Good cops, bad cops
"Sherry Ann" perpétue la longue série de films policiers immensément populaires en Thaïlande. Il s'agit de l'adaptation d'un fait divers réel à forte résonance en Thaïlande, qui est allé jusqu'à changer la loi concernant les droits de l'homme.
Derrière la caméra, le vétéran Charoon Wattanasin (né en 1938) réalise là son premier long-métrage après une série de publicités et de séries télé. Il est surtout connu pour être le créateur et directeur du complexe des studios Bangkok Co.
"Sherry Ann" tient avant tout dans son intrigue, véritablement hallucinante. Une enquête bâclée, des hommes injustement emprisonnés (et qui – pour 3 des 4 – y laisseront leur vie pendant ou juste après leur relâchement) et – comble de l'ironie pas évoquée dans le film – la richissime femme d'affaires, ainsi que tous les policiers (corrompus ou négligents) de l'époque des premières arrestations toujours libres et sans être inquiétés!!!
Le film reconstitue intelligemment toute l'affaire, introduisant tous les personnages par leurs noms (forcément connus du public thaï) et exposant sobrement faits et procédures – enfin, dans sa première partie, car dès la première vague des arrestations, Wattanasin ne peut s'empêcher d'embrayer la seconde, forçant le trait (le couple constitué du valeureux inspecteur et de la femme avocate) et la mise en scène (ralentis sur enfants qui courent après leurs parents arrêtés; chanson – à deux reprises – qui "chante" les peines des pauvres victimes, etc).
Des partis pris d'autant plus regrettables, que le film bénéficie de beaucoup de sérieux, tant au niveau du traitement, que dans le jeu des acteurs.
Le film est également un important témoignage historique sur une période noire, où la Thaïlande était malheureusement soumise à toute une série d'affaires trop rapidement expédiées aux personnes injustement emprisonnées et policiers engraissés à coups de pots de vin.