A l’origine A Star Athlete devait être une commande de propagande pour le compte de la Shochiku avant que Shimizu ne déroge un poil à la règle pour tourner le film vers la comédie un peu simplette, faisant de chaque enjeu dramatique un raté pour offrir aux séquences dites « sérieuses » un doux parfum de dérision n’hésitant pas à rendre la troupe de soldats en formation pas ou peu crédible. La séquence de marche où le meneur se pince le nez en passant devant des cageots puants tirés par les paysans, avant que tous les soldats ne fassent de même en entonnant les classiques chants patriotiques, est le symbole d’une ironie évidente, tout comme lorsque ces derniers simulent une attaque sur quatre pauvres péquins, incapables de les rattraper. L’état de santé ne semble pas non plus être formidable avec par exemple cette image récurrente du soldat feignant sur les bords cramponné sur le dos de son ami qui n’hésite pas à le remettre en place lorsque celui-ci risque d’abuser du saké gentiment offert par un habitant d’un petit village, lieu d’un conflit –léger- entre Tani et son rival à la course : voilà tout l’enjeu dramatique du film, bien peu fut-il inutile de le préciser. Mais Shimizu plus qu’ailleurs, tourne en dérision le moindre enjeu dramatique pour verser dans la comédie réduite à des dialogues minimalistes et des séquences sans gros impact émotionnel : les quelques gifles de Tani pour raisonner son rival en fin de métrage sont très loin de la « violence » habituelle du cinéaste.
Si ce film de propagande ridicule réussit son pari de l’être sans trop sourciller, la mise en scène arrive à être vite lassante. Shimizu est un cinéaste du mouvement et utilise la perspective bien plus que tout autre auteur nippon –connu- qui se cantonnerait à faire du travelling latéral. Il utilise la perspective du traveling avant/arrière pour donner du rythme comme il s’en servait la même année pour imager le mouvement vers l’avant d’une jeunesse un peu paumée avec le beau Children in the wind, caractérisant la vitalité des mômes (un plan de gamins courant dans la flotte face caméra dans Introspection Tower confirmera ce raisonnement) simplement par le biais de sa caméra. Le problème est que A Star Athlete met un temps fou à démarrer, la longue marche avant le repos dans le village de paysans est filmée essentiellement en vue subjective, ce qui rend l’action un poil linéaire lorsque l’on croise paysans, jeunes filles impressionnées et autres mômes (Shimizu n’est pas le cinéaste de la jeunesse pour rien) comme le bus de Mr. Thank You qui dépasse les passants dans le film éponyme. Dans ce dernier, Shimizu se sert des dépassements pour alimenter sa narration, ces mêmes séquences dans A Star Athlete semblent trop étirées sur la longueur pour justifier quoi que ce soit. Le plan fortuit n’est à priori pas dans le langage de Shimizu, ce qui nous fait penser que ce travail de commande reste un film mineur en dépit de ses qualités artistiques certaines (abondance de travelings contemplant la marche des soldats, belles séquences de nuit) et de ses moments cocasses comme de voir un Chishu Ryu en jeune soldat fringant adepte de la course. Vous avez déjà vu Chishu Ryu courir sans déconner ? Rien que pour cela, A Star Athlete mérite que l’on y vienne perdre un peu son temps le temps d’une heure pas tout à fait mémorable.