A voir 
Vu en novembre 2002 dans un bus thailandais entre Nakkon Ratchasima et Bangkok => j'ai raté la première heure et le film était non sous-titrés :-)
Pourtant j'ai bien accroché avec cette grosse production aux images magnifiques. Espérons qu'il sortira en France...
Une fresque riche visuellement et humainement
Ce film étant la plus grosse production jamais réalisée en Thailande, il a souvent été accusé de surfer sur la vague "Bang Rajan", voire d'avoir été réalisé pour plaire aux étrangers. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il s'agit de préjugés purs et simples car le résultat est un film d'une bonne qualité globale et d'une certaine subtilité.
Loin de moi l'idée que "Suriyothai" est un film parfait. Le début du film souffre d'une légère tendance à nous embrouiller: il y a énormément de personnages à mémoriser, avec les relations sociales complexes qu'il y a entre eux, et étant donné que les scènes de présentation sont assez courtes, on a dans ce début l'impression de quelque chose de haché, ce qui induit une certaine confusion. On peut aussi imaginer que la difficulté de mémoriser les personnages vient aussi du fait que, n'étant pas habitué à la langue, le spectateur étranger a du mal à mémoriser les noms de lieux ou de personnes, ce qui ne doit pas poser de problème à un thailandais, qui connait certainement déjà plus ou moins l'histoire (j'essaie d'imaginer un thailandais voyant un film équivalent avec des noms français à rallonge!)
Cependant, si on ne se laisse pas décourager par la première demi-heure - le film dure bien 3h30 - passé ce début (nécessaire) le jeu en vaut vraiment la chandelle. La bande-annonce pouvait laisser présager un film qui mise sur le spectacle (les scènes de batailles sont impressionnantes), mais le film est en réalité plutôt intimiste. Toute l'histoire tourne autour des relations entre les personnages, des intrigues de pouvoir.
Les personnages sont d'ailleurs assez développés. On peut même dire qu'ils sont assez subtils, sans pour autant que l'objet soit de faire un film psychologique. Les thèmes sont abordés avec une certaine humanité et les personnages évoluent de façon très crédible au cours de l'histoire. Au final, on a même du mal à en détester un seul car tous, même les plus cyniques, possèdent des faiblesses qui les rendent humains, même le personnage haut en couleur de Srisudachan. Quant à Suriyothai elle-même, l'actrice a su trouver le ton juste, elle ne manque pas d'une certaine noblesse, sans pour autant être froide.
Du point de vue philosophique, on retrouve l'esprit qui caractérise pas mal de films asiatiques: la recherche d'un leader pour ramener la paix, que ce leader soit "bon" ou "mauvais", le principal étant de rétablir un équilibre. Cette philosophie est différente de celle prônée dans les films occidentaux, où un leader qui prend le pouvoir par des moyens malhonnêtes doit obligatoirement être puni. "Suriyothai" démontre une fois de plus que le pire fléau d'un peuple ne trouve souvent pas sa source dans les aggressions extérieures, mais bel et bien dans les déchirements internes...
Au final, un très beau film, dont les personnages sont à la hauteur de la richesse visuelle (qui est assez exceptionnelle, il faut le dire), et de la qualité de scènes de batailles toujours très réalistes.
ROYAL !!!
- Critique de la Version remontée par Francis Ford Coppola = ca. 120 mn -
Imposante reconstitution historique, le réalisateur narre - année après année - l'évolution du royame d'Ayathuia, lorsque la princesse Suriyothai était mariée au Prince Tien, prétendant au trône.
Le travail de reconstitution est absolument grandiose et minutieuse jusque dans les moindres détails. Pour ceux, qui s'intéressent à la Thaïlande ou ont déjà eu l'occasion de se rendre sur place (sans rester aux seules plages touristiques...), voir ce déluge de costumes et de décors ressuscités pour le besoin du film ne peuvent que s'émerveiller ! Sans parler des scènes tournées dans les décors réels, tel que le somptueux Ancien Palais situé à Bangkok !!!
Sans parler du nombre de figurants; on dirait que la moitié de la Thailande a été mobilisé pour les besoins du tournage.
Quant à l'histoire, difficile à suivre pour celui qui n'est que peu affilié à l'histoire du royaume de Thaïlande. Beaucoup de personnages et de noms de lieux difficilement assimilables sans répères. D'autant plus, que la version fortement raccourcie par Coppola va droit à l'essentiel et se fait suivre à un rythme effréné les années riches en évenements de la période retracée.
En route se perdent d'ailleurs bon nombre d'émotions et d'identification aux personnages. Les principaux traits de caractère y sont, mais la richesse des évenements ne laisse que peu de place au développement des personnages et rend l'ensemble quelque peu stérile.
Une fois le visionnage de cette version terminée, on ne demande d'ailleurs qu'à regarder la version longue, tellement le spectacle en vaut le coup d'oeil et tant les personnages sont riches et seraient être intéressants à voir développés.
Ne vous meprenez pas sur cette note : elle ne doit qu'à la version courte et du développement insuffisant des personnages; le film reste un spectacle monumental, hyper-enrichissant concernant une période Historique importante et dont nous ne connaissons que trop peu de choses et pleine de scènes d'action jouissives. Les affrontements sont particulièrement sanglants et l'utilisation des éléphants trouve ici leur pleine explication...
A noter, que la seconde tentative d'invasion des birmans sera finalement couronnée de succès...mais n'adviendra que 200 ans plus tard (fin XVIIIe).
