Grand maire
Amis de films catastrophes, grands spectacles et attaques animalières, soyez rassurés: mon résumé du film crée un faux suspense: EVIDEMMENT, qu'il va y avoir de la petite vaguelette tournée en gros plan, des décors en carton mâché et automobiles en plastoc au programme pour vous divertir…
Mieux que cela: pour écrabouiller la concurrence (et notamment "2012" et "The day after" de ce vaurien d'Emmerich, comme le disait si bien le réalisateur au cours de sa tournée promo chinoise), Feng Xiaogang parsème son film de scènes totalement inédites jusque-là…Ainsi le super-maire va-t-il à la fois sauver la vie d'1,198 millions de personnes (ben oui…contrairement aux autres films-catastrophes, il n'y aura AUCUN mort à déplorer…même pas un chien, ni de poisson rouge…), mais aussi celle d'une femme enceinte en train d'accoucher et celle d'un voleur, coincé entre les roues d'un camion renversé et menacé de a) s'étouffer, b) être écrabouillé, c) se noyer, d) exploser…Ah oui…j'oubliais également la scène, où les survivants sont menacés par les images stock-shots, puis un aileron en plastique d'un requin, qui trace un vrai plan volé pour faire semblant de s'attaquer au groupe d'hommes pris au piège dans un hangar inondé (oh mon Dieu…même pauvrement résumé comme ça, c'est toujours mieux que le résultat effectif à l'écran…).
Premier blockbuster catastrophe à très gros spectacle, Feng Xiaogang rate mais alors TOTALEMENT son coup. Le résultat ne vient même pas à la cheville des fameux films-catastrophes des années 1970s, qui accusent pourtant un très gros coup de vieux de nos jours: les effets spéciaux sont nuls, l'intrigue ultra simpliste, voire quasiment surréaliste dans leur déroulement et le tout est noyé dans des plages entières de bavardage (la première brise commencera à souffler timidement au bout de ¾ d'heures de film) et de gros sentiments patriotiques (trop nombreux pour être énumérés). Faut le voir, le drapeau chinois brandi aux vents du typhon, ces fameux contre-plongées sur la mine émue des larbins du super-maire et l'ensemble des efforts collectifs pour aider les pauvres quidams à s'en sortir…Et pas de favoritisme, siouplait, messieurs-dames: tout le monde est logé à la même enseigne dans les films-catastrophes chinois: "Nous naissons tous égaux" entonne le super-maire avant de s'en aller sauver "gens du peuple" (des pêcheurs) et même un voleur / revendeur de portables (étanches)…Pour un coup dans l'eau, c'est un coup dans l'eau, rempli de beaucoup de bruit pour rien, une monstrueuse vague de clichés et de conneries, bref une tempête dans un tout petit verre d'eau de vie sans même une petite bonne femme à poil au fond pour tenter de faire passer le mauvais goût…
