Xavier Chanoine | 4 | Un vrai coup de coeur. |
Junta | 3.5 | Juste un p'tit film... |
Ghost Dog | 1.5 | Bon sujet pour un moyen métrage, pas pour un long |
Habité par une fraîcheur communicative, le film de Nakamura Yoshihiro est un superbe conte fantastique, mené par deux jeunes adolescents pris au piège un peu par magie, dans un monde parallèle mais pas tout à fait. Leur quotidien va en effet se mettre à changer un beau jour, leur ville Seki se transforme en S@ki, la mer fait son apparition, même si en fin de compte seul le cadre diffère : les personnages peuplant l'univers restent en effet les mêmes, seul l'espace temporel s'avère aussi bouleversé, avec des connaissances, amis et familles qui ne réagissent plus comme avant, font abstraction d'un passé qui leur semble inexistant, au même titre que leurs affinités bouleversées elles aussi. Les membres de leur famille iront jusqu'à ne plus les reconnaître. Cette originalité scénaristique laisse le cinéaste parfaitement libre de laisser transparaître bonne quantité de fantaisies, qui même si parfaitement louables et cohérentes n'empêchent pas quelques pertes logiques de repères.
Qu'importe, la magie opère, la jeune et talentueuse Tabe Mikako étonne par son naturel confondant et son regard perçant, et son petit frère rappelle à moindre mesure le petit Masao de L'été de Kikujiro de Kitano pour son air quelque peu benêt. Bien réalisé et mis en musique, Route 225 est une parfaite réussite et une preuve qu'un cinéma simple doté de quelques touches fantastiques a encore de belles heures devant lui, qui plus est au vu de la médiocrité du cinéma japonais actuel. Les irréductibles de la mise en scène chanmée iront voir ailleurs, ici tout n'est que simplicité, transparent d'originalités visuelles tout simplement car il n'en a pas besoin pour avancer. Il se suffit, en gros, à lui-même.
Le matériau de départ ne manquait pourtant pas de piment : un frère et une sœur adolescents bifurquent sans comprendre pourquoi vers un monde parallèle quasi-similaire au leur, mais dans lequel ils ne voient plus leurs parents. Les 2 jeunes personnages ne manquaient pourtant pas de fraîcheur : Daigo, petit rondouillet bougon, et Eriko, jeune fille au visage singulier, sont les guides plutôt attachants de cette fugue spatio-temporelle qui reste ancrée dans leur quotidien citadin. Mais Route 225 tourne rapidement à vide, faute de carburant dans le moteur. Une fois qu’on a saisi qu’on était dans un univers A’ différent de l’univers A, la quête de la clef de sortie devient monotone et répétitive, et l’étrangeté potentielle du film n’est pas du tout exploitée. On attend donc poliment le générique final en somnolant quelque peu, indifférent aux rebondissements laborieux parsemant l’intrigue, et avec l’impression récurrente d’un beau gâchis.