Ordell Robbie | 2 | Une Génération de retard |
Ghost Dog | 2.75 | Talibans chinois |
Arno Ching-wan | 2 | Mieux vaut avoir le blues |
Anel | 3.25 |
Regarder Shanghai Dreams, c'est constater les limites déjà pas négligeables d'une bonne partie de la génération de cinéastes de Chine continentale ayant suivi Yimou et Kaige. Le risque du "faux film de maître" guette déjà Wang Chao tandis qu'après des débuts tonitruants Jia Zhangke s'est progressivement enfermé dans une pose théorique. Sans parler de ceux chez qui rupture avec le passé n'est pas synonyme de promesses éclatantes (Li Yang, Lu Chuan) ou est déjà synonyme de promesses gâchées (Lou Ye). On n'ira pas ici juger ceux qui n'ont qu'un beau début à leur actif (Wang Bing) et dont on attend la suite avec impatience. Et ce Wang Xiaoshuai primé à Cannes? Le cinéaste livre ici un film dans lequel rien n'est vraiment détestable mais se distinguant trop peu de ce qui l'a précédé pour susciter plus qu'une indifférence polie.
Si Wang Xiaoshuai évoque les conséquences tardives de la Révolution Culturelle, sa description du carcan imposé par l'ordre patriarcal dans les familles parcourt les routes balisées par Zhang Yimou. Comme d'ailleurs rien de neuf non plus sur le tableau d'une Chine hors les grandes villes déjà esquissé par Yimou ou Jia Zhangke. On retrouve également ces petites frappes roulant clope sur clope déjà vues chez Jia Zhangke, Xiaoshuai partageant avec lui l'usage de la musique comme "marqueur historique" des évènements. Et le tout se retrouve emballé dans une forme trop souvent académique, faite de durée pour la durée et de cadrages quelconques. Dommage car les moments de spontanéité de la jeunesse face à cette chape de plomb (rappelant là encore les héros de Jia Zhangke voyant dans l'Occident et la pop un possible échappatoire à leur vie) auraient mérité meilleur traitement que cette compilation du cinéma d'auteur chinois ayant fait ses preuves en festival.
La seule chose dont donne envie Shanghai Dreams, c'est de piaffer d'impatience en attendant le retour programmé de Jiang Wen derrière la caméra, retour dont le cinéma chinois a plus que jamais besoin.
Années 80. Qing Hong est une jeune fille sage à son papa et à sa maman. Avec son petit frère, ils sont venus s’enterrer dans une petite ville barbante de la Chine profonde. Alors qu’on rêve côté adultes de repartir à Shanghai en entendant les rumeurs de révolution économique, on tente côté adolescents de découvrir la vie malgré le qu’en dira-t-on et l’autorité irrespirable des premiers. Dans les booms clandestines, on écoute du twist et on danse timidement entre garçons, les filles restant sur le bord de la piste de peur de passer pour une dévergondée… Cédant aux hurlements de son père en furie, Qing Hong fait le dos rond, jette ses chaussures rouges trop occidentales et rejette les avances de son prétendant, tout en jalousant secrètement le destin de sa copine Xiao Gen, qui elle a décidé de prendre son destin en main et de s’enfuir de cet enfer avec son petit ami. Wang Xiaoshuai, lui, laisse partir Xiao Gen à l’aventure et préfère rester avec l’ennuyeuse Qing Hong qui s’emmure dans le silence et fait péter les plombs à son prétendant. Shanghai Dreams est finalement le portrait d’une jeune fille lâche, incapable de se prendre en main, et dont son réalisateur semble cautionner sa victimisation en rejetant sa faute sur celle de la société. Contestable…