Sucré salé
Un titre incroyablement ironique: Non seulement, cette écomédie est finalement plus amère, que douce, mais ce sera également le chant de cygne du scénariste-producteur-réalisateur-monteur-chef-op… Rattana Pestonji, très affaibli par le diabète (super, le rapport avec le sucre) au moment du tournage et dont le nouvel échec de ce film va le laisser…amer, déçu par le public et le cinéma et fortement endetté pour s'être entêté à vouloir réaliser des films "de qualité", tournés en 35 mm et en prise de son directe.
Il s'était évidemment rendu compte, que ses films exigeants n'atteignaient pas forcément les goûts du public et après l'échec de son précédent et ambitieux film noir "Black Silk", il va tenter de s'adapter en réalisant une franche comédie…Mais loin des stéréotypes habituels, il va imaginer une historie assez rocambolesque, dans laquelle les premiers rôles seraient tenus par un playboy vaurien (excellent Sombat Metanee au début de sa longue carrière) , qui ne pense à se marier que pour toucher un gros pactole d'argent promis par son père. De l'autre côté, on a une héroïne, pas du tout dupe de ce mariage arrangé et qui va tomber amoureuse d'hommes beaucoup plus âgés et pas forcément de la même classe sociale.
Pestonji règle donc ses comptes, non seulement avec le monde du cinéma, mais également avec la société de son époque; mais il le fait avec classe et intelligence…et en réussissant un parfait petit divertissement, qui a même réussi à traverser les âges sans prendre une ride.
Les décors sont extraordinairement kitsch, peinturlurés en vert pomme ou rose flashy, les séquences musicales nombreuses et variées (avec une excellente imitation des Beatles par un groupe thaï à l'anglais à couper au couteau) et il y a même de quoi se rincer l'œil avec ce qui constitue sans aucun doute la scène la plus osée de toute l'Histoire du cinéma thaï d'une généreuse poitrine dénudée (!!) en ombre chinoise du plus bel effet.