Tiré d'un fait réel qui s'est déroulé en 1948, voilà un film qui fut une  date dans l'histoire du cinéma japonais : il s'agit vraisemblablement  du premier film indépendant qui s'est totalement affranchi des  conventions de production de l'époque. Par leur conditions de tournages  en plein rue et en abordant un sujet polémique, encore récent, les  auteurs et les techniciens ont du faire face aux gouvernement, à la  police, à l'armée américaine, aux capitalistes, aux instances  judiciaires, aux patrons locaux et même à la mafia (en refusant de leur  graisser la patte pour tourner dans leurs territoires).
Bref, le  simple fait que le film existe est déjà un sacré combat, un geste  militant d'un courage assez peu commun. Un vrai acte politique qui fait  oublier les lacunes artistiques de la réalisation. Car il faut bien  reconnaître que techniquement et visuellement, 
Ville de violence  est loin d'être particulièrement abouti avec une mise en scène qui  manque d'ampleur et d'envergure, un photographie qui manque de relief et  un rythme pas toujours maîtrisé. 
Mais on fait fi de ses défauts  devant le sujet et son souffle démocratique qui rappelle que les combats  civiques se gagnent grâce à la solidarité et le refus des compromis.  L'histoire, à une dimension plus modeste, fait vraiment échos aux  diverses manifestations du printemps arabes ou ce qu'il se passe en ce  moment en Turquie. 
La dernière demi-heure est ainsi une belle  leçon sur l'union, l'engagement et la conviction qui prend des allures  de thriller façon politique-fiction mais sans jamais grossir le trait ni  jamais chercher les effets et le sensationnalisme. Tout est au  contraire toujours dans la retenue.
On se demande par moment  d'ailleurs qu'est-ce qui tient de la fiction et du documentaire car  certaines certaines séquences ont véritablement l'air d'avoir été capté  lors de véritables manifestations.
Après, le film n'a pas la force du 
sel de la terre (car il n'a pas l'ambition de faire une grande fresque sociale) et on songe ce que le Fuller de 
Park Row aurait pu en faire (sans parler de Peter Watkins de 
la Commune)... Mais c'est oublier que le film date quand même de 1950.
On  se satisfera en tout cas pleinement d'un film souvent passionnant qui  redonne foi dans l'humanité et sa capacité à faire bouger les lignes en  dépit de toutes les entraves qu'on peut lui mettre.
Que ce manifeste civique se double d'un manifeste cinématographique le rend d'autant plus admirable et nécessaire.