Les aventures de Kayako et Toshio.
Dommage que Noël soit passé depuis quelques jours, les enfants auraient été tellement contents de trouver sous leur sapin toute une panoplie de jouets à l'effigie des fantômes de The Grudge 2. A l'instar de Barbie et Ken, Shimizu et ses innombrables producteurs visiblement sûrs du carton de leur dernier né ont réussi, involontairement, à créer une nouvelle tendance dans le paysage français, celle des produits dérivés, sans l'être vraiment. Vous me suivez? Non? Et bien allez voir The Grudge 2 pour comprendre là où je veux en venir.
The Grudge 2 n'est pas la suite tant attendue (l'attendait-on vraiment?) de l'auto remake de Shimizu, bien influencé par des producteurs véreux notamment Sam Raimi, valeur sûre pour beaucoup de fans de séries B. C'est plus la promotion du nouveau package "les aventures de Kayako et son petit frère Toshio" bientôt distribué à la Grande récrée. Dans ce package, on y trouvera tout et n'importe quoi afin de ravir les plus fervents amateurs des deux morpions. Dans l'édition simple figurera "Kayako dans les vestiaires des filles" où l'on pourra interagir avec cette dernière dans une petite cellule de douche, pour faire peur aux filles, tout ça. L'édition plus évoluée est à réserver au petit "Toshio s'amuse à faire peur dans les faux placards", fait avec du vrai bois de maison hantée. Toujours en quête du faux frisson, le package collector plus évolué et intelligent nommé "Toshio attend au seuil de la porte" n'attirera sans doute pas les foules, car comme dans le métrage, vous ne pourrez que l'asseoir devant une porte d'immeuble et le faire crier. Que les demoiselles prennent leur mal en patience, quelques jours après sortira "Kayako s'amuse avec la lampe" où le spectre aux cheveux gras pourra brancher et débrancher les prises de courant comme dans le film, le vrai! Pour ne rien vous cacher j'en frissonne d'avance. Comment ça, ça ne se voit pas?
Les pures amateurs laisseront de côté les jouets susnommés pour se ruer dans les salles obscures afin d'y trouver tous les ingrédients d'un film d'épouvante qui ne fait pas peur. Je dois bien dire que Shimizu m'a bluffé dans sa démarche de décomplexer un film de genre à tel point qu'il le rend amusant et grand-guignolesque au possible. Prenez une bonne quantité de films de fantômes, extirpez tous les clichés les plus fades ("attention, le fantôme il est derrière toi! Attention, dans la douche! Ah mon dieu il grimpe même au mur pour se cacher dans les coins!") et déposez les gentiment dans The Grudge 2 en prenant soin de bien grossir tous les défauts récurrents à ce genre de métrage. Prenez l'héroïne du premier opus, faites la crever gentiment et n'oubliez surtout pas de faire pleurer sa soeur. Maintenant, enquêtez un chouya dans la maison maudite, munissez vous d'un casque pour ne pas entendre les appels des fantômes, et faites vous maudire comme il était prévu. Balayez ensuite les personnages bis de l'histoire (pauvre Edison Chen), faites mourir deux trois adultes, et faites disparaître une jolie étudiante nippone (Uno Misako) sur un lit, à la manière de l'illustre Freddy. Vous obtiendrez alors un mélange homogène de tout ce qu'il ne faut pas faire dans un film d'épouvante.
Attention aussi à la réalisation de votre produit. Evitez le montage court et le hors champ. Assumez le rôle des fantômes et si possible, rendez les méchants. Entre nous, Kayako et Toshio passent plus leur temps à nous casser les oreilles plutôt que d'aller droit au but. Si par hasard l'effet de peur escompté ne se produit pas, accompagnez l'ensemble de bruitages terrifiants, de gargouillis en tout genre et faites rugir votre installation cinéma. Au pire des cas si il ne se passe toujours rien, montez le volume encore plus fort, comme dans les vraies salles de cinéma. Il y aura ceci dit, toujours quelques obstacles à la réalisation de votre mauvais film d'horreur, comme une ou deux séquences beaucoup trop flippantes, ou un rejet de lait malvenu qui sera uniquement apprécié par les amateurs de vomit gore.
Shimizu n'a jamais été aussi mauvais qu'avec le nouveau remake de son propre Ju-on : The Grudge 2, qui en plus de décrédibiliser totalement un univers intéressant, le rend particulièrement grotesque, régressif au plus ou point et poussif comme jamais. N'allez pas voir cette daube pour chercher l'effroi. Rabattez vous sur le Fragile de Balaguero pour connaître la sensation d'un film d'épouvante réussi et beau. The Grudge 2 c'est à peu près l'opposé.
Esthétique : 3/5 - Bonne mise en scène. Mais le fond est si mauvais...
Musique : 3/5 - Des thèmes angoissants et réussis. Bruitages efficaces, comme d'habitude...
Interprétation : 2.5/5 - En dehors de certaines compositions clichées et ringardes, l'ensemble tient la route.
Scénario : 0.5/5 - Trois histoires parrallèles, trois fois plus d'ennuie, trois fois plus de ridicule.
C’est bon, on a compris…
Soit une maison hantée,
Mais attention, pas n’importe laquelle, la maison la plus hantée du Japon !
Une maison que l’on soupçonne être à l’origine de plusieurs décès mystérieux,
Mais qui n’est entourée que par un simple bandeau jaune de la Police, le portail et la porte restant bien sûr accessibles à tout quidam un peu curieux (normal, sinon ça serait pas drôle),
On y vient pour se faire peur, parce que parait-il, on y voit des fantômes bleus dans le placard ou qui prennent leur bain,
Des fantômes qui font de drôles de bruits,
Une maison très appréciée des américains expatriés,
Mais bon, qui finissent par mourir dans d’atroces souffrances,
Ce qui éveille l’intérêt de leur entourage, ainsi que la police et des journalistes,
Qui entrent à leur tour dans cette foutue maison hantée,
Qui voient à leur tour les fantômes,
Qui meurent à leur tour dans d’atroces souffrances,
Puis qui attirent d’autres curieux, quelques années plus tard
Qui entrent à leur tour dans la maison,
Et qui voient aussi les fantômes (si si, les mêmes, z’ont pas bougé !)
Puis qui meurent dans… CA SUFFIT OUI ?