Flic, flock, c'est faciiileuh...
... Flic, flock, d'avoir du styyyleuh, on s'éclate, on danse le fl... ah tiens non.
« The Flock » signifie en français « le troupeau ». Quel troupeau ? S’agit-il de toutes ces femmes enlevées, traitées comme du bétail, violées puis abattues, quelque part dans le désert ? Ou bien parle t’on d’une meute de loups sauvages ne vivant que pour le mal, des raclures en perdition arrêtées ou non, soignées ou pas, susceptibles de commettre à nouveau l’irréparable ? Au milieu se trouvent l’agent fédéral Erroll Babbage, joué par un
Richard Gere vieillissant qu’on n’a paradoxalement rarement vu autant en forme, et Allison Laurie, alias la belle
Claire Danes, sa future remplaçante, qui n’a jamais eu besoin des effets spéciaux de
Stardust pour briller en toute circonstance. Ils sont aidés d’une
Avril Lavigne de passage et d’un
Ray Wise en renfort. Tous dans le ton.
Bonne surprise que ce thriller, à priori à cataloguer dans le « de seconde zone » avec son scénario en forme de véhicule semi-engagé pour acteur en quête de respectabilité et sa phrase d’introduction typique vous assenant les chiffres accablants des « missing people » en Amérique. Très mode s’il en est. Mais peut être efficace après tout. Beaucoup trouveront cette pellicule assez convenue, ce qu’elle est, en partie, parce qu’on n’échappe pas à quelques scènes stéréotypées, parce que la mise en scène d’
Andrew Lau use d’effets tape à l’œil inutiles et parce que la trame suit son petit bonhomme de chemin sans trop de surprise. En cela justement le film est appréciable : pas de retournement de situation rocambolesque à la
Contre-enquête (le frenchy hein, pas le
Sidney Lumet) ni de « droit de tuer » clamé haut et fort après une démonstration sensitive toute aussi forte, ces films dits de divertissement qui se mettent soudain à jouxter des idées qu’on voit passer dans nos informations nationales, le tout saupoudré d’une toute aussi soudaine apparition de
Robert Badinter venant (tenter de) remettre les pendules à l’heure
(*). L’enquête n’est là qu’un fil rouge où dialoguent, débattent, interagissent et, donc, construisent nos deux héros, deux personnages fort bien écrits d'ailleurs. Lui sur la corde raide, paranoïaque par la force des choses et extrême dans ses actes – il est bluffant lorsqu’il empêche deux loustics de se rouler des palots dans une cafétéria - ; elle encore un peu neuve, pas bridée – contrairement au réalisateur tiens – et qui, petit à petit, va se laisser convaincre et… et non, même pas, elle ne lâchera rien de ses principes ni ne pensera « tu avais raison » en s'en allant zigouiller du malfrat au fusil à pompe lors d’une ultime boucherie. Du courage elle aura, bonté gardera et espoir fera vivre lors d’un final émouvant, un peu d’ailleurs en forme de pied de nez à celui du
Seven de
David Fincher. Aux malfrats d’être déjà damnés, au pardon de se manifester par une pitié ravageuse et à nos héros d’aller de l’avant fièrement. Une vraie réflexion citoyenne, responsable et optimiste est palpable sur la brève dernière scène du métrage.
Plus techniquement, Andrew Lau est l’un des réalisateurs hong kongais à le mieux réussir son absorption dans le paysage US. Ca n’est pas surprenant, son style et ses thèmes sont les plus occidentaux qu’on n’ait jamais vus dans l'ex-colonie. Impossible de deviner qu’un chinois est derrière ce film. Car Lau – et non pas
Lau Kar Leung tiens, hop un p'tit jeu de mot pourri au passage - s’efface complètement derrière son scénario et ses acteurs. Ici il se contente de conter, et il le fait raisonnablement bien, sans doute porteur sans trop le savoir de notre message particulier du jour. Possible ça est, reconnaissons-le. Mais peu importe...
(*) France 2 au JT de 20H le 07 janvier dernier : Badinter se positionnait contre un hypothétique alourdissement de peine pour des délinquants sexuels sur le point de sortir de prison, des psychologues décidant de leur sort peu avant. (Pour les curieux)