Like a Dragon ne diffère pas de ce que Miike nous a habitué jusque là. Adaptation plutôt libre du Yakuza de Sega, l’histoire met en scène Kiryu, un ancien yakuza sorti de taule qui ne souhaite pas revivre ce qui l’a mené en prison et dont le but est à présent de retrouver la mère de la petite Haruka (sorte de chemin de la rédemption) étroitement liée à un gros paquet de yens convoité par une armée de yakuza. L’univers est posé dès le premier plan, poseur comme souvent chez le cinéaste, sauf que contrairement à ses dernières réalisations, Sukiyaki Western: Django en tête, le film assume jusqu’au bout son humour débridé, lourd car usant d’effets comique à répétition, mais libérant une énergie proprement jouissive car justement assénée en rafale dans l’esprit du spectateur. Un exemple ? Les deux cambrioleurs coincés dans la banque, sur le point de se mettre sur la gueule ou comment le hurlement et la répétition de leurs prénoms arrive à créer l’hilarité. Mais plus que cette séquence anodine –répétée-, le traitement des personnages vaut pour leur caricature : un boss yakuza fringué comme un pirate, armé d’une batte de baseball qu’il ne lâchera pas (accompagné aussi d’un sidekick lui préparant les lancés de balle), un couple d’adolescents vouant un culte au cambriolage depuis qu’ils ont eu affaire à Kiryu dans une superette, un as du sadomasochisme qui prépare lui-même sa souffrance (satané casier), une bande de policiers incompétents scrutant ce qui se déroule dans la banque d’en face et deux yakuza adeptes de la boisson énergétique leur conférant un pouvoir surhumain. Notons par ailleurs la correspondance avec le jeu vidéo tel qu’on le conçoit : un héros évoluant dans un univers qui ne semble pas si éloigné de la réalité (sorte de Tokyo transformé en fête foraine), stage par stage et qui rencontre sur son chemin tout un tas d’embûches. Les combats, nombreux, sont aussi considérés comme des étapes que le héros doit franchir, des affrontements contre Majima qui ressemblent d’ailleurs étrangement au Némésis de Resident Evil, dans la mesure où, boss à part entière, il reviendra à la charge car incapable de trépasser.
L’univers du jeu vidéo n’est donc pas loin aussi bien dans le fond que la forme bien que le scénariste ait opté pour le remaniement plutôt que de reprendre la trame déjà complexe du titre vidéoludique : ainsi les personnages de Satoru et de Yui apportent un peu de fraîcheur et de fantaisie à un scénario qui se veut bien entendu noir et rebondit, mais leur utilité n’est que de façade. Ils peuvent faire rire comme être consternants, à l’image de l’ensemble du cast du film : prenons le comme cela, Like a Dragon est une comédie là où le Yakuza de Sega jouait dans la cours des vrais yakuza-eiga sans fioriture, et le ton volontairement léger et inoffensif du film de Miike en mettra plus d’un sur la touche. A l’instar des récentes productions du cinéaste, la lumière est immonde, le montage rend la narration fatigante et le film accuse une gestion catastrophique du rythme (entrée soufflante, milieu soporifique, fin déjantée), récurrente dans l’œuvre du cinéaste. Like a Dragon a au moins le mérite d’avoir un univers bien personnel, et si le film souffre d’une direction artistique hasardeuse (affligeant décor comme climax de fin), il s’avère suffisamment riche visuellement pour prétendre à faire dans l’original : la lumière fluo dégueulasse, une affaire de goût, mais elle a le culot d’être là. Les décors épurés à l’extrême font au mieux carton pâte au pire film porno, mais contribuent à rendre cette ambiance particulière immédiatement identifiable. Reste maintenant une narration un peu décousue prouvant si besoin est que Miike ne sait pas raconter des histoires et se perd dans une avalanche de gags amusants –ou pas- histoire de trouver une finalité aux actes des protagonistes : si le cambriolage de la banque par Imanishi et son acolyte contient quelques passages au potentiel culte évident, comme lorsque les otages les remercient d’avoir acheté de la nourriture chère, la chute est absente. De même que cette bande de flics menée par un Aikawa Sho plutôt sobre, amusante sur l’instant (le jeu des boissons) mais elle n’apporte rien à l’intrigue principale, comme si il y avait deux films dans le film : d’un côté les tribulations de Kiryu et de la petite rappelant Itto Ogami et son bambin et de l’autre deux bandes qui se regardent ne rien faire. Pas de justification, certes, sans doute permet-il à Miike de rallonger une fois de plus son récit de vingt grosses minutes.
Compressé comme un jeu vidéo, donc un peu indigeste lorsque l’on cause ciné, le film pose des questions sur le marché noir comme la vente illégale d’armes à feux donnant ainsi la possibilité aux gens moyens de faire comme bon leur semble une fois ces objets de mort en main, les pillages amateurs de Satoru et sa petite amie sont la réponse pathétique à ce trafic orchestré par un tueur à gages coréen. Rayon dénonciations le film ne va pas bien loin et se veut être du divertissement pour le public de Miike : le casual tiendra sans doute la première demi-heure parce qu’elle est colorée et montée comme un clip, l’amateur du polar jettera l’éponge avant même d’avoir esquissé le moindre sourire. Pourtant, le film rassure lorsqu’il s’énerve et passe la première notamment lors des séquences de bagarre plutôt bien chorégraphiées et filmées au plus près des corps. Comme d’habitude chez Miike, le moindre coup de poing résonne comme un tambour, mais l’effet participer à exacerber le côté cartoon assumé du film. Heureusement que l’épate n’est pas aussi énorme que dans un Dead or Alive, tout juste certains tics de mise en scène cassent un peu l’ambiance par leur non-justification totale (les nombreuses coupes caméra dans l’ambulance), mais rien de bien méchant car Miike fait du Miike. Au final, que retenir de ce Like a Dragon ? Un Miike qui continue sur sa lancée, celle de filmer et de très peu proposer ? Une version édulcorée du film de yakuza ? Une bonne adaptation du Yakuza de Sega ? Un peu de tout ça, sûrement. Mais une chose est sûre, ce n’est pas avec celui-ci que Miike se réconciliera avec ses détracteurs.
Pas aussi prenant que le jeu video dont il s'inspire mais on salue l'effort qui était loin d'être évident. Dans le genre on lui préféra Crows Zero nettement superieur et beaucoup plus énervé. Là c'est plutôt sage et lisse.
D'ailleurs c'est pas compliqué, Takashi Miike peut tout faire. Adapter sur grand ecran Mario Bros, Sonic ou encore Naruto, One Piece et cie, Takashi Mike le fait. Et il le fait bien. Cet homme me surprendra toujours de part son éclectisme.
Vive Miike.
Un miike égale à lui même, dans l'esprit humour/action.
Moins de longueur de la majorité des films, cela en fait un divertissement plutot sympathique.
Certes le scenar n'est pas parfait, et la fin ne pars pas en live complet.
Ceci dit je ne connais pas le jeu vidéo. Donc pas de critique en rapport au jeu.
Hong Kong a Johnnie To et l'excellent "one night in mongkok" de Derek Yee pour présenter ses rues la nuit, Miike a décidé de faire de son "like a dragon" la visite des rues de Tokyo.
L'univers visuel est radicalement différent, l'ambiance également, mais la démarche est proche. La forme prime ici le fond plus que jamais, le scénario étant non seulement mince, mais bourré de trous.... Le film étant devantage construit comme une succession de sketch que comme un tout cohérent, cela ne pose pas réellement de problème, à condition d'être prêt à rentrer dans cet univers très farfelu.
Une nouvelle fois, les personnages sont totalement out of this world, le ton très décalé, bourré d'humour noir, et ce n'est vraiment pas la cohérence qui prime. Qu'à cela ne tienne, on est dans une adaptation de jeu vidéo, et c'est un peu ce que Miike nous livre: un jeu vidéo où on n'appuie par sur les boutons, mais qui n'essaie pas d'être la retranscription dans le réel d'un concept dédié à l'éclate.
Chaque scène a pour but de divertir, sans réellement se soucier de la compréhension du spectateur, l'ensemble n'étant de toutes manières pas particulièrement complexe. On suit en fait une multitude de personnages, le héros ne prenant le devant de la scène qu'après 3/4 d'heure. On a le plaisir de retrouver ce bon vieux Sho dans un rôle de flic à la ramasse, qui tente de négocier avec 2 braqueurs un brin simplets, qui viennent cambrioler une banque déjà pillée...
Notre Yakuza héroïque quant à lui, fraîchement sorti de prison, cherche la mère d'une enfant en luttant contre un de ses "frères" adete de baseball. Si les scènes d'action ne s'enchaînent pas sans interruption, il y en a suffisamment pour contenter l'amateur de castagne, et les combats, sans être inoubliables, sont très énergiques et efficaces, appuyés par une musique bien énervée comme il faut. Il y a même une fusillade bien folle, quoiqu'un peu courte, qui mérite son pesant de cacahuettes. L'action est donc franchement satisfaisante.
L'ambiance est assez détendue, pas d'éclats de violence rouge sang, pas mal d'humour, et finalement le gros point fort, ce sont ces personnages totalement décalés, caracaturés à l'extrême mais joué avec talent, comme ce majima, un méchant qu'on adore détester quand il traine son "kiryu chaaaaaan" avec langueur tout en tapotant sa batte de baseball sur des têtes....
Miike n'est peut être pas un conteur classique, mais nul doute qu'il sait mettre en images, et surtout qu'il sait utiliser un budget. L'esthétique générale est franchement réussie, avec des éclairages jaunes de toute beauté, qui n'ont pas grand chose à envier aux ruelles de hong kong made in johnnie to....
Après avoir réalisé la préquelle live du fameux jeu de Konami (disponible sur le DVD FRANÇAIS), Miike accepte donc d'en réaliser le long, basé sur le premier épisode. Œuvre de commande, comme tous les films de Miike, le réalisateur n'hésite pas moins de le réapproprier une nouvelle fois à son propre univers en creusant des thèmes qui lui sont chers.
Soit surtout des personnages évoluant en marge de la société nipponne (yakuzas, trafiquants, gangsters paumés, mais également les deux jeunes marginaux principaux, une fillette à la recherche de s amère, etc, etc) et les étrangers déracinés (l'assassin coréen et les sympathisants); une galerie de personnages hauts en couleur, que le réalisateur rend tous attachants en quelques simples coups de brosse. Miike éprouve de la sympathie pour chacun d'entre eux, comme il en ressort de la description "grise" de tous, le côté "noir / méchant" se mêlant à un côté "blanc / bon", comme les protagonistes, voleurs à leurs heures perdues et les méchants, qui font parfois preuve d'un peu d'humanité. Mention spéciale au trafiquant d'armes SM et au chef de yakuzas totalement dingues, faisant fortement penser aux personnages dans "Ichi".
Tout le film transpire d'ailleurs l'univers Miike avec les personnages familiers, mais aussi des scènes entières repiquées d'anciens et de futurs films, comme le final (une fois de plus) apocalyptique, ressemblant par bien des côtés à celui du futur "God's Puzzle".
Loin d'être le meilleur Miike, "Like a dragon" n'en reste pas moins un film foncièrement Miike-esque (une gageure, vu le matériau de base à respecter et respecté) avec ses bons (personnages et situations délirants; final à la hauteur des espérances) et mauvais côtés (longueurs).