L'argent ne fait pas le bonheur (des vivants)
L'acteur vétéran, surtout connu pour ses films malais des années 1950s aux côtés du mythique P. Ramlee avant son retour en Indonésie, réalise ici son unique film, l'un des ancêtres des actuels "ghosts comedies" terriblement florissantes.
Un an après le mythique "Benyamin vs. Dracula", la charismatique vedette de l'époque, Benyamin donc, campe à nouveau le truculent personnage de l'indonésien moyen. En compagnie de son pote Amir, il est pris de remords de n'avoir jamais remboursé une dette importante auprès du vil propriétaire Joyoprono, sans doute l'homme le plus riche du village; et surtout, il va beaucoup le regretter, quand le fantôme de l'homme revient le hanter pour réclamer son dû.
Véhicule stars par excellence, le film offre une belle vitrine à sa vedette Benyamin – qui pourra même entonner l'un de ses nombreux tubes de l'époque sous la forme d'une petite séquence musicale pas piquée des hannetons et que n'aurait pas renié un public bollywoodien – mais également à Mang Harry (Amir) et Mansjur Sjah, parfait de roublardise dans la peau du vil Joyoprono.
Toute la première partie est une comédie typique de l'époque, très bavarde, riche en jeux de mots et situations comiques étirées en longueur, qui valent des longs plans fixes et une économie de moyens assez flagrantes pour des productions de l'époque assez fauchées.
Ce n'est donc seulement après près d'une heure de films, qu'on aura une première incursion dans le domaine du fantastique avec l'incontournable "faux éclair", qui a illuminé tant de productions indonésiennes de l'époque avant une séquence de mort parmi les plus ridicules de l'Histoire du cinéma: branche d'arbre qui se casse – gros plan sur le visage hurlant de Joyoprono – acteur enseveli sous la dite branche. Bref, on assistera à un rituel d'embaument avant la mise à mort du mort.
C'est là, que le titre du film prend toute son importance avec l'avènement d'une vieille croyance populaire: un chat noir sautant par-dessus la tombe réveille le mort. Et c'est donc parti pour une vingtaine de minutes fantastiques (pas vraiment dans tous les sens du terme) avec multiples apparitions d'un pocong, terrorisant les truculents personnages du village. Rien de bien neuf, pour le spectateur rompu à l'exercice, mais – au contraire – un beau témoignage historique des origines même d'un genre, qui abonde de nos jours sur le grand écran.
Franchement, le film n'a pas grande autre qualité, qu'historique, la réalisation est tout simplement catastrophique, le rythme lent, le comique pas toujours abouti, le film clairement démodé. Reste donc les premiers pas du genre, le plaisir de retrouver les vedettes cabotins de l'époque et quelques rares images d'un Jakarta des années 1970s lors d'un détour par la capitale de l'époque.