c'est très proche de la vraie vie finalement et c'est ce qui rend le film accessible, pas "intello", vraiment humain et naturel, contrairement aux films de KIM ki duk qui s'attachent à transcrire le grain de sable qui vient perturber la machine.
donc bon film, voire très bon mais s'essouflant dans le dernier tier.
C'est au travers de deux conquêtes amoureuses d'un jeune acteur coréen peu connu que le film nous offre une vision très particulière de la Corée.
Ainsi, on parcourt avec le jeune acteur plusieurs régions de la Corée. C'est en train ou en bus que l'on entrevoie de nombreuses facettes du paysage coréen que nous n'avons pas l'habitude de voir au cinéma. Le réalisateur nous montre également des quartiers et autres lieux atypiques qui nous plonge dans la vraie Corée, c'est vraiment surprenant. On a l'impression d'être en voyage sans pour autant se tapper un documentaire "guide du routard" super chiant ;) Les longueurs du films ne sont donc jamais monotones, elles offrent la découverte d'une petite partie de la culture asiatique par le regard si intéressant de la caméra.
Pour part, j'ai trouvé l'histoire de la légende "turning gate" assez quelconque par contre, c'est en gros le fil conducteur du film dont le scénario aurait pu se passer.
Les deux histoires d'amour qui croisent la vie de l'acteur durant son voyage sont vraiment émouvantes. Les deux femmes qui sont amoureuses de lui sont vraiment différentes, pourtant il y a vraiment des similitudes intrigantes entre leurs sentiments pour lui. Lors de leurs ébats sensuels, il y a une atmosphère identique, une répétition des gestes, une ambiance particulière qui caractérise un éternel recommencement. Et c'est là qu'intervient l'analogie "symbiose avec la nature" :)
Je m'explique : durant tout le film le réalisateur joue avec le scénario pour mettre en avant la dualité homme/nature vers un tout unique. C'est d'ailleurs l'idée générale du film exprimée par le "toi en moi - moi en toi". Il essaie vraiment de faire pencher l'homme vers le côté simple de la nature. En allant voir une voyante, l'acteur se rends d'ailleurs compte qu'il est en quelque sorte un moine tibetain partant en quête de sagesse durant un long voyage. Est-ce donc finalement la nature la réponse à son parcours ? Lors de son trajet, il croise des oies plusieurs fois qui semblent lui montrer la voie, c'est vraiment marrant. Il y a aussi la phrase très belle qui revient par 3 fois dans le film : "il est difficile d'être un humain, essayons tout de même de ne pas devenir des monstres". Ce proverbe, qui lui est addressé au début du film, le jeune acteur va la transmettre à ses proches qu'il croisera ensuite en en comprennant véritablement le sens qu'au fur et à mesure qu'il la prononcera.
Enfin, n'allez pas me faire dire ce que je laisse croire, Turning Gate n'est ni un film philo, ni psycho ; c'est juste qu'il m'appaît comme le long pélerinage d'un jeune homme qui découvre les valeurs du monde qui l'entoure. C'est l'émerveillement, il perçoit peu à peu que ce périple le conduit aveuglement et malgré lui vers la réflexion.
Bref, pour revenir aux aspects techniques du film, il y a vraiment des efforts de fait. La performance des acteurs dans leurs interprétations est à noter, ainsi qu'une réalisation volontairement figée assez originale.
Pour conclure, malgré des airs de film long (1h55 tout de même) et son genre "drame/romance", Turning Gate parvient à nous faire passer un beau message qui n'est sans rapeller les bons vieux adages asiatiques. Si vous souhaitez le voir au cinéma, il faudra tout de même faire vite, car le film va bientôt sortir des salles françaises. Allez, bon film ! :)
Je tiens juste à insister sur un aspect que je trouve peu mis en avant quand on parle de Hong Sang-soo: c'est un cinéaste drôle. Ses films sont absolument désopilants de bout en bout, le cinéaste fait une utilisation brillante du comique de répétition.
The Turning Gate est aussi d'une infinie tristesse, qui n'est jamais plombante mais délicatement touchante.
Un film Amor.