Si j'aurais su j'aurais pas venu
Avant de regarder le film j'ai jeté un oeil à sa durée : 2h07, waouh !
Puis pendant tout la séance je me suis demandé si j'avais bien fait d'être curieux, et essayais de dégager le pour du contre, lequel est le plus désespérant entre "mon dieu il reste encore une heure !" et "ça fait déjà une heure mais combien de temps reste-t-il encore ?"
Cela m'a quand même permis de vérifier un célèbre aphorisme que je viens d'inventer :
"Lorsqu'un film est @!#$ et soporifique et que par dessus le marché il est long, il n'en est pas plus @!#$, ni plus sopirifique, il est juste long." (Et c'est déjà pas mal)
[On me dit dans l'oreillette de parler un peu du film - qui n'est pas inintéressant cela dit, et compte quelques bons moments - mais en toute franchise j'ai pas forcément envie non plus]
11 novembre 2006
par
Epikt
L'errance des coeurs!
Des âmes seules, errantes entre les murs de la plus grande métropole du monde, des millions de vies, d'histoires, des corps qui se croisent, s'entrechoquent, des bouches muettes, des coeurs en partance et puis, l'autre, le semblable que l'on cherche pour mieux fuire, qui s'accroche et trébuche sur les murs de ruines de nos inévitables certitudes.
Un chef d'oeuvre!
Qui sora, qui sora, qui soraaaaaaaaaaaaa...
Dans "Tokyo Sora", il y a "Tokyo" et il y a "Ciel" ("Sora" = "Ciel"). Le ciel de Tokyo, donc. Mais surtout le ciel. Et qui dit ciel, dit nuages. Les petits nuages qui parcourent le ciel, qui se rencontrent, parfois, ou qui ne se rencontrent pas. Si on les regarde longuement, il y a un moment où on ne les voit plus. Où ils disparaissent de notre champ de vision.
Les six femmes de "Tokyo Sora" sont des nuages terrestres défilant sur l'écran au rythme lent des images du film. Et elles font leur chemin, tout comme des nuages, capables d'en rencontrer d'autres sur leur chemin ou de disparaître.
"Tokyo Sora" met à l'évidence ce que pourraient ressentir des nuages s'ils étaient humains, ou inversement. D'où le lien entre les deux. D'où "Tokyo Sora".
Et si l'un des personnages féminins se prénomme "Yuki" ("Yuki" = "Neige" - en Kanji "La neige tombant du ciel"), ce n'est pas par hasard.
Au fond, "Tokyo Sora" est, tout entier, métaphorique. Mais il parait pourtant ancré dans la réalité tokyoïte. Sûrement parceque les sentiments sont vrais. Car, dans le cinéma, seuls les sentiments sont vrais. Les images, elles, ne sont qu'un reflet déformé de la vérité.
"Tokyo Sora", c'est aussi le cinéma de Tsai Ming-Liang transposé au Japon. On y retrouve les stigmates des oeuvres de l'auteur taïwanais (la distance, la durée, le comique, le tragique, etc...), surtout au tout début, mais pas employés au mieux par la suite, car le trait y est parfois grossi. Trop. D'où des passages moins captivants par moments.
La morale du film ("la vie, c'est court, alors il faut en profiter"), quant à elle, est amenée de façon trop explicite. C'est sombrer dans la facilité démonstrative.
Mais heureusement, autour de ça, il y a de vrais beaux instants de cinéma et un concept intéressant et assez bien exploité dans l'ensemble. Et rien que pour ça, "Tokyo Sora" est un film qui aura compté dans le paysage cinématographique japonais en 2002.