Un sourire suffit
L’Arc, dernier film de Kim Ki-Duk, a - c’est une première - reçu un accueil assez négatif des critiques. Plusieurs reproches récurrents se retrouvaient dans les divers avis et il faut bien admettre que beaucoup sont justifiés. Alors, L’Arc est-il un mauvais film ? Réponse immédiatement.
Kim Ki-Duk est surtout connu en France depuis son très remarqué Printemps, Eté, Automne, Hiver… et Printemps. Il faut dire que le film a reçu un accueil des plus chaleureux et est parvenu à cumuler plus de 300.000 entrées chez nous. C’est à partir de là que l’on a pu constater un sérieux intérêt de la part du grand public pour le cinéma coréen en France. Depuis, chaque nouveau film de Kim Ki-Duk est présenté comme "le nouveau chef-d’œuvre du cinéma coréen". Sont sortis sur nos écrans quelques films antérieurs, tels que The Coast Gard ou Address Unknown. Mais ce sont surtout les nouveaux films de l’auteur qui sortent très vite chez nous. Ainsi suit Samaria, film traitant de la prostitution des adolescentes. Le réalisateur recevra l’ours d’argent du meilleur réalisateur à Berlin. Vient ensuite son meilleur film à ce jour : Locataires, sublime film épuré (et presque muet). Ce dernier lui vaut le lion d’argent à Venise.
En quelques années seulement, Kim Ki-Duk a su s’imposer dans les plus grands festivals. Il a déjà été nominé 40 fois et a remporté de très prestigieux prix. Le réalisateur a su trouver un style qui lui est propre mais a surtout une méthode de travail particulière. Son rythme de tournage est très soutenu : plus d’un film par an en moyenne. Le réalisateur tourne vite, vraiment très vite. Deux semaines pour Samaria, deux semaines pour Locataires, trois semaines pour L’Arc. Comment fait-il ? C’est simple : disposant de peu de moyens, le tournage ne souffre donc déjà pas de la lourdeur d’une grosse production. Ensuite, le réalisateur écrit son scénario de manière précise et fait un usage important des story-boards. Enfin, il a une direction d’acteurs très précise et se refuse à faire plus de prises que le minimum nécessaire.
L’Arc, tourné en trois semaines, est un film très plaisant. Cela ne veut pas dire qu’il soit dénué de défauts, loin de là. Le film est tout d’abord très bien réalisé. Il est quelque peu surprenant de constater que beaucoup de scènes sont filmées de manière absolument brillante, malgré des conditions de tournage extrêmement délicates. Ainsi, les premiers plans du film sont déjà particulièrement marquants. De plus, le montage de ces scènes s’avère particulièrement soigné. Très plaisant également : le jeu de l’actrice principale. Ici, on reprend la recette testée dans Locataires : les personnages principaux sont muet. Il ne faut donc pas espérer entendre le son de la voix de cette charmante actrice, déjà aperçue dans Samaria.
L’Arc, s’il est un film particulièrement esthétique, tranche des autres films de son auteur par certains points. Tout d’abord, ce film ne présente presque aucune originalité particulière par rapport aux précédents films de Kim Ki-Duk. L’auteur a su faire preuve de beaucoup d’originalité dans le passé mais toutes les idées principales de ce film sont directement reprises des œuvres antérieures.
Ensuite, L’Arc semble être un Kim Ki-Duk édulcoré. Le réalisateur semble ici prendre des pincettes pour faire de ce film une œuvre plus abordable, moins virulente que les précédentes. C’est assez surprenant quand on sait à quel point Kim Ki-Duk a pu être cru dans ses films précédents. Le réalisateur n’a jamais vraiment fait de concessions et n’a jamais hésité à montrer la violence de manière froide et réaliste, que ce soit sur ses personnages ou sur des animaux. Ainsi, c’est un père qui bat à mort un homme qui a couché avec sa fille sans Samaria, un homme qui tente de se suicider en introduisant des hameçons dans sa gorge pour ensuite tirer violemment sur le fil de pêche auquel ils sont reliés dans L’Ile, une femme qui fait de même mais au niveau du vagin dans le même film, et bien d’autres violences sur des animaux qui seront découpés, frappées, ou qui serviront de pinceau (excellente scène où le moine se sert de la queue de son chat pour écrire dans Printemps, Eté, Automne, Hiver… et Printemps).
L’Arc est un film qui diffère des précédents Kim Ki-Duk de par le fait qu’il n’est jamais emporté ou déchaîné pour exprimer une idée ou montrer un fait. D’ailleurs, il n’y a pas vraiment d’idée exprimée ici. En fait, L’Arc est vidé de toute substance. Il ne reste que son lyrisme, point fort des précédentes œuvres de l’auteur. Malheureusement, les effets sont ici déjà vus ou trop grossiers. Certes, le film peut sembler contenir beaucoup d’originalité à quiconque découvrirait tout juste Kim Ki-Duk. Mais tout ici n’est pourtant que recyclage édulcoré dans le meilleur des cas et poésie grossière dans le pire.
Le film est pourtant plaisant comme je le disais plus haut. Plaisant car le recyclage d’effets déjà vus n’en fait pas un mauvais film pour autant. Plaisant parce que le sourire de l’actrice justifie à lui seul ce film. Plaisant parce que Kim Ki-Duk est incontestablement un très bon réalisateur. Mais L’Arc est un film également très agaçant pour quiconque connaît les principales œuvres de son auteur. Il est dommage de trouver dans ce métrage moins de force, moins de conviction, moins de motivation que dans les précédents. Il est dommage également que les effets ne suscitent pas l’admiration mais plutôt des réflexions telles que "ah, mais ça sort tout droit de tel film, ça !" ou "oh, ça aussi, ça vient de là !"
Quant aux quelques originalités que propose L’Arc, il faut avouer qu’aucune ne rivalise en qualité avec les trouvailles surprenantes des précédents films. Ainsi, les scènes où le vieillard se sert de son arc comme instrument de musique sont peu convaincantes dans la mesure où l’effet passe difficilement (la musique que l’on entend n’est absolument pas synchronisée avec les mouvements exercés sur l’arc) et est utilisé de manière exagérée et bien trop répétée. Que dire si ce n’est que le défaut principal de ce film est de trop tirer sur la corde des effets faciles ou peu concluants ?
Au final, non, on ne s’ennuie certainement pas en voyant L’Arc. Le film n’est pas mauvais, loin de là. Pourtant, beaucoup de critiques ont été négatives et il faut avouer que leur argumentation s’est avérée bien souvent être judicieuse. Car, oui, Kim Ki-Duk semble ici avoir été en mal d’inspiration. Pire que cela, il semble ici avoir souhaité arrondir les angles en livrant une œuvre certes plus accessible mais nettement moins emportée et donc vivante que les précédentes. Il n’en reste pas moins un film aux très belles images et une actrice dont le sourire suffit à vous envoûter pendant toute la durée du film.
Mal visé
Petite déception au tournant de ce nouveau film de Kim Ki-Duk. Une idée est bien développée dans ce film : l'ambiguïté des sentiments de la jeune fille, qui hésite entre le vieillard qui l'a recueilli, un peu trop protecteur, et le garçon qui peut lui montrer le monde. Même si les relations avec le vieil homme se dégrade, elle ne peut pas oublier que c'est lui qui l'a recueillie, élevée et aimée du fond du coeur. Mais outre cela, le film n'est qu'une suite d'événements au début intéressant, mais assez vite lassant ; la musique est sympathique, mélange de piano, guitare et d'un instrument traditionnel (dont je ne connais pas le nom) mais tourne vite en rond et force un peu trop sur l'effet dramatique. Par ailleurs Seo Min-Jeong est formidable, et arrive à bien faire ressortir les sentiments au travers de son silence. Mais malheureusement, l'attention n'a pas suivi d'un bout à l'autre du film et c'est plutôt dommage.
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La synthèse des critiques publiées sur ces pages résume bien ce que je pense de ce film : l’Arc est une œuvre poétique s’insérant dans la droite lignée de l’univers de Kim Ki-Duk, une œuvre belle et charmante tant pour les yeux que pour le cœur, mais c’est aussi malheureusement une redite complète de toute sa filmographie qui tend vers le doublon pur et simple. Ce bateau en pleine mer, lieu isolé du monde moderne qui transfigure l’appréhension de la vie par les personnages qui y habitent, c’est par exemple l’équivalent flagrant du camping flottant de l’Ile, du temple sur le lac de Printemps…, des appartements squattés de Locataires, de la frontière Nord-Sud de Coast Guard, de la base militaire US d’Adresse Inconnue. Cette jeune femme muette en mal d’amour (magnifiquement interprétée par la très troublante Seo Min-Jeong), c’est aussi le sosie de la gérante de camping de l’Ile, de la petite nymphomane de Samaria, de la jeune prostituée de Bad Guy, de la fille à l’œil blessé d’Adresse Inconnue.
En attendant que Kim Ki-Duk décide à se renouveler quelque peu, on se repassera en boucle la scène finale, d’un degré d’émotion rarement atteint au cinéma : l’illustration sublime de la disparition d’un pan de sa vie, d’une page qui se tourne pour ouvrir la voie à de nouvelles aventures synonymes d’émancipation, d’acquisition d’expérience, bref de maturité. Un moment magique à couper le souffle.
Kim Ki Duk prend l'eau...
Après le retour en forme de Locataires, Kim Ki Duk déçoit avec l'Arc en offrant un film raté n'apportant strictement rien à sa filmographie. On n'a rien contre l'autorecyclage, l'autocitation vu que le retravail du meme peut parfois permettre à un cinéaste de renouveler son inspiration. Mais force ici est de constater qu'on ne trouve rien dans le film que le cinéaste n'ait déjà traité de façon plus inspirée. Petit inventaire en vrac des reprises. Du lieu flottant isolé du monde, de l'hameçon en descente de l'Ile. Du dispositif voyeur déjà vu dans Bad Guy. Des personnages peu bavards créateurs d'un certain burlesque évoquant Locataires. Et enfin de la référence bouddhiste renvoyant à Printemps, été, automne, hiver et printemps. Mais l'alchimie du duo d'acteurs principaux est loin de fonctionner aussi bien que dans un Locataires.
On savait que le passé professionnel de peintre du cinéaste pouvait risquer de le faire sombrer dans le beau plan pour le beau plan et de ce point de vue la mise en scène de l'Arc ne fait qu'amplifier les travers de Printemps, été, automne, hiver et printemps. Les gros plans cadrés de façon esthétisante se font ici récurrents tandis que les scènes cadrées en plan large sentent la carte postale touristique, le cliché visuel de cinéma de festival. Qui plus est, Kim Ki Duk se vautre à plusieurs reprises dans une poésie publicitaire: le vieil homme jouant du violon sur le bateau, les plans récurrents de balançoire sur l'eau, la jeune femme avec une robe traditionnelle coréenne et un casque de walkman... Le tout n'est pas tiré vers le haut par un score écoeurant de mièvrerie.
D'où un Kim Ki Duk où le talent du cinéaste s'est totalement dilué dans un certain formatage festivalier. Ce dernier redressera peut etre la barre prochainement et incessamment sous peu. Mais son rythme de tournage frénétique et son incapacité chronique à dépasser ses limites en tant que cinéaste ont fait de lui une sorte de sur-Miike coréen. Soit un cinéaste alternant hauts et bas avec des hauts plus hauts que ceux du Japonais mais loin d'etre du grand cinéma. Et à ce stade de sa carrière on attend bien mieux d'un tel cinéaste...
Touché en plein coeur. D'une sidérante beauté
Kim Ki-Duk est définitivement l'un des cinéastes les plus fascinants que j'ai pu découvrir dans le paysage cinématographique Sud-Coréen. Pourquoi? Une question de style peut-être, ou d'approche de style, dans la mesure où la plupart de ses métrages ne laissent jamais indifférents quelle que soit leur qualité intrinsèque. Bon ou mauvais, il y a toujours quelque chose à raconter, à souligner voir même à analyser jusque dans les moindres détails. Et justement dans L'Arc, mes émotions n'ont pas cessé de se contredire même si mon coeur a définitivement basculé vers les bons côtés, tout simplement parce que L'Arc m'a touché comme seul Bad Guy l'avait fait. Même si Kim Ki-Duk ne prend pas le risque de révolutionner son style (et pourquoi le ferait-il d'ailleurs?), il réussit à mettre en image ses délires et sa vision des choses (l'amour, la mort...une récurrente) par le biais d'un récit d'une vraie simplicité, évoquant la douceur du temps qui passe d'un très réussi Printemps, Eté, Automne, Hiver... et Printemps et l'infinie douleur morale et physique de L'ile.
L'Arc prend lieu et place sur un bateau de pêche, et pas ailleurs. Pourtant, à aucun moment la lassitude s'empare de nous et pour plusieurs raisons. La maîtrise de l'espace et la variété de la mise en scène réussissent à renouveler sans cesse le décor, à le rendre plus grand qu'il n'est tout simplement grâce à la douceur et l'extrême pudeur de l'objectif. Il réussit à capter la large palette d'émotions que dégage la magnifique Seo Min-Jeong, littéralement éblouissante de beauté (et je pèse mes mots) de part son regard qui en dit long sur ce qu'elle ressent et la tristesse qu'elle tente de masquer malgré son envie de quitter le navire pour voir d'autres horizons. Son personnage est complexe, accepte puis rejette son protecteur pour des raisons qui lui sont propres. L'on ne saurait trop quoi dire face à un tel cas de figure où l'amour et la haine se côtoient finalement naturellement (elle ne veut pas faire l'amour avec ce vieux pêcheur, mais lui veut pourtant son bonheur après la séquence de tentative de suicide, l'une des plus belles scènes de toute la filmographie du cinéaste) et c'est dans cette parfaite synergie que Kim Ki-Duk trouve ou retrouve l'essentiel de son cinéma, où le réalisme cru de certaines séquences côtoient des moments surnaturels notamment lors du dernier quart d'heure absolument extraordinaire. Du grand Kim Ki-Duk, à cet instant.
D'emblée, soyons clair : "L'arc" est un mauvais Kim Ki-Duk. Mais après réflexion, le fait est que dans un sens, il a le mérite de l'être.
Parcequ'après "Locataires", enchaîner en si peu de temps sur une nouvelle (très) belle surprise aurait été un phénomène quasi-surnaturel. Parceque Kim Ki-Duk, on le sait, n'est pas un grand maître du cinéma. Et puis parceque le bouddhisme, encore et toujours ; "L'arc" est donc le film qui réequilibre la balance des choses, en quelque sorte.
Et à y regarder de plus près, ce constant air de "déjà vu avant en mieux" qui s'en dégage, ces thématiques et symbolismes lâchement inexploités, cet humour et cette tragédie kitsch ; tout cela ne sent-il pas l'auto-caricature ?
Tout ce que l'on peut souhaiter, dès lors, c'est que Kim Ki-Duk puisse refaire surface au prochain coup avec un film plus inspiré.
En attendant, on pourra se pencher sur le cas du dernierSong Il-Gon, peut être le seul véritable joyau de la romance coréenne cette année.
Dommage!!!
Un film qui commence plutôt bien mais qui par la suite ne cesse de se carricaturer. Un réalisateur qui cherche à nous convaincre sans jamais y arriver, une bande son insupportable, bref, beaucoup trop de lourdeur, un mauvais Kim Ki Duk, dommage!
Emouvant
Difficile de croire à cette moyenne de notes lamentable pour ce nouveau Kim Ki Duk. Pourtant, tout y est. Belle réussite que d'arriver à nous faire rêver une heure et demi en tournant des scènes uniquement sur un bateau. Actrice émouvante, avec un visage toujours aussi expressif que dans Samaria. Et pour une fois, Kim Ki Duk ne s'intéresse pas seulement aux sentiments de jeunes et d'adultes, mais également aux sentiments amoureux d'un vieillard. Vraiment un film très touchant.
Un air un peu vide
Quelques plans, deux expressions d’un homme et le sourire d’une jeune fille suffisent pour que l’on ait compris le film. L’utilisation de l’arc par une main forte et tendre, le regard doux et mystérieux de la jeune fille véhiculent l’essence même de l’œuvre.
Kim ki-duk semble avec ce 12ème film filer une trame un peu trop éculée, dont le réseau métaphorique et poétique ne vient pas à bout du trop prévisible : l’arrivée du jeune garçon, brisant le continuum sentimental du couple, la relation entre ce garçon et la fille engendrant la colère, meurtrière à son paroxysme, du vieil homme, le comportement des pêcheurs, et le départ nécessaire de la fille.
Même si certaines scènes font état d’une recherche esthétique, l’artiste perd le cinématographique dans le pictural (provenant de son expérience de peintre), et donne au film des allures parfois publicitaires.
La beauté attachante de Seo Min Jeong ne sauve pas L’Arc d’une fin laissant plutôt perplexe, dont la musique faisant sourire lui donne cette étrangeté qui lui va si mal.
Kim ki-duk fait preuve de maîtrise et de poésie mais donne, par un manque flagrant d’inspiration, à son film à l’allure mythique un air un peu vide.
Parsemé par quelques bonnes idées, les scènes de voyance ou la corde au coup liée au bateau, et ne penchant pas dans le manichéisme, complexité de la relation entre le vieil homme et la fille captive (même si l’on se demande qui est le vrai captif et si elle l’est véritablement), L’Arc est un film ne dépassant pas les barrières du déjà vu.
Un nouveau Kim Ki-Duk qui s'inscrit dans une lignée de films pas assez renouvelée.
De très belles images, certes, mais une envie de tapper dans la poésie qui se voit trop. C'est donc assez grossier par moments, on y ressent trop d'esthétisation, à l'image déjà d'un "Locataires" qui allait dans ce sens...
Malgré tout, la griffe de ce réalisateur hors-pair parvient encore une fois à nous faire oublier ces écarts et à donner au film toute son atmosphère mystérieuse et envoutante.
Une demoiselle sur une balançoire
Ce qui est étonnant avec KIM Ki-Duk c’est la cadence de tournage qu’il s’impose, alors même qu’il propose à chaque fois des œuvres qui prennent largement le temps de développer une histoire.
L’ARC ne faillit pas à cette règle. Il s’agit d’une sorte de conte sur un étrange triangle amoureux, avec pour décor unique un pauvre bateau perdu au milieu d’une mer tranquille. On retrouve les thèmes chers à l’auteur, réminiscences de ses films précédents, et le parti pris de traiter encore le même genre de sujet peut sembler hermétique à une partie des spectateurs. Pourtant, la grande force du cinéaste est d’arriver à contourner les limites de ce décor limité, qui plus est au service d’un scénario fort succinct. Entre émotion et humour en pointillé, le cinéaste parvient à développer cette fable au fil de l’eau sur l’impossibilité de toujours tout prévoir, et de vivre en dehors du monde.
Déjà, la dimension esthétique saute aux yeux, parfois jusqu’à l’excès, succession de plans sublimes richement colorés : une demoiselle sur une balançoire au fil de l’eau, un vieux tireur à l’arc très photogénique, des vues maritimes incitant à la contemplation,autant d’exemples très représentatifs du style KIM Ki-Duk. On est toujours à la limite du « je me regarde filmer », mais l’intrigue parvient à maintenir la cohésion de l’ensemble.
Car cette histoire d’amour entre un homme au seuil de sa mort et une jeune fille en fin d’adolescence peut se lire d’au moins deux façons, et le réalisateur ne s’en prive pas.
Ainsi, l’amour paternaliste et protecteur du vieil homme pour sa protégée est on ne plus sincère et empreint de pureté, mais l’arrivée du jeune et séduisant pêcheur qui troublera fortement la fille, est aussi une façon de voir l’acte du septuagénaire sans aucun romantisme, celui d’un kidnappeur d’enfant sans scrupule. Cette construction rappelle le meilleur film de Pedro ALMODOVAR : « PARLE AVEC ELLE ».
KIM Ki-Duk sépare aussi parfaitement les deux univers, celui du couple initial se passe complètement de paroles, si ce n’est celle susurrée à l’oreille lors des séances de divination par l’arc, et celui du monde extérieur « normal » représenté par le jeune visiteur, un peu plus loquace.
THE BOW bénéficie d’une jolie interprétation : face à l’impeccable vieux marin mutique, SEO Min-Jeong prête son physique au charme troublant et ambiguë à la jeune fille, rappelant son rôle précédent pour SAMARIA, un étrange sourire figé sur ses lèvres charnues. Le troisième héros est plus passif, sorte de témoin/révélateur des bouleversements de l’histoire en cours.
Riche de sonorités inédites, la musique accompagne parfaitement les images.
Si L’ARC s’avère moins novateur que ses prédécesseurs immédiats de 2004, à savoir LOCATAIRES et surtout l’époustouflant et très noir SAMARIA, il est cependant empreint d’une plus grande légèreté que PRINTEMPS, ETE… film dont il se rapprocherait le plus dans la filmographie du coréen. Moins solennel et académique que ce dernier, plus souriant aussi, il sait être profond sans trop plomber le propos.
L’ARC devrait en tous les cas trouver une belle audience à sa sortie, représentatif de cette veine apaisée et poétique d’un metteur en scène en pleine maturité artistique.
moyen
Je dois dire que pour moi, Kim Ki-Duk est le plus intéressant et le meilleur réalisateur coréen du moment . Il divise, intrigue, ne laisse personne indifférent et son cinéma est assez subversif ... Au vu des critiques négatives sur le net, la presse, je m'interrogeais ; mais le film n'est pas si mauvais que cela, il se laisse regarder avec un certain plaisir, peu de dialogue, beauté des décors et de la photo ... Pas le meilleur du réalisateur, un loupé, mais on peut compter sur Kim Ki-Duk pour rattraper la balle au prochain rebond .