Junta | 1 | J'aurai voulu écrire la critique d'Epikt, mot pour mot ! |
Xavier Chanoine | 3 | Deux soeurs et une perruque. |
Les séries B mettant en scène des objets habités par une âme ou autre entité mystère sont plutôt légions. Le pari est souvent risqué puisque si la réalisation ne suit pas ou si le metteur en scène se fiche des conventions habituelles du genre (reposant en général sur un climax travaillé), l'oeuvre pourra paraître ringarde, ridicule, l'emmenant vers le cercle très...ouvert des nanars. Heureusement Won Shin-Yeon ne tombe pas dans ces travers, et donne à son The wig une image de film d'épouvante globalement réussi et dieu merci sérieux. Les amateurs de séries B fantastiques ne seront pas dépaysés avec cet énième métrage basé sur des objets possédés. Au rayon film populaire on pourra citer le chef d'oeuvre Christine de John Carpenter, où un jeune bonhomme tombait peu à peu dans la folie des suites de l'acquisition d'une Pontiac maléfique. Oui, une voiture. Mais d'autres ont fait pire et pour en citer quelques uns, Stephen King et son Maximum Overdrive où des 30 tonnes se mettaient subitement à péter quelques plombs. Un nanar épouvantable malgré la mise en musique par AC/DC. Ou pire encore, The mangler de Tobe Hooper, où une essoreuse bouffait tout ce qui lui passait sous le nez. Asian Star a aussi permis de découvrir plus récemment The Red Shoes avec comme son nom l'indique : des chaussures!
Bien que sûrement moins connu que ses confrères, The wig et sa perruque maudite est bien parti pour rafler quelques suffrages auprès des fans de films de genre, nourris et gavés au Nakata Hideo, tout comme les amateurs de cinéma raffiné, le film de Won Shin-Yeon étant particulièrement intéressant dans sa mise en scène et dans son approche du film d'épouvante à tendance psycho. Car en y regardant de plus près, la perruque ne cause pas de morts mais modifie le comportement et l'aspect physique de celle qui la porte, en l'occurrence Su-Hyeon atteinte d'un cancer. Point de meurtres ridicules et improbables, juste une bonne dose de parano et d'hallucinations pour mettre en avant la principale qualité de The wig qui est d'inquiéter par le biais de la suggestion, des longs moments de silence ponctués de séquences bizarres, Su-Hyeon coiffant une tête, voir carrément épouvantables lorsque cette dernière s'arrache le cuir chevelu, laissant échapper tout un tas de gélules médicales.
L'ensemble paraît de temps à autre esthétisant avec un nombre assez incalculable de plans bien précis, perchés en hauteur, au ras, à la renverse, dans un soucis d'esthétique travaillée. Le jeu de lumière est ainsi impeccable, les décors oscillent entre l'ostentatoire et le glauque sans pour autant heurter par sa surenchère visuelle. Plus qu'un simple film sur la possession, The wig est aussi un joli questionnement sur l'apparence et le narcissisme ici poussé à son summum, avec une fille passant de l'état de "cadavre" à celle d'une ravissante tentatrice uniquement lorsqu'elle porte cette fameuse perruque. Souvent long, pas des plus original non plus, The wig reste finalement un petit film d'horreur et d'ambiance d'apparence très soft, qui fera bondir plus d'un à cause d'un twist final particulièrement salopard à ranger aux côtés des meilleurs épilogues des Contes de la crypte. Les amateurs seront comblés.
Esthétique : 3.5/5 - Joli travail d'ambiance et mise en scène contemplative. Musique : 3.5/5 - De bien beaux thèmes à l'image de cette poésie filmique triste. Interprétation : 4/5 - Les deux actrices nous livrent une prestation très forte. Scénario : 3/5 - Un film d'épouvante classique mais plutôt bien foutu malgré un ou deux clichés évitables.