H-angry ghosts
L'omniprésent (mais fort sympathique) producteur Daniel Yun se risque à miser un paquet d'argent sur une autre formule "phare" à marcher dans les cinémas singapouriens (autre que celui de la comédie): l'horreur. Confiant 1,5 millions de dollars singapouriens au jeune Kelvin Tong (le sympathique "Eating Air" avant ses catastrophiques "Love Story" et "1945"), mise sur un poulain confirmé – et remporte la mise, vu le grand succès réservé au film.
Il faut dire, que Yun ne laisse rien au hasard, en mêlant des ingrédients typiques de la culture singapourienne (la plupart des "bonnes" viennent effectivement des Philippines; le famuex mois des "Hungry Ghosts", etc) à celle du film d'horreur asiatique standard et en vogue actuellement (une pincée de "Ju-On", une autre de "Ring",…) et en sortant le film…en pleine période du mois des "esprits affamés". Eh ben voilà. Doté d'un budget confortable pour assurer des décors bétons et une machinerie sophistiquée, le réalisateur n'a plus qu'à emballer un produit tout formaté au succès local.
"The Maid" n'est donc pas mauvais en son genre, surtout que cet aspect de la culture singapourienne est relativement inédit pour le spectateur occidental; mais à force de compiler ce qui s'est déjà fait maintes fois par ailleurs, le jeu stéréotypé des personnages n'émeut plus personne. Surtout que la structure narrative souffre d'un relatif déséquilibre: alors que dans la première partie, Rosa est constamment harcelée par des apparitions de fantômes en tous genres (soit dans ses rêves, soit dans la réalité), la seconde vire tout d'un coup au polar post"6e Sens", dont les réalisateurs de partout dans le monde ne semblent pouvoir décrocher. Rien de bien neuf sous l'horizon, surtout que l'on voit venir les quelques "twists" de tellement loin, que leur arrivée effective agace, plus qu'il ne renouvelle l'intérêt pour le film.
Soit un film asiatique de fantômes de plus, sans saveur et – comble du projet – sans identité personnelle, malgré le pitch de départ alléchant.
(PS: Un second opus est en cours de pré-production et s'attacherait à recréer le Singapore de la fin du XIXe siècle et les relatives conditions "d'esclavage" des ouvriers philippins – voilà ce qui être intéressant avec un VRAI parti pris.
