Xavier Chanoine | 3.75 | Une comédie sociale extrêmement drôle |
Ceci dit, les vieilles valeurs peuvent ressurgir selon notre propre perception du film, puisque l'importance du mariage est tout de même évoquée avec une certaine assistance. Tout comme Ozu, les nombreuses séquences en intérieur, notamment dans les bureaux de l'entreprise, sont montrées comme des endroits de vie tout à fait quelconque, où l'on discute de tout. Certaines séquences se veulent même vraiment drôles, comme cette hallucinante scène du hoquet, ce mari pris en flagrant délit entrain de tromper sa femme et voulant à tout prix acheter le silence du témoin, ou ces petites phrases assassines d'une femme redoutable "J'invite, mais pas plus de 200 yens par tête". Ces femmes mesquines, selon la vision du cinéaste, pourraient se rapprocher des filles d'Ozu. Ces femmes modernes, dans le vent, vives et calculatrices au possible dans un film plus "libéré" voir "décoincé" apportent la plu value par rapport à un film d'Ozu, période couleur. Mais la comparaison s'arrête ici, Femmes de Champions est un véritable carrefour des coeurs permanant, où la jeune Kyoko suscite de nombreuses demandes en mariage de la part de ses collègues de travail. Universalité des thèmes? Possible. Le mariage, la famille, le travail mais aussi la corruption sont une fois de plus traités par Masumura (lequel glissera un terrible brûlot sur la corruption dans La voiture d'essai noire en 62). Et cette modernité est remarquable voir outrancière car le mariage de Kyoko s'arrangera autour d'une demie douzaine de bouteilles de bière, une modernité que l'on ressent aussi dans le cadre du film, très sixties dans l'âme où les jeunes filles et les jeunes hommes se donnent rendez-vous dans les bars de Rock A Billy, montrant ainsi les grandes influences occidentales. Et l'un des acteurs de reprendre dans un élan de rage "Sweet Heart Baby", encore une belle preuve de la vigueur et des contrastes du cinéma de Masumura. L'ensemble reste en revanche particulièrement cohérent, le film débutant et se terminant sur une cérémonie de mariage. On est encore très loin du Masumura provocateur, mais cette superbe comédie est un régal pour les sens.