Un Miike particulièrement inspiré. Et pour une fois pas trop long!
Sacré Miike. On l’a déjà dit mais quand même, en ayant fait uniquement des films oscillant entre le bancal et le catastrophique, Miike marque le cinéma, parce qu’on sait que ce gars pourrait être un génie, qu’un best-of Miike, deux heures regroupant les meilleures idées de ses 654651320 films (on me dit que j’en ai oublié un ?) serait une apothéose. Ce simple court métrage surement tourné en deux jours et monté en une nuit fourmille d’idées, plus que dans la moyenne des films japonais. Miike a choisi de se placer sur le seul terrain poétique. La bande sonore est une symphonie pour silences et embrasements et l’espace d’une transition étonnante, d’un plan somptueux, le film tout entier émerveille. Qu’importe la narration chaotique, quoique l’histoire soit une belle tragédie incestueuse. Elle rentre aussi typiquement dans la thématique Miike du démembrement des corps, lorsqu’il rejoint Crononberg et se met, non pas à penser, car Miike ne pense pas, il filme. Il suggére un monde parfait où tout serait à égalité, la monstruosité comme l’élégance, un silence comme un son, le noir comme les images, les rires comme les pleurs, la violence comme la douceur, l’innocence de l’enfance comme la mélancolie de l’adulte. On a envie de ce monde-là, et sans aimer toujours les films qui en découlent, car un tel programme est illusoire, on les salue par principe.
Simple et efficace, un Miike sensible et violent.
Dans l'exercice de style, Miike laisse de côté ses gunfights et ses yakuza vénères pour d'avantage s'emparer de l'atmosphère de films de genre rendus célèbres par Nakata, tout en y glissant quelques briques d'ambiance que ne renierait pas Kobayashi pour son Kwaidan. Structure temporelle décousue, sans cesse griffonnée par des "rêves" plus ou moins prémonitoires où une jeune femme repense constamment à son douloureux passé de fille de cirque. Jalouse du succès de sa soeur jumelle contorsionniste, elle décida de l'enfermer dans une boite pour lui choper la vedette, malheureusement la petite périra suite à un accident pyrotechnique.
Trois Extrêmes représente finalement une succession de sketch ultra violents, aux propos souvent très graves (le directeur du cirque, douteux dans la relation qu'il entretient avec ses "protégées"), et ce Box ne trahit pas cette donnée. Extrêmement brutal (après un énorme câlin entre la jeune femme et son ancien mentor, elle se retrouve littéralement enfermée dans un sac plastique) et doté de séquences pour le moins explicites, Box nous rappellent qui est à la réalisation. Ceci dit, une fois n'est pas coutume, Miike bosse la carte du contemplatif, sans pour autant tomber dans les méandres d'un rythme exécrablement lent comme savent si bien faire les cinéastes asiatiques et américains adeptes du plagia. Ici, on peut y retrouver du Kwaidan dans une partie de la bande-son faite de sonorités bizarres et répétitives. On y retrouve aussi un thème récurrent dans le cinéma de genre nippon, notamment une fille fantôme, pas mal de suggestions et beaucoup de brouillard...comme cet univers glacial avec ce chapiteau abandonné...source de mélancolie, de souvenirs -macabres ou non.
Par sa durée agréable (une grosse demie heure), l'opus de Miike démontre bel et bien que le cinéaste n'a pas besoin d'offrir des histoires de 2h qui ne feront que les rendrent pénibles à suivre. Box est un sketch sensible, délicat, puissamment violent dans le fond, mais quel plaisir de se trouver en face d'un produit de cette catégorie, en particulier de la part de ce cinéaste, un poil perdu depuis le début des années 2000.
Boite ordinaire.
Même à 40 minutes ce segment de Three Extremes souffre de certaines limites miikiennes habituelles. Durant son premier tiers, le film a tendance a trop se reposer sur sa lenteur, à manquer de rythme, à être à deux doigts d'endormir le spectateur. Mais après une belle séquence dont l'esprit surréaliste n'est pas sans rappeler les bons moments de Gozu, le film se met à relever un peu la tête. L'enchainement des séquences est très loin de répondre à une construction narrative rigoureuse mais le film réussit alors à exercer son petit pouvoir de fascination. Il est d'ailleurs dommage que les rebondissements de la fin fassent retomber la tension et aient un effet de "tout ça pour ça". Miike a fait bien pire... et parfois mieux aussi.
Note Globale 3 Extrêmes: 1.5/5
Laborieux
En réalisant ce moyen métrage, Miike a clairement fait référence aux succès de Nakata Hideo et autre Kurosawa Kiyoshi du point de vue du rythme, de l’atmoshère recherchée et des personnages : des petites filles fantomatiques, une adulte traumatisée par les démons du passé et un homme mystérieux aux tendances pédophiles sont au centre d’une idée macabre assez séduisante (une contorsionniste est enfermée dans une boite pr sa sœur puis immolée par accident), mais développée laborieusement tout au long de ces 35 minutes, avec une lenteur frisant la démonstration de style. Pour moi le segment le plus faible du triptyque Three : extremes.
Intriguant
Tout comme pour Three, les sketches du second tryptique se suivent mais ne se ressemblent pas du tout. N'étant sûrement pas un spécialiste de Miike, je n'irai pas replacer le film dans sa filmographie. Box est un sketche intriguant par moments, intense à d'autres, qui joue plus sur l'ambiance que sur l'intrigue. La réputation du réalisateur m'avait conduit à attendre quelque chose de plus délirant, plus rythmé surtout, alors que ce moyen métrage ne joue jamais sur la vitesse mais plus sur l'intensité. Laquelle n'est pas vraiment amenée par des méthodes de frousses classiques (bruitages, effets visuels), mais plutôt par le côté dérangeant de quelques passages. On retrouve à ce niveau le même concept que Dumplings. Aucun des deux ne fait vraiment peur, mais parvient tout de même à saisir le spectateur. C'est déjà pas si mal, surtout que l'intrigue se montre assez décalée par moment, notamment au niveau du décor principal. Reste qu'aun final, on aurait aimé avoir en plus de l'ambiance et des idées un peu dérangeantes (la relation de l'adulte avec les deux soeurs), une intrigue mieux construite et qui mène vraiment quelque part.
Excellente trilogie
2h de film, 3 réalisateurs, 3 styles et plein de ressources mises en oeuvre pour cette trilogie "d'épouvante". Miike Takashi, Fruit Chan et Park Chan-Wook se partagent l'affiche pour donner trois visions différentes du film d'horreur. Alors que Miike pense à une fille vivant dans son rêve, Fruit Chan se base sur l'horreur suggérée et Park Chan-Wook révèle un huis-clos stressant. Les acteurs jouent un rôle important ; leur composition est impressionnante dans chaque, même si les second rôles prennent aisément le rôle de vedette, à l'instar de Bai Ling et sa cuisine dans Dumplings ou encore Lim Won-Hee grandiose en psychopathe dans Cut. Chaque film touche son but, ils sont vraiment tous réussis, et même si leur longueur peut être un handicap, c'est bien maîtrisé. C'est vraiment a voir.
Box :
Miike a pour mission d'ouvrir le bal ; c'est comme le groupe qui passe en première partie d'un concert ; le public vient d'arriver, il n'est pas vraiment prêt à accueillir le spectacle dans l'ambiance qui sied réellement à ce qu'on souhaite vraiment. Et de plus, il n'a que 40 min pour convaincre, au lieu des 2h habituelles ; rude épreuve à passer ; et on peut dire qu'il s'en sort assez bien. Il passe outre la finesse et fonce directement dans un récit ou se mêlent scènes de rêve claustrophobiques et suspens assez classique. Il pose sa signature grâce à un style particulier et une chute assez étonnante. La musique également n'est pas très originale mais sert bien le récit. Donc même si le film reste dans du classique (on sent quand même bien le style japonais), c'est une bonne réussite pour le film qui doit lancer la trilogie.
Dumplings :
On saute du Japon à Shenzhen où l'on retrouve une femme qui cherche un moyen de regagner l'amour de son mari et se retrouve chez une demoiselle qui a un secret de recette de ravioli qui feraient rajeunir ; attention âmes sensibles ; comme évidemment dans chacun des épisodes de la série, on s'attend à être relativement surpris, celui n'échappe pas à la règle mais surprend d'une manière un peu inattendue et surtout assez difficile à supporter. C'est bien mené, sur une atmosphère paisible au début qui bascule d'un coup pour montrer le secret des raviolis. Ce changement de d'ambiance abrupt est vraiment très bien placé dans le film et la maîtrise de la mise en scène simple mais efficace est bien là. Sans doute le meilleur de la trilogie.
Cut :
Encore un choix de réalisateur efficace pour conclure la trilogie. Park Chan Wook décide pour sa part de partir dans un récit encore bien différent de ses confrères ; cette fois ci, on passe dans le huis-clos avec un réalisateur de film riche, beau et sympa, qui se fait séquestrer chez lui par un ancien acteur qui le menace de couper les doigts de sa femme un par un s'il n'étrangle pas une petite fille. Dilemme psychologique pour ce récit ou le suspens et l'action se mêlent avec l'humour pour donner un résultat intéressant et passant très bien à l'écran grâce au talent de mise en scène de Park Chan Wook. A noter également le magnifique plan séquence qui ouvre le film et se terminant sur le "Cut !".
Box : 3.5
Dumplings : 4.25
Cut : 4
23 décembre 2004
par
Elise
Bon
Il y a quelque chose de touchant et de troublant dans l'histoire de ces deux soeurs que les évènements de la vie on plus où moins séparés . Le court est pas mal du tout, je m'attendais à ce que se soit le segment le plus trash mais Takeshi Miike est ici assez sobre . On ne le sent pas aussi inspiré que d'habitude, car on a une impression de déjà vu .
Deux boîtes, deux fillettes, un magicien : MIIKE Takashi !
L'ambiance est spéciale, obscure ; le rythme de ce moyen métrage est assez bizarre. On ne sait pas vraiment où nous conduit MIIKE avec "Box", tous les genres montrent leur nez tour à tour : romance, horreur, drame psychologique, conte imaginaire...
La photo est irréprochable, chaque image est travaillée avec beaucoup de soin, le résultat à l'écran est saisissant ! MIIKE s'est vraiment dépassé pour faire ce film. Hélas selon moi que le scénario soit trop volontairement flou, avec une fin plutôt tordue. Le personnage de l'actrice principale n'est pas clair non plus, même avec du recul après la séance on se demande encore pourquoi elle a fait ci ou ça dans le film.
Bref, de l'idée, mais un résultat assez moyen.
C'est le segment de Takashi Miike qui clôture le film, et il est très réussi. Ambiance poisseuse et faite de silence dans cette histoire de sœurs et de culpabilité. La réalisation est vraiment excellente et certaines scènes sont vraiment dérangeantes..
Miike, contrairement à PCW...
sait rester humble pour la réalisation de son segment de Three...extremes.
Si seulement il pouvait ralentir la cadence de ses réalisations et bénéficier plus souvent d'un budget correct...
14 novembre 2004
par
Izzy
Un moment de poèsie offert par le plus fou des Japonais
La section japonaise de three extreme est une bonne surprise.En effet les dernières réalisations de Takashi Miike donnait à penser que l'homme commencait à présenter les premiers symptomes de ce que l'on appelle la panne d'inspiration,d'originalité,de création et un soupçon de "j'ai des impots à payer"!! Bonne nouvelle avec "Box" ,Miike nous livre un court touchant, ne tombant pas de le piège de l'horreur cheap,un voyage dans l'imaginaire, basé sur les blessures de l'enfance.Un voyage aèrien qui je l'espère remettra son auteur sur la bonne voie.
le plus faible des 3
je vais pas me faire des amis maisa BOX n'est pas à la hauteur des réussites de MIIKE. en manque d'inspiration il nous livre un moyen-court faiblard, trop peu original, et à la réalisation peu inspirée elle aussi. c'est trop lent, je me suis ennuyé la plupart du temps. MIIKE étant un réalisateur extrèmement prolixe et disparate, j'espère que ces prochaines réalisations seront plus intenses.
Living in a Box
Nouvelle surprise de la part de l'inclassable Miike, cette foi spour un film lorgnant méchamment du côté de Lynch (une nouvelle fois suite à son lynchien "Gozu") et en recyclant aussi bien du Fellini, le fantôme type actuel japonais (la petite fille aux cheveux longs et sales), des séries TV, etc, etc.
En sort un curieux hybride, une espèce de cauchemar éveillé, mais au rythme infinément trop long.
L'histoire est assimilée en très peu de temps; le reste ne sert qu'à des repétitions intutiles pour -certes - créer une certaine ambiance, mais qui n'ajoute plus grand chose au film en soi.
Reste un magnifique cirque perdu dans un paysage désolé - de ceux, dont vous avez peut-être déjà cauchemardé, vous aussi...