François | 1.5 | Du vu et revu, en retard de 15 ans. Bof... |
Saulabi n'est pas un film mal fait, ni mal interprété, ni au scénario trop plat. Simplement, il n'y a aucune originalité, que ce soit sur le fond ou la forme. Pire, le fond et la forme font très anti-daté. Au début j'ai cru qu'il y avait erreur sur l'année de tournage, le film fait plus années 80 que 2000. Mais non, c'est bien un film récent. Peut-être y a-t-il une volonté de faire un film dans le style de ses glorieux anciens, mais même dans ce cas, le résultat laisse à désirer.
Pourtant, il y avait des idées à développer. Notamment l'approche de l'opposition japano-coréenne, plutôt neutre, comme le film est une coproduction entre les deux pays. Hélas, le message sur l'absurdité du conflit n'a rien de bien original et ne vient pas révolutionner la conclusion. Quant à la volonté de faire un film dans un style très classique, je ne suis pas contre non plus, on voit trop de montages ultra-découpés qui ne mettent pas assez en valeurs les chorégraphies. Ici il y a beaucoup de plans très longs, rendant les chorégraphies de combat nettement plus difficiles à mettre en place. C'est donc un bon point.
Au niveau des déceptions, il y a évidemment la réalisation, qui manque de classe par rapport aux autres productions coréennes récentes. Le classicisme employé ici se révèle le plus souvent soporifique, avec un rythme très lent. Les combats sont trop peu nombreux pour empêcher l'ennui lors de la première heure. Bref, le spectateur assiste à une histoire peu originale et mise en scène platement. Les acteurs montrent peu d'implication dans leur rôle et on les comprend. On se surprend à ronfler lors des scènes musicales, sur un air connu mais comme sous valium... De plus le classicisme recherché se transformerait presque parfois en parodie, j'en veux pour preuve le fameux air musical, trop entendu au point d'en faire une image d'épinal du japon.
Quant aux acteurs, c'est assez décevant, surtout pour le combattant coréen, dont le regard s'approche parfois du vide absolu. Résultat, il ne figure pas sur la jaquette, et est curieusement absent de la bande annonce aperçu dans un des documentaires. Son manque de charisme est évident, de même que celui de sa compagne, il est vrai peu aidé par des dialogues assez bâteau. Le samouraï s'en tire déjà mieux, ainsi que quelques autres rôles. Mais globalement, l'interprétation ne réveillera pas les morts.
Heureusement, le spectateur qui pousse au delà de la première heure sera récompensé par un final plus animé, bien sanglant comme dans tout film de sabre qui se respecte. Les chorégraphies restent acceptables, et le sang coule à flot. Par contre la réalisation déçoit, avec quelques énormités dignes des années 70. Exemple, je m'accroupis à 2 mètres des adversaires et je suis caché dans 20 centimètres d'herbe, ou encore gros plan sur les pieds des deux adversaires, 50cm, plan large, ils sont à 2 mètres l'un de l'autre. Alors, question, est-ce volontaire dans le but de donner une certaine naïveté dans le style des vieux classiques, ou est-ce simplement de l'amateurisme ? Difficile à dire, je n'y connais pas grand chose en cinéma coréen et en cinéma de samouraï, mais toujours est-il que ça passe assez mal.
Au final, difficile de conseiller ce film face aux classiques qui font la même chose en mieux, aussi bien sur le fond que la forme. La Corée a bien plus intéressant à offrir à mon avis. Les nostalgiques des films de samouraïs y trouveront peut-être de l'intérêt, mais mon inexpérience en la matière m'empêche de faire trop de comparaisons. Pour le novice, une chose est sûr, le film devrait être remboursé par la sécu, c'est un bon somnifère.