Cochons et cuirs racés
Woo Ming Jin fait partie de l'AUTRE collectif d'artistes, évoluant indépendamment de celui de Da Huang Pictures, mais n'étant pas moins passionnante avec, notamment, l'apport du talentueux Edmund Yeo, servant ici de scénariste et de producteur et dont les propres courts-métrages promettent des beaux lendemains.
Une fois de plus, Woo choisit une approche plutôt austère, collant, caméra à l'épaule, au plus près de son héroïne, qui sera malmenée par bien des malheurs. Avide de gagner le Japon, elle fonce tête baissée dans un trafic d'enfants organisé par sa tante, qui est de se faire engrosser pour donner les bébés à leur naissance à des parents adoptifs.
Au moins Woo a l'intelligence de ne pas montrer les rapports sexuels, que l'on devine terrible; au lieu de cela, il les met en parallèle avec des images de truies artificiellement ensemencées. La comparaison pourrait paraître facile et lourdingue, mais colle parfaitement au difficile traitement des personnages, ressemblant à du bétail dans la répétition de leurs gestes quotidiens et leur simple effort de survivre en cherchant à se nourrir à leur faim…seule la volonté de s'échapper de leur destin les différencie des bêtes.
Une liberté, qui a évidemment son prix, terrible en marquant justement la rupture avec les quelques points d'attaches, que l'héroïne aurait pu avoir pour ne pas perdre ni raison, ni espoir.
Eprouvant.
