La Nature du plus fort
Suite aux succès probants de ses "comédies (d'action) "Extra Legal" et "7 Prajanban" (aka "Heaven Soldier 7" ou 7 "Street Fighters"), le réalisateur Chalerm Wongpim se voit attribué un budget conséquent des puissants studios de la Sahamongkol pour mettre en image l'ambitieuse histoire du fantôme de "Takin".
De croyance bouddhiste, des très nombreux thaïs croient également à "l'animisme", croyance selon laquelle la nature est régie par des âmes et des esprits. "Takien" est donc l'incarnation de l'esprit d'une forêt, déboisée et noyée sous les eaux pour les besoins de la construction d'un barrage. Un thème assez fort pour la communauté thaïlandaise, vivant en étroit lien avec la Nature et remettant perpétuellement en question les bienfaits/méfaits de la modernisation pour le "progrès économique". Le film interroge du coup également les conséquences de l'urbanisme sur l'environnement…Sans parler, que la dernière partie présage de manière assez funeste le terrible tsunami à venir en fin 2004. Bref, des thèmes très forts pour un résultat très peu convaincant. "Katien" reste avant tout un film purement commercial, mis en scène par un auteur populaire et produit par l'incarnation même des films à grands publics.
Sauf que Wongpim se plante lamentablement à donner corps à l'histoire. La (sempiternelle) faute à un rythme très inégal, qui donne des surprenants coups d'accélération (séquence d'introduction sympathique sur des chapeaux de roues; fin apocalyptique) entre des looooongues parties d'ennui. Le triangle amoureux dramatique se marie très mal avec le film d'horreur et au lieu de tenter 'innover dans le genre, Wongpim se contente d'accumuler les clichés les plus éculés du genre pour ponctuer les apparitions et méfaits de sa mauvaise fée clochette. Un ratage d'autant plus décevant, que le film intègre des magnifiques séquences sous-marines, où les héros plongent au milieu de la forêt noyée sous els eaux. Un terrain, qui aurait été propice pour des superbes mises en scènes (on n'ose imaginer un Argento au plus fort de sa créativité à la réalisation) et autres "mises à mort". Mais non: le fantôme apparaît soudainement entre deux arbres et les plongeurs nagent à toute vitesse pour tenter de lui échapper avant de manquer d'oxygène…
Autre surprise: deux ou trois plans particulièrement gores, dont une balle dans la tête (séquence totalement gratuite) et une mise à mort par des tentacules, qui se forcent un chemin à travers un crâne.
Dans le rôle de Witthaya, l'énorme vétéran Sorapong Chatree fait une nouvelle fois regretter l'aura et le charisme des productions de sa jeunesse – et souligne la fadeur des générations nouvelles, comme celle de Nantawat "Tor" Kamthong (Lady Look-tung, Rainbow).