Un opus facilement oubliable
Pour ce cinquième épisode des aventures de Tora-san, Yamada Yoji reprend du service et nous gratifie d'un opus en demie teinte. Cette légère déception revient au traitement même de l'épisode, alternant les séquences sans grosse émotion avec d'autres jouant plus la carte du "recyclage" typique des bons ingrédients de la saga. Torajiro est une fois de plus le grand vagabond que l'on connaît, essuyant les ratés comme l'on essuie la poussière, mené en bateau par sa propre famille pour tester l'amour qu'il porte pour ses proches. Le film débute d'ailleurs par un rêve -esthétiquement dans la veine de ce que Yamada proposait dans le second opus, par exemple- où Torajiro est confronté à la mort de son oncle. Perturbé à son réveil, il décide de rendre une petite visite à son oncle et sa tante pour prendre des nouvelles, et en voyant la belle vie que mène sa soeur, il décide de se mettre à travailler durement pour montrer qu'il peut-être l'homme au grand coeur que tout le village connaît, mais aussi un vaillant salarié guère imbus de sa personne et pour qui le travail rime avec récompense/statut et pure fierté. Et qu'importe si son boulot de livreur ou cuistot de biscuits bien huilés n'est pas très valorisant, l'essentiel est qu'il paie et qu'il permet à Tora-san d'être actif. La série des Tora-san a toujours été synonyme de transfert de messages en tout genre, car en plus d'être une saga comique et/ou mélodramatique, son but est simplement de délivrer des messages clairs, qu'une grande partie de la ménagère de moins de cinquante ans nippone écoutera quoiqu'il arrive du fait de la grande popularité de la saga au Japon.
Et si Yamada tente de véhiculer l'importance du travail à la fois au sein de la société et du foyer, sa profondeur ne se limite qu'à la simple succession de scénettes mettant en scène Torajiro entrain de se balader en vélo pour la livraison de ses produits (tout en rigolant et/ou chantant), ou de faire cuire ses biscuits en criant haut et fort son attachement pour son boulot. Le problème est qu'avec Torajiro, il est difficile de le croire pleinement puisqu'il manie l'ironie et la fausse joie avec talent. Mais son jeu tout en pathétique ne fait que renforcer sa personnalité, et au spectateur de s'identifier alors à son personnage. En revanche, le manque de consistance et de cohérence nuit à la bonne compréhension de ce cinquième opus. La première partie s'oriente vers l'importance de la famille, la seconde s'axe sur l'importance du travail et la dernière partie joue dans le registre du mélodrame, une constante dans la saga. Peu de surprises donc, bonnes et mauvaises, mais le manque d'humour (en comparaison avec les premiers épisodes) se ressent fortement et les gags se comptent sur les doigts d'une seule main. On a connu un Yamada plus inspiré dans ses gags (de même que les précédents réalisateurs ayant oeuvrés pour la saga), et si la série gagne en finition, elle perd son charme naïf qui lui allait tant. Pas mauvais, simplement inégal.