Pour l'amour d'une fille
"The Soul" est l'unique film d'horreur à être sorti en 2003 (sur 14 au total) par la prolifique mais de production Kharisma Starvision à s'être taillé une solide réputation dans le genre après le succès de leur "Kafir / Satanic".
Ils changent pourtant totalement de registre avec les deux productions plutôt poussiéreuses, "Kafir" et "The coffin", rappelant un certain cinéma d'horreur à l'ancienne et mollement emballées par le roturier Mardali Siyarief. Un changement de ton total avec ce "The Soul", beaucoup plus hype et osé dans son thème (une femme violée) et réalisée de façon quasi avant-gardiste pour le cinéma indonésien par le clippeur et pubeux Nayato Fio Nuala. De son vrai nom Yato Fio Nuala, il signe là sa toute première production avant d'enchainer les productions les plus diverses sous les divers pseudonymes Koya Pagayo, Ian Jacobs, Pingkan Utari ou encore Ciska Doppert à un rythme de plus en plus effréné jusqu'à atteindre les 12 sorties (!) en 2010 (à date de publication du présent article).
Un réalisateur, qui se revendiquait à l'époque de la sortie de ce film du mouvement de l'I-Sinema, mais au résultat moins pour vouloir faire du commercial avec des valeurs artistiques, plutôt que d'une manière plus novatrice, en s'inspirant notamment des méthodes de réalisation américaines typiques des années 1990s avec un rapide découpage très nerveux, une image chiadée à outrance et une intrigue, qui misait davantage sur sa forme, que sur son fond.
"The Soul", tout comme la plupart des longs fantastiques de Yato est d'une une espèce d'accumulation de scènes plus ou moins cohérente, où l'on ne sait pas toujours très bien ce qui se passe, mais qui restent agréables à regarder pour celui qui ne craint pas la surmultiplication d'effets tape-à-l'œil. Pas évident de comprendre, que les premières images sont celles d'un viol, pas plus non plus que du développement de l'intrigue très sommaire à moins de connaître le résumé à l'avance. Le fait, que beaucoup de personnes semblent avoir été attachés à l'écriture du scénario et que la durée du métrage initial ait été ramené de 135 minutes à 90 minutes au format plus "adapté" pour son exploitation ciné et télé ne sont sans doute pas étrangers à ce manque d'informations. Restent quelques scènes franchement très esthétiques, qui réussissent à insuffler un certain climat d'angoisse et font peur avec très peu d'éléments, ce qui constitue déjà en soi une petite réussite. Après, on pourra quand même regretter ce manque formel de structure narrative, tout comme les apparitions généralement ratées de Kikan, plus ridicule que véritablement effrayante sous ses tonnes de maquillage et un dénouement raté.
Remis dans son contexte historique, l'on pourra quand même parler d'une nouvelle petite révolution dans le domaine du film d'horreur indonésien avec cette manière de faire extrêmement formelle, que l'on avait déjà pu observer dans les productions de Rizal Mantovani et qui aura directement influencé toute une flopée de productions à venir.
Le film a également lancé cette volonté d'affirmer des producteurs de créer du buzz en colportant des événements surréalistes à même le tournage.
L'actrice Marcella Zalianty est donc dite avoir eu un grave accident touchant son nez lors de la première apparition de Kikan et avoir entendu des voix l'appelant par son nom, alors qu'il n'y avait personne avec elle. De même qu'un ingénieur de son a enregistré des brutis d'une foule en plein milieu d'une nuit calme et déserte. Enfin, des témoins auraient vu une femme blessée descendre de l'une des voitures, qui apparaît dans le film, alors qu'il n'y avait personne à l'intérieur….et cette voiture s'est mystérieusement retournée, quand on l'a tractée à un autre endroit.