Ghost Dog | 3.5 | La fin de l’innocence |
MLF | 2.25 | |
Ordell Robbie | 1.75 | Clinquant |
J’ai rarement été déçu par ce qu’a fait Zhang Yimou dans les années 80/90, le plus souvent de beaux films sur la Chine continentale, son Histoire, les rapports entre ses villes développées et ses campagnes déshéritées, entre les mentalités corrompues par l’argent et l’ambition et celles encore vierges de toute fourberie, avec un sens de la mise en scène et une photo toujours très soignée. Shanghai Triad ne faillit pas à la règle en opposant de front un petit paysan monté à la ville pour intégrer un clan mafieux par le biais de son oncle, et une sublime concubine incarnée par Gong Li qui, sous ses aspects bourgeois et prétentieux est aussi une paysanne qui semble avoir vendu son âme avant de se repentir. Le parti pris narratif est clairement du côté du petit paysan découvrant la ville, sa modernité et ses magouilles, comme le prouve ces nombreux plans subjectifs à l’utilité inégale : essentiels au début (l’initiation) et à la fin (la désillusion, à travers un magnifique plan à l’envers), ils s’avèrent nettement plus gratuits lors, par exemple, de la mort de son oncle.
Mais au bout du compte, ce film poignant atteint globalement ce qu’on attend de lui : un portrait de personnages complexes doublé d’un portrait de société lucide.
Avec Shanghaï Triad, Zhang Yimou aborde pour le première fois de sa carrière le cinéma de genre. Mais alors qu'il venait d'offrir son meilleur film avec Vivre !, il se montre aussi peu inspiré dans sa relecture du film de gangsters d'époque qu'il le sera avec le wu xia pian dans Hero. Soit un script commençant d'abord comme un banal récit de jeune homme découvrant l'univers gangstérien, ses us et ses coutumes. Mais lorsque dans la seconde partie le script crée un choc entre gangsters du monde urbain et figures du monde paysan il développe les différences Chine urbaine/Chine rurale de façon moins intéréssante qu'un Qiu Ju pour la Chine contemporaine. Soit en restant en surface. Mais après tout des scénarios peu inspirés ont pu parfois donner un bon film de genre lorsque le traitement formel tire les choses vers le haut. Le problème, c'est que Yimou use d'un traitement formel aussi clinquant que celui de son futur wu xia pian pompier. Soit du beau plan pour le beau plan, du ralenti pompier, des mouvements de caméra (en particulier subjective) où ampleur rime avec effets de manche. Sans compter un recours poussif aux cadrages rapprochés des personnages en forme de facilité pour souligner l'émotion. Et lors des passages chantés Yimou se contente d'une réalisation académique incapable de capter la présence sensuelle de Gong Li. La photographie est elle aussi jolie à voir que tape à l'oeil. Sans être des grands films, un Gunmen ou un Shanghaï Grand valent bien mieux cinématographiquement que ce period movie médiocre.