Le concours de tronches
Comment ça le concours de tronches? Oui le concours de tronche, mais avec un seul participant, Sonny Chiba, totalement à fond dans son personnage de karatéka autodidactique très rustre et très malpoli. On retient les mimiques et grimaces de son personnage avant tout le reste, c'est une évidence. Etait-ce bien utile d'aller aussi loin? Difficile à dire. Y avait-il une volonté de concurrencer Bruce Lee? Probablement. Mais autant cet aspect fait du film un film culte, autant il torpille un peu une réussite dans le sens inverse.
Car si ces grimaces plus ridicules qu'autre chose, couplées à des dialogues dignes des pires nanars déclenchent immanquablement des fous rires, le reste du film n'était pas forcément nanaresque. La réalisation se montre très inventive pour un vulgaire film de karaté, même si le résultat n'est hélas pas au niveau des ambitions. Les combats sont brouillons et cadrés de trop près. Evidemment, les Bruce Lee n'étaient pas mieux filmés, mais au moins les combats étaient lisibles. Ici on y perd plus qu'on y gagne. Le scénario a également ses forces, comme le personnage principal, totalement antipathique au départ, bourru, rustre, brutal. On a un peu peur de voir pendant tout le film un personnage abject qui finirait pas dégoûter. Mais finalement on trouve quelques faiblesses derrière la carapace, ce qui rend le personnage plus attachant.
Autre intérêt, les scènes de combat, plutôt très bonnes pour l'époque, on voit que la plupart des combattants ont une bonne technique et se donne à fond dans les différentes scènes. La violence est très présente, on tue, on saigne beaucoup, on va même jusqu'à du gore hautement jouissif, avec ablation d'organes sans anesthésie.
Donc d'un côté on a ces quelques points intéressants, mais de l'autre on a des dialogues d'une pauvreté parfois assez affligeante, des effets de réalisation très approximatifs, et ces grimaces hallucinantes de Sonny Chiba qui rendent son personnage à la fois ridicule et impressionnant. Bref, le mélange de chaud et de froid donne une saveur assez unique à un film manquant tout de même de rythme, mais qui vaut largement le déplacement.
Défouloir autodidacte
The Streetfighter est plus qu’un film volontairement stupide et grotesque ; c’est un exutoire hilarant témoin de son temps, exploitant toutes les frustrations possibles et imaginables de l’époque. En effet, le début des années 70 voit la consécration mondiale de 2 super-héros à Hong-Kong, Bruce Lee et Jimmy Wang Yu, et la naissance de doutes sur la capacité économique de l’archipel nippon à survivre au premier choc pétrolier. Sonny Chiba et son réalisateur Ozawa Sakae ont alors composé avec rage une sorte de réaction filmique épidermique, permettant d’exorciser non seulement ces 2 éléments, mais aussi l’héritage pesant du tandem Kurosawa/Mifune, et même le complexe de la taille du pénis japonais… Ainsi, Sonny Chiba grimace tant et plus, se bagarre n’importe comment face à des adversaires pas plus doués, multiplie les scènes gores comme autant de bras d’honneurs aux films d’action de meilleure qualité mais qui se prennent trop au sérieux.
Le résultat est assez stupéfiant : face à la nullité revendiquée des dialogues et surtout des scènes de combat affreusement chorégraphiées, le spectateur est partagé entre éclats de rires et lassitude, lassitude renforcée par certains passages censés développer l’intrigue qui manquent singulièrement de rythme. Mais finalement, qu’importe ? L’intérêt réside uniquement dans les quelques idées chocs absolument grandioses (amygdales, scanner du crâne, parties génitales, bras cassé, agonie pathétique ou chute d’une falaise) qui classent d’office le tout au rang de culte. En d’autres termes, débrouillez vous pour le voir !
Puisse qu'il fallait le voir....
...histoire d'avoir une idée sur ce "monument historique" qu'est Streefighter, autant dire qu'il est bien au niveau où on le place géneralement: un grand n'importe quoi qui a réussi on ne sait trop pourquoi. Passons sur les pseudo-combats, sur l'aspect hémoglobine et les joyeusetés du genre, la seule chose qui m'a interessé c'est le traitement du héros ou plutôt de l'anti-héros interprété par Sony Chiba. Ce traitement sera d'ailleurs en partie perdu dans les suites données au film, autant donc profiter du premier de la série apprécier pleinement un film qui fait abstraction complète de la notion de bien et de mal.
Round one : fight !
"Sonny Chiba" ! Voilà qui résume bien le film. On pourrait d'ailleurs en rester là, mais voilà que se dessinent déjà à l'horizon les premiers reliefs de remontrances des lecteurs :
- Bon, tu nous raconte Streetfighter, ou tu l'as pas vu ?
- Je l'ai vu.. Je l'ai vu... Doutez-vous de moi ? Tenez, baf ! Haha ! Ce coup-là, je l'ai appris dans la scène du dojo. Celle dans laquelle Sonny (de son vrai nom Sadao Maeda) tente de mettre k.o. un petit rondouillard gentil maître de karaté. C'est que Sonny, dans Streetfighter, il est pas très gentil. Un héros brutal, plongé dans une sombre histoire :
Takuma (Chiba), expert en karaté, offre ses services aux plus offrants. Employé pour libérer et mettre en lieu sûr un condamné à mort, il apprend que les commanditaires, frère et soeur du prisonnier, n'ont en fait pas l'argent promis au départ. Ni une ni deux, le frère passe par la fenêtre et la soeur est vendue à un bordel. Alors qu'il enchaîne sur une autre mission, Takuma se met la mafia chinoise à dos, bien décidée à l'éliminer...
Dans Streetfighter, ça saigne, ça casse, ça meurt. Choisi "parce qu'il faisait du karaté", lancé comme une réplique japonaise dark de Bruce Lee, Sonny Chiba en a copié pour ce film les mimiques faciales qu'il utilise à outrance, pour le plus grand plaisir du spectateur avide de kitsch. Mais Sonny est aussi un combattant émérite. Charismatique, ceinture noire de judo et karatéka, il effectue avec brutalité et rapidité quelques coups impressionnants, bien mis en valeur par la mise en scène qui se contente parfois d'un plan toutes les 20 secondes pendant les combats, permettant ainsi d'apprécier d'autant plus les qualités athlétiques de Chiba, sans "cut" ni ralentis interminables (si Christophe Gans nous lit...). Ca n'est donc visiblement pas Andrew Bartkowiak et ses combats en images subliminales incompréhensibles ("Exit Wounds"..) qui filme, mais un réalisateur inventif et interessant (Ozawa Shigehiro), multipliant les trouvailles de mise en scène (caméra accompagnant la chute d'un corps dont la tête s'écrase au sol, nous faisant vivre le choc, vue radiographique d'un crâne qui se brise sous un coup..).
Sanglant, Streetfighter l'est. Vraiment. C'est parfois si gore que l'on peut soupçonner Lucio Fulci d'en avoir une copie betamax dans son mausolée. Violent jusqu'à l'extrême, parfois l'absurde, mais toujours emprunt de ce charme très '70s des films de l'époque.
Sonny Chiba affirmait sa légende naissante avec ce film, et frappa encore de nombreux coups dans les trois suites qui suivirent (dont un "Sister Streetfighter" dans lequel le "sexe faible" vint prouver que l'expression était définitivement old school). Aujourd'hui à Los Angeles, Sonny Chiba porte un regard mitigé sur Streetfighter qu'il juge "très violent", et sur le tournage duquel il a, avoue t-il, beaucoup morflé.
Et nous donc !
Sonny Chiba is Sonny Chiba!
Parce que je n'ai pas su intituler autrement ma critique d'un des pires nanars de l'univers dont le visionnage est donc indispensable. Par delà ses qualités et ses défauts cinématographiques the Streetfighter est hautement poilant par la débilité de ses dialogues et le jeu de Sonny Chiba. A force de parler mise en scène et gestion de l'espace on en vient en effet à oublier une des forces d'une bonne série B d'action: ses dialogues. Et là the Streetfighter a ses arguments meme si c'est plus dans le débile régressif que dans une vision distanciée du genre à la Commando -ah, entendre Rae Dawn Chong s'exclamer "c'est pas possible d'etre aussi macho" alors que Schwarzy bastonne...-: le black s'exclamant "tu es bonne, je suis gentil" devant une otage, la question d'avoir des couilles qui semble très importante pour notre ultime karatéka. La directions d'acteurs? Là c'est le concours de grimaces dans des exçès de ridicule et de surjeu à faire palir Hong Kong de jalousie...
Et le maitre s'appelle ici Sonny Chiba avec ses grimaces de rustre, d'ours mal léché à tel point qu'on ne peut qu'applaudir les efforts physiques soutenus afin d'enchainer des mimiques hilarantes. Sonny Chiba, capable du meilleur avec Fukasaku ou dans des séries B d'action de facture correcte et du pire ici, sauf que c'est ce pire qui a traumatisé un Quentin Tarantino. Un Bruce Lee nippon? Non vu qu'il n'est pas capable de faire oublier les carences cinématographiques ici présentes par son seul charisme mais le rapprochement se comprend vu qu'il fait pour le karaté ce que Bruce Lee fit pour le kung fu, à savoir introduire des éléments du combat de rue dans la pratique martiale. Mais revenons à l'ultime karatéka: c'est bien simple, c'est le sans manières, sans morale, le briseur d'os, celui qui crève les yeux de ses opposants, qui n'hésite pas à embrasser une femme de force. Et surtout il y a cette scène où il arrache les couilles d'un opposant en les brandissant fièrement à la caméra qui achève de faire du film un must see. Passons maintenant au cinéma proprement dit et aux prétendues audaces visuelles du film. Les plans larges de ville avec coup de téléobjectif? Fukasaku faisait ça bien mieux. Les cadrages penchés? Feu Kinji savait le faire... en sachant cadrer. A ce propos, pas mal de scènes sont cadrées de façon très approximative et la réalisation des combats souffre d'un vrai manque de rythme -le flash back qui casse le rythme du combat contre le chef du dojo entre autres- tandis que dans certaines scènes le réalisateur semble faire son Lars Von Trier avant l'heure.
Et les passages dramatiques? Mon Dieu, ça croit qu'avec un jeu outré et un score vaguement classique il est possible de faire un bon passage mélo alors que ça ne suffit pas. Sans parler d'une fin très... ouverte. Mais cela ne fait rien le mal est fait: Sonny Chiba a déjà traumatisé tous les amateurs de ridicule revendiqué et toutes les Alabama de la terre.
PS: Le plan des os éclatés fut repris dans Story of Ricky, un des seuls films auxquels cette "chose" est comparable.
L'ultime Karateka !
C'est les seuls termes que j'ai pu trouver pour décrire ce film devenu un objet d'idolatrie à travers le monde cinéphilique. The Streetfighter marque en effet le début d'une trilogie (plus un remake au titre évoquateur : Sister Streetfighter !) qui dans les années 70 allait révolutionner ce genre déja bien représenté qu'est le cinéma de Kung Fu à la sauce américaine et au scénario plus que bancal.
Parcequ'on aura beau dire, ce film est vraiment bancal dans tous les sens du terme, décortiquons ensemble cet ovni qui (il faut le constater) a réussi à ravager le cerveau de milliers de fans en manque de baffes.
Tout d'abord le scénario qui fait honneur aux plus grand nanars de la planète : Tery Surugi (admirez le nom !) est un expert en Karaté qui n'hésite pas à mettre ses talents aux services de gens pas très fréquentable, c'est donc naturellement qu'il s'attire des ennuis, et c'est naturellement qu'il les expédie en enfer. Grâce à quoi ? Grâce à la force de ses poings pardis, car si le Karate est souvent vu comme un moyen de self defence, ici c'est comme un moyen d'attaque que notre cher héros utilise cet art martial. Il brise les os, arrache les yeux, casse les bras, bref tue sans hésitation tout malfrat qui oserait se mettre sur son chemin. Quel scénario ! Bancal mais délicieux !
Ensuite la mis en scène, alors là chapeau ! Je crois que le cadreur n'a jamais su apprendre à servir d'une caméra. Et le plus frappant, c'est pendant les combats, c'est rare qu'une action soit correctement cadrée du début à la fin, bref ca bouge dans tous les sens ! C'est plus irritant qu'autre chose, mais ici la forme n'a véritablement pas d'importance dans la qualité du film.
Si un culte est voué à cette série, c'est surtout grâce à l'acteur unique qu'il met en scène, j'ai nommé : Sonny Chiba ! Oui le Sonny Chiba barbu est mégalomane que vous avez pu admirer dans le délirant Stormriders d'Andrew Lau. Celui là même qui met une raclée (qu'ils sont pas prêt d'oublier) aux deux canto pop stars que sont Ekin Cheng et Arron Kwok. Bref, le Streetfighter, c'est lui et c'est lui seul.
Qui d'autre que lui aurait pu grimacer avec autant de coeur et de réalisme ? Qui d'autre que lui aurait pu arracher les couilles d'un Yakusa pour ensuite les montrer fièrement à la caméra ? Bref Sonny Chiba c'est en quelque sorte le Bruce Lee Japonais (je vais en faire hurler certains), une sorte d'anti héros brutal et sans pitié. Un type de personnage de plus en plus rare de nos jours !
Ce film est bancal certes, mais la forme ici on s'en fou, c'est le plaisir qui prime alors pourquoi se le refuser ?
Concours de grimaces, concours de beignes!
Sonny Chiba n'est pas un amateur et ne fait pas les choses à moitié. Contacté par des hauts-placés pour faire évader un prisonnier, ce dernier va s'attirer les pires ennuis suite à cette mission.
Un pitch d'une grande simplicité, le but étant de mettre le plus de raclées aux vilains yakuza pas contents, servant tous de chair à saucisse pour le grand Surugi, adepte d'arts-martiaux bourrins où l'élégance n'existe pas. Bah ouai quoi, quitte à se ridiculiser pour flanquer des raclées, il ne va pas se gêner le Surugi! On croirait voir un gorille en chaleur, misogyne et sans concessions, Sonny Chiba est vraiment l'homme de la situation de part ses mimiques incroyables (à base d'inspiration concentrée, d'écartement des trous de nez et des yeux) avant chaque coup porté. Au passage, les grands méchants ne font pas grand chose non plus pour s'opposer au concurent direct de Bruce Lee : on croirait voir une danse maladroite en guise de combat.
Car pour être maladroit, The Streetfighter l'est assurément. Les combats sont complètement ratés (attaque, parade, coup fatal dans une partie douloureuse), filmés à l'arrache dans à peu près toutes les positions sans la moindre gêne. C'est dommage puisque le film propose une identité visuelle pas dégueu : c'est kitsch, c'est coloré (mélange de giallo sauce karaté) et c'est emmené. Les coups pleuvent comme jamais, les corps tombent à la chaîne après éclatement de boite craniène, énucléation, castration à main nue, égorgement à main nue (sic) et cassages de bras à la pelle dans un festival musical digne des pires productions Hong-Kongaises. Ca l'fait.
Un premier opus encourageant malgré son sérieux penchant pour la nanardise à cause de dialogues aussi travaillés qu'un porno et à des situations aussi improbables que ridicules. Qu'importe, j'en redemande!
Les + :
- Sonny Chiba en concentration > un grand moment!
- Des morts, des morts et encore des morts!
- Pastiche gore des "vrais" films de Yakuza
Les - :
- Abjecte et sans concessions...mais est-ce un défaut?