Blade et le Renard
En le disant vite, ça fait "Blade Runner", film auquel j'ai pensé en le revoyant. Héros - Snipes - qui arrive dans sa caisse sous la pluie, ambiance urbaine asiatisante, décryptage d'une vidéo pour découvrir un indice, thématique cyberpunk de guerres corpo', jusqu'à une prostituée hystérique qui, à poil, enserre "Simon Says" avec ses jambes façon Daryl Hannah. Façon de parler, hein, ça reste ce bon vieux film du dimanche soir d'antan, confortable, bien fait, doté d'une bonne ambiance - j'ai beaucoup de respect pour Philip Kaufman - mais un poil limité. Sean Connery superstar ramène toutes les couvertures à lui et, du coup, les autres ont un peu froid aux pieds.
J'ai revu ce film - tiré d'un bouquin de Michael Crichton - à cause de l'affaire Carlos Ghosn au Japon. Affrontement de grosses corpos, enjeux lourds, rebondissements spectaculaires... Y'avait comme un écho, qui se confirme à la revoyure. Je crois que c'était l'un des derniers films fantasmant le Japon depuis l'occident avant la déferlante en provenance directe de la source. A savoir, donc, le soleil levant.
Vieux pots et nouvelle ère
1989 : chute du mur de Berlin. 1991 : écroulement de l'URSS. Les USA se retrouvent soudainement seuls au monde, ou plutôt face à une deuxième puissance économique mondiale inattendue : le Japon.
Soleil levant est une parfaite illustration de ce nouvel état du monde. Tourné en 1993, il se veut volontiers pédagogique en incitant les américains à mettre à jour leurs tablettes en s'intéressant à leurs nouveaux concurrents, à leur culture et à leurs rites. Prétextant une enquête policière dans le milieu des affaires nippon de Los Angeles proche, dans l'esprit, de
L'année du Dragon, l'intrigue nous offre 3 personnages flics aux caractères radicalement différents :
1/ Sean Connery, parlant couramment le japonais et connaissant les codes et les ruses nécessaires pour se faire respecter, joue le rôle du guide idéal capable de décrypter les situations au spectateur moyen ;
2/ Harvey Keitel, bougon patenté qui critique tout ce qui bouge - surtout quand ça ne parle pas l'américain - tout en se défendant de ne pas être raciste, incarne la dose de méfiance d'une Amérique confrontée à une immigration de gens qu'elle ne connaît pas encore ;
3/ Wesley Snipes, le bleu-bite intégral, suit quant à lui l'avancée de l'enquête sans a priori, en se forgeant ses propres opinions à mi-chemin de ses deux acolythes. Le spectateur s'identifie à lui immédiatement et rentre le plus facilement du monde dans le film.
Outre cet aspect historique particulier et symptômatique,
Soleil Levant est aussi et surtout un polar efficacement troussé, avec sa dose de rebondissements bien sentis et de nanas à moitié à poil (mais curieusement, que des blondes... allez comprendre !).