Anno Hideaki, après un beau "Love & Pop", revient avec une romance de qualité, bien écrite et originalement mise en scène.
"Shiki-Jitsu" est le second film "live" réalisé par Anno Hideaki.
Tout comme "Love & Pop", il est assez inventif au niveau de la mise en scène : longs plans-séquences, caméra qui tourne autour des personnages, passages de l'image au format 4:3, emploi de différentes sortes de caméras, courts passages animés, etc...
Il y a aussi l'utilisation d'objets et vêtements aux couleurs vives, qui donnent un cachet "pop" au film, et tranchent bien avec le cadre géographique dans lequel évoluent les personnages.
L'histoire est très simple : Iwai Shunji (le réalisateur de "Love Letter", "PicNic", "April Story", etc...) rencontre un jour Fujitani Ayako.
Lui est plutôt introverti et calme ; elle est complètement déjantée et psychologiquement instable.
Le titre anglais du film est "Ritual", et correspond à une sorte de rituel qu'exerce chaque jour Fujitani Ayako dans le film.
Mais attention, "Shiki-Jitsu" est beaucoup plus original que le tout venant en matière de mélodrames/comédies romantiques. Il a un style très affirmé, et on ressent bien la "patte" du réalisateur.
Il est pourvu de plus, de quelques réflexions intéressantes sur l'Amour.
C'est un film que je conseille à tous ceux qui ont appréciés le travail formel de Anno Hideaki sur "Love & Pop", et qui sont en quête d'une romance de qualité et surtout originale.
Mal de mère
Etrange histoire d'amour entre un jeune écrivain-réalisateur introverti et une femme-enfant sérieusement atteinte. Organisant sa vie selon des rituels en étroite relation avec la mort, elle semble cacher un profond malaise, que l'homme - tombant petit à petit amoureux - va tenter de mettre à jour au cours du film.
Long et au rythme très, très lent, l'intrigue simpliste dégage pourtant quelque chose d'irrémédiablement envoûtant qui donne envie de connaître le (faible) fin mot de l'histoire.
Les quelques passages en voix off semblent être des réflexions toutes personnelles du réalisateur même, qui se pose d'ailleurs la question quant à l'utilité d'un film et de tous ses instants que nous nous évertuons à graver sur pellicule, au détriment d'une vie passée au présent.
La narration aurait pu accuser une coupe d'une bonne demi-heure de film sans que cela ait entaché le scénario, ni le lent rythme; quelques passages sont vraiment trop longs ou répétitifs et le final trop explicatif et démonstratif nuit à la mise en place précédant la résolution de l'affaire.
Reste une vraie oeuvre indépendante dans un cinéma japonais trop standardisé par ailleurs, de magnifiques compositions visuelles proches de tableaux et à la géométrie aussi parfaite que les cadrages d'un Greenaway et quelques expérimentations visuelles parfaitement en phase avec l'histoire.
Une méprise fait parfois bien les choses
Je l'avoue ! J'avais acheté ce film presque par erreur, en croyant qu'il était réalisé par Shunji Iwai...
Et je l'avoue aussi : autant ce cher Shunji est à mes yeux, avec Masato Harada, l'un des plus grands nouveaux réalisateurs japonais, autant il fait peine à voir en tant qu'acteur. On lui accordera quand même qu'il est difficile de briller quand on joue le rôle d'un personnage froid, renfermé et impassible comme la caméra qu'il porte ou incarne tour à tour.
La force du film repose donc sur les très talentueuses épaules de deux personnes : tout d'abord l'étourdissante Fujitani Ayako, qui livre ici une performance d'actrice hors du commun, passant en un clin d'oeil d'une gaieté enfantine à la crise de démence, l'apathie de junkie... Vraiment impressionnant. D'autre part, Hideako Anno, réalisateur plus habitué à la japanimation, dont c'est ici seulement le deuxième film "live" après
Love & Pop ; il effectue un travail assez académique mais qui n'en est pas moins époustouflant, grâce à une caméra inspirée qui sait déceler comme personne les figures géométriques et les lignes pures d'un simple paysage industriel, jusqu'à transformer un plan à priori prosaïque en oeuvre abstraite.
Gageons pourtant que s'il n'était le talent combiné du réalisateur et de l'actrice, l'histoire somme toute simplette et convenue du film (l'énigme de cette fille et de son passé, emmurée dans son monde pour ne pas avoir à affronter ses problèmes), alliée aux ratiocinations pseudo-métaphysiques d'Iwai en voix off, tour à tour scientifique observant son cobaye avec fascination, animal de compagnie, père ou amoureux, ne porteraient guère ce film. Or ici la sauce prend, et moi qui suis pourtant un fervent adepte de la touche pause, je n'ai pu décrocher de bout en bout.
Comme quoi une méprise fait parfois bien les choses.
Tomorrow is my birthday...
Avant d'avoir realisé le très dynamique et bariolé Cutey Honey, Anno a, dans un genre on ne peut plus différent, pondu cet excellent film, une histoire d'amour moderne.
Un realisateur de films introverti croise un jour le chemin d'une jeune fille assez dérangée, et plutôt lunatique.
Histoire simple mais prétexte à une relation et à des réflexions psychologiques souvent simples mais intéressantes.
Visuellement, c'est superbe en tout point, la caméra de Anno est géniale et pleine d'idées, les décors tantôt simples mais magnifiés par la photo, tantôt originaux...
(notons les très jolies musiques qui accompagnent le tout, au passage)
95 % du film repose sur deux acteurs : Shunji Iwai, correct dans son rôle peu causant, et surtout, surtout, la magnifique Ayako Fujitani, qui ratisse avec justesse le champ des émotions, de l'état de gamine fofolle à celui de dépressive transie.
Seul point noir (avec quelques rares plans qui entachent le reste), la toute dernière partie, qui entame des débuts d'explications sur le passé de son personnage, mais ne va pas au bout des choses.
Malgrès ça, on tient là un film d'amour génial et hors-norme, qui en scotche tant émotivement que visuellement malgrès ses quelques défauts.
Très bon départ, avec la rencontre avec cette femme assez décalé et mystérieuse; mais la suite manque parfois de rythme et est assez répétitive - cf ce décompte des jours qui devient assez lassant (décompte des jours qui rappelle un peu celui de Mahoromatic).
Le film tout entier repose sur la superbe 'interprétation Ayako Fujitani (=> faudrait penser à l'ajouter dans la fiche du film !!!), qui nous fascine et intrigue par le comportement étrange de son personnage (la scène ou elle fait une visite guidé de sa "maison" est particulièrement truculant). Car du côté du personnage masculin, Shunji Iwai n'est vraiment pas bon, complètement inexpressif et fade (son talent d'acteur est inversement proportionnel à celui de réalisateur).
Le film quant à lui est un tantinet trop long et le dénouement de l'histoire est assez décevante.
ps : je viens de voir sur wikipédia que Ayako Fujitani est la fille de Steven Seagal O_o , heureusement pour elle qu'elle tient plus de sa mère que de son père !