Punish her !
En 1989, on continuait de fantasmer « grave » sur l’Asie avant le grand déferlement des 90’s. 1989, c’est The Killer, certes, mais on ne le découvrira qu’un peu plus tard. En 89, on reste sur des photos de magazine, des extraits, de rares bandes annonces vues à la tv, et hormis quelques percées, en attendant ce jour, on fantasme via le prisme US. Pas mal sur les yakuzas, depuis déjà les 70’s, mais on dispose d’un beau revival fin 80’s avec le Black Rain de Scott, les joyeusetés ninja de la Cannon et ce gros B burné qu’est Punisher. Burné tendance homo, hein, parce que le sieur Goldblatt aime à s’attarder sur le corps de Lungren. Et lorsque ça danse presque nu dans une boîte de nuit, malgré la présence de nymphettes au deuxième plan, la caméra préfère lorgner en gros plan du body buildé huilé à l’entre-jambe délicatement emballé. Quant aux rares rôles féminins, ils sont trois : une fliquette abandonnée à mi métrage - tuée dans le fourgon ou bien ? - et 2 bad women massacrée, dont une façon Sammo Hung - aïe !
J’ai été étonné de voir cette belle édition de chez Ecstasy of Films débarquer dans nos bacs. Je me remémorais un nanar bourrin sympa, j’avoue, mais pas un trésor oublié, director’s cut de 7 secondes en plus ou pas (des impacts justifiés), workprint ou non (une intro inepte où l'on voit le fils du mafieux qui aura +/- le même âge 5 ans plus tard !). Si j’admire le travail abattu, revois la péloche un peu à la hausse avec sa bonne VO et concède de bonnes scènes d’action, ça reste « Ze Punisher », à savoir cet abruti vengeur à la Charles Bronson qui entrainera d’autres « succès damnés » aussi pénibles que fachisants. Et c’est d’un con… malgré de bonnes punchlines, on peine à comprendre ce copain alcoolo qui soudain veut sauver les enfants des mafieux. J’avais gardé en mémoire un passage débile – il l’est moins – à savoir cette embuscade dans un couloir jap’. Murs en papier, tripotée de yakuzas qui passent, ça mitraille depuis leur gauche, ça flingue depuis leur droite et ils tombent tous raides morts. A The Punisher et un autre gars de sortir indemnes de chaque côté, fusil mitrailleur au poing. D’après la mise en scène, le tir n’est pas croisé, ils auraient dû s’entretuer ! A la revoyure, faut bien regarder, mais il est bel et bien croisé. Bonne synchro ! Et Lungren joue comme un cochon, c’en est calamiteux, peu aidé qu'il est par une barbe de 3 jours peinte à a main. Le suédois est imberbe, donc.
Le film garde un statut, il fait partie de la petite histoire du film d’action, quoi qu’on en pense. Il reste un plaisir coupable, partagé en haut lieu je crois. Le Léon de Besson emprunta indubitablement son intro à celle-ci, et John Woo y a forcément pensé lorsqu’il balança CYF en rappel dans l’entrepôt de Hard Boiled. La scène d'action dans le port by night reste LE morceau de bravoure de ce Punisher-là. Revoir le Jeroen Krabbé des premiers Verhoeven en bad guy est plaisant, j’imagine que la japonaise sadique toute habillée de cuir doit rester dans un coin de mémoire de certains (isn't it, Red Nights ?) et la mise en scène est loin d'être naze. Pour archivage nostalgique, hein, ça reste un délire pour ados... 80's. Quitte à glorifier du bourrin 80's dopé au katana, suggérons à Ecstasy of Films le The Challenge de Frankenheimer : il prend de la bouteille çui-là !