L'armée rouge
Les quarante premières minutes font très peur... la mise en scène et le montage font penser à un objet télévisuel... un docu-fiction informatif, aux séquences de fiction qui prêtent à sourire... tellement les personnages et les lieux sonnent faux, surtout mis en parallèles avec les images d'archives.
Mais à partir du moment où la fiction reprend totalement ses droits, les espaces et les personnages commencent réellement à prendre corps, ainsi que la croyance aux événements. Malheureusement la mise en scène reste sommaire, et doté d'une théâtralité qu'on sent forcée par un manque de moyens. Il faut le dire, le film est cheap... Certes le cinéma de Wakamatsu a toujours été cheap, mais ici le manque de moyen n'est compensé que par la forte croyance en l'histoire, et la pléthore de détails, la forme laisse à désirer. Mais ce qui rend sans doute ce film, intéressant, voir troublant, c'est la manière dont le réalisateur se situe dans son rapport aux personnages. Wakamatsu qui fut proche de l'armée rouge, est à la fois capable d'empathie, mais aussi de lucidité... Une lucidité peut-être gagné avec le recule pris sur ces événements. Son positionnement ambiguë, rend le film presque troublant, malgré ses grandes maladresses.
Trop long pour captiver
Ce film fleuve de 3h10 raconte en 3 actes la montée de l’Armée Rouge au Japon par les étudiants dans les années 60/70. La première partie suit les créations des mouvements étudiants radicaux, en mélangeant fiction et documentaire. La suite s’intéresse à la fuite dans le maquis des quelques contestataires, en plein calvaire puis fanatisme meurtrier. La dernière partie retranscrit la célèbre prise d’otage du chalet d’Asama Sanso. Joli programme.
La première partie est très chargée en informations. Peut-être trop. On à pas le temps d’intégrer toutes les données, qui sont parlées ou écrites, parfois les deux en même temps. On comprend les grandes lignes, mais tout n’est pas compréhensible. La deuxième partie est plus calme, on prend le temps d’ingérer tout ca. Mais c’est trop tard, on à déjà décroché. On se contente de suivre des leaders fanatiques devenant meurtriers antipathiques, qui trainent dans leurs sillages des étudiants prêts à tout pour rester dans le groupe. On enchaine "auto-critique" sur "auto-critique", sans se passionner. La dernière partie rehausse le niveau, les jeunes se rendant compte de leurs erreurs, mais restant toujours fidèles à leurs idées.
Bref, pas passionnant, longuet et lent. Mais instructif.
Un après-midi pour les chiens
Wakamatsu Koji dit avoir réalisé cette œuvre (fleuve) pour rétablir la vérité suite à une docu-fiction produite l'année précédente et qui détaillait le même événement, mais du point de vue des forces de l'ordre. Forcément, l'ancien activiste ne pouvait impunément laisser passer cette version des faits.
Ce qui frappe d'emblée, c'est le parti NON pris par rapport à l'armée rouge. Parfait aboutissement de tous les films précédents, dont "Ecstasy of Angels" ou "Front de libération palestinien", Wakamatsu montre l'avènement du mouvement (la première heure), mais surtout l'entraînement dans la réclusion des montagnes (la seconde heure, franchement éprouvante), puis la fin du noyau dur du mouvement (la dernière heure). Il ne prend pas position pour son propre camp, mais – au contraire- cherche à comprendre les fortes divisions au sein du groupe; car contrairement à la "Brigada Rosso" italienne ou le RAF allemand, les japonais ont été les seuls à s'entretuer – et en n'allant pas de main morte. Au nom d'une véritable idéologie, n'importe quel prétexte était finalement bon pour tuer l'un des leurs dans leurs propres rangs…La seconde heure est ainsi faite de mises à mort franchement déplaisantes à regarder, tant les exécutions sont réalisées de manière réalistes.
En cela, ce n'est donc guère l'"ouvre d'un sympathisant fini du mouvement – malgré le ralliement avoué de l'auteur et ses nombreux contacts avec le milieu (il a abrité des nombreux activistes et ce jusque dans les années 1990).
Entre docu et fiction, les 3h30 passent en un rien de temps. Avares en véritables explications (notamment en ce qui concerne l'avènement du mouvement, un chapitre passionnant en soi, qu'il est possible 'étudier à travers quantité d'ouvrages), Wakamatsu tente de ressusciter un temps passé, tout comme il avait cherché à comprendre les motivations de cet adolescent, qui avait traversé le Japon à vélo après avoir assassiné ses parents à coups de batte dans "Bicylce Chronicles". Un excellent film à consommer sans aucune modération !!!