Quand c'est joli, pourquoi s'en priver?
Car la vocation du film de Zhang Yimou est de mettre au premier plan les bons et beaux souvenirs d'une époque alors sous l'emprise de la dictature du régime de Mao. Contraste intéressant entre les jolies couleurs, les teintes chaudes et enivrantes, les saisons qui passent au gré du temps tel un poème richement illustré, et la pression exercée sur ses instituteurs ramenés à la ville pour des raisons politiques. Il y a d'ailleurs toujours ce portrait de Mao trônant fièrement au dessus du tableau de classe, même si l'on pourra déceler sa présence que lors d'un seul et unique plan quasi furtif. Intéressant aussi, cette omniprésence de la couleur rouge, voulue ou non par Zhang Yimou pour accentuer encore d'avantage la présence communiste derrière cette pourtant très jolie couleur, portée de bien belle manière par une Zhang Zi-Yi débutante. Sa prestance, en dent de scie, permet néanmoins au spectateur de juger le futur talent qui se cache derrière ce visage d'ange. La définition de l'être angélique est alors démontrée à tous les niveaux : fluidité des gestes, élégance et naïveté du regard, passion braquée sous une grande timidité. La monotonie de son jeu pourra en décevoir certains, il ne faut pas non plus chercher un rôle de composition quand cette dernière interprète humblement une paysanne terriblement amoureuse.
L'occasion pour Zhang Yimou de créer deux atmosphères bien différentes. Prologue et épilogue -visiblement contemporains- dans un noir et blanc déprimant, sorte de deuil à la fois familiale et social, et souvenirs nostalgiques à la palette colorimétrique saturée, telle est l'identité visuelle de The road home, oeuvre qui paraîtra aussi belle pour certains que vaine pour d'autres, l'intrigue ne se résumant qu'au "combat" courageux que se livre Di (Zhang Zi-Yi) sur elle-même dans l'espérance journalière de revoir celui qu'elle aime. Il y a bien sûr les clichés du cinéma romantique, avec ses ellipses, la paysanne qui tombera malade, retapera l'école de son bien aimé (une autre façon de rester proche de lui quand il est absent). Mais le spectateur est prévenu dès le début, tout se passera bien dans les meilleurs des mondes entre les deux tourtereaux. Joli et dépaysant.
C’était mieux avant !
Filmé dans un noir et blanc très contrasté qui rend difficile la distinction des visages, un petit village perdu au fin fond de la Chine entreprend le deuil de son instituteur ; l’action se passe de nos jours, et la vie semble être plus rude que jamais dans ce lieu qui se vide de sa jeunesse et se replie sur lui-même, sur son passé pré-révolution culturelle où il faisait encore bon vivre. Très pessimiste pour l’avenir, Zhang Yimou nous emmène alors par un brutal saut dans le temps dans les années 60 : la couleur revient, les fleurs bourgeonnent, les petits oiseaux chantent, la musique se fait guillerette et le cœur de la fraîche paysanne incarnée par Zhang Ziyi est tout émoustillé suite à l’arrivée d’un beau et intelligent jeune homme de la ville voisine. Pendant plus d’une heure, le spectateur a alors droit à une jolie histoire d’amour qui se concentre uniquement sur la rencontre des 2 jeunes gens, avant de replonger dans le noir et blanc déprimant du présent.
Avec ce film, Zhang nous expose une face de sa personnalité jusqu’alors peu exploitée : sa nostalgie pour son pays. Sans doute en fait-il beaucoup en opposant de manière si radicale passé et présent – libre à chacun de le suivre ou non dans son jugement dénonçant indirectement le régime de Mao et le régime actuel comme responsables des malheurs des campagnes chinoises. Mais il s’attache surtout, comme souvent (cf. Qiu Ju, Epouses et Concubines ou Pas un de moins), à décrire la volonté inébranlable et jusqu’au-boutiste d’une femme ayant décidé de braver les interdits (de caste, de tradition) pour vivre sa passion amoureuse avec l’homme qu’elle a choisi. Et même si c’est du déjà-vu et limite cucul, ça n’en est pas moins agréable et émouvant de voir cette jeune femme attendre sans relâche et dans un froid sibérien le retour de son prétendant, de décorer son école avec amour ou encore de chercher pendant des mois sa barrette tombée sur le chemin.
Reste que si Zhang se fait moins grandiose au fil du temps, il se fait aussi moins cinglant, et en s’engouffrant dans le mélodrame comme ici, s’aventure également sur des pentes dangereuses… Un mélodrame qui, d’ailleurs, est sorti de façon surprenante d’abord en DVD zone 2 français alors qu’il n’est même pas encore sorti en salles. Alors ? Frilosité habituelle des distributeurs ou raison plus convaincante ?
L'amour d'une jeune fille pour un jeune homme.
C'est aussi simple que beau ! A chaque apparition de Zhang Ziyi, les émotions fusent, le coeur palpite. Elle lance un regard vers le lointain, un sourire se dessine sur son visage et le spectateur médusé tombe sous le charme. Elle attend et pleure, les larmes coulent alors des deux cotés de l'écran. Un tissu rouge est accroché sur une poutre, on succombe à la catharsis et l'on se retrouve annéanti par ce déluge de sentiments.
Un film qui vous vole votre coeur pour mieux vous le rendre grandis du poids du respect et de l'émotion.
Bravo, Monsieur Yimou !
Très beau. Très classique mais très beau (esthétique) et très émouvant.
Et puis, ce film ne tombe pas dans la recherche d'exotisme même s'il a été tourné dans une zone à minorités.
07 janvier 2011
par
A-Lai
Très beau film, que dire de plus
Une histoire d'amour simple et touchante dans le milieu paysan de la Chine profonde. Cette oeuvre pleine de poésie et de chaleur humaine est terriblement efficace. Ici, la simplicité n'a d'égale que l'émotion. Zhang Zi Yi est merveilleuse de beauté et de talent.
...
Je ne sais pas quoi dire... c'est simple, magnifique... Zhang Yimou, grâce à une photographie superbe, sublime cette histoire d'amour entre un garçon et une fille. Un film qui fait du bien mais qui est vraiment trop court.
du beau cinéma
ZHANG yimou nous offre un film très beau, simple et touchant, très classique aussi mais bien construit. j'aurais préféré qu'il développe un peu plus que la romance (la vie du village aurait été intéressante à montrer), pour enrichir le propos, néanmoins ça se regarde très bien, et ce notamment grâce à des acteurs parfaits, naturels (normal c'est pas des pros), surtout la femme qui joue ZHANG ziyi en vieille femme.
intimiste et pudique, un peu limite "guimauve" mais finalement émouvant, c'est la sensation qui perdure après la vision du film.
à rapprocher à des films comme POSTMEN IN THE MOUNTAIN ou SHOWER.
Belle des champs
Dans la filmographie de ZHANG Yimou, THE ROAD HOME occupe visiblement une place à part, étrange projet basé sur un scénario simplissime qui privilégie essentiellement les émotions.
C’est l’histoire de la rencontre et de l’amour d’une vie, racontée en flash-back par le fils du couple en question, de retour au village natal à l’occasion du décès de son père instituteur.
Toujours aussi perfectionniste, le cinéaste nous offre 1H30 d’images magnifiques, célébration d’une nature resplendissante ou les saisons composent à chaque fois un nouveau tableau, cadre idéal pour mettre en valeur la beauté de son héroïne ZHA Di interprétée par ZHANG Zi-Yi en grande forme qui quitte rarement l’écran quand elle ne l’occupe pas exclusivement. Les plans de ses courses à travers une forêt automnale sont à couper le souffle, au point que l’on en vient rapidement à se demander si cela n’est pas le but unique du projet.
Mais s’il ne se passe bien sûr pas grand-chose dans cette chronique d’un quotidien villageois, tout étant vu à travers le prisme de la passion amoureuse naissante entre les deux jeunes gens, la réalisation sait tirer partie d’évènements en apparence anodin, la perte d’une barrette à cheveux, un bol qui se casse, dramatisation donnant un peu de rythme à un ensemble plutôt tranquille.
ZHANG Yimou en profite au passage pour rendre hommage à de vieux métiers comme le réparateur de pots cassés, ou de vieilles traditions telles les obsèques du père, symboles d’un milieu rural obsolète mais cher au cœur du réalisateur. D’ailleurs, contrairement aux conventions, il choisit de filmer le présent un peu tristounet en noir et blanc, préférant mettre le passé en couleurs, signe de son attachement à une époque idéalisée.
Portrait d’une femme au caractère bien trempé comme ZHANG les affectionne, rappelant les compositions de GONG Li pour le même metteur en scène, THE ROAD HOME annonce aussi par son sujet le film de DAI Sijie : BALZAC et la PETITE TAILLEUSE CHINOISE, autre rencontre entre un jeune lettré citadin et une beauté inculte des campagnes, mais au parcours différent.
Le son direct est de mise, renforçant l’impression de s’immerger au cœur de ce pays reculé, alors qu’une musique lyrique savamment dosée entretient la tension émotionnelle.
Car il émane de ce film une nostalgie infinie pour un temps et un lieu révolus, et ce n’est pas le final émouvant et mélancolique qui atténuera ce sentiment de douce amertume : si ce n’est sans doute pas le plus grand film de son auteur, il s’agit sûrement de l’un de ses plus personnels, et le charme qui se dégage de cette œuvre de la maturité compense largement sa moindre ambition.
Tres touchant
Dans la lignée de Pas un de moins, ce film est attendrissant. Nous plongeons dans un bonheur doux et simple d'une histoire d'amour qui débute dans la campagne chinoise...C'est frais et plein d'espoir... Les personnages sont très attachants, notamment Zhang Zi Yi qui est époustouflante !!
Ce film est un pur moment de bonheur... avis aux amateurs
Une histoire (pas si) simple
Une nouvelle pause récréative dans l'œuvre de Yimou, "The Road Home" est une histoire d'amour toute simple, racontée en un peu moins d'1h30. Mais comme souvent, ce qui aurait toucher au plus profond de ses spectateurs laisse curieusement indifférent.
Le réalisateur s'APPLIQUE à vouloir faire vibrer les cordes sensibles, mais recourt à bien trop d'artifices pour que cela sonne juste. Passons la merveilleuse chance de ce jeune couple de se "trouver" au premier regard et de s'aimer d'un amour pur et passionné jusqu'à al fin de leurs jours; de cette infime probabilité de voir naître une union durable à partir d'une étincelle passionnelle (et passionnée) entre cet homme lettré et la petite paysanne dans une Chine communiste autrement plus fermé (surtout dans une telle petite communauté) à cette sorte d'union. M'enfin – tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau et la belle Zhang ZiYi, avec ses longues couettes et son duvet rose-bonbon (même qu'il fait sa re-apparition, alors qu'elle était censée porter son blouson rouge en début de séquence…) toujours impeccable, peu soucieuse de gagner de l'argent, alors qu'elle doit s'occuper de sa propre besogne et de sa mère aveugle…
En revanche, Yimou abuse une nouvelle fois de tous les artifices cinématographiques pour emballer son histoire sucre d'orge: des images ultra léchées, une musique sirupeuse au besoin et des fendus / superpositions d'images tous les deux plans. Une grammaire cinématographique de toute lourdeur se mariant très mal avec la simplicité de l'histoire…
Ces artifices se retrouvent malheureusement jusque dans les plastiques parfaites de ses interprètes, de la blancheur des dents immaculés de l'enseignant jusqu'à la candeur dégoulinante de la "petite fille" Zhang ZiYi. Au moins, Gong Li savait donner corps à ses personnages, ébréchant sa fragile perfection pour la rendre plus humaine…
En l'état, Yimou rend une nouvelle copie appliquée et prête à consommer pour le marché mondial.
Passion sans (aucune) raison
L'histoire : la passion. Mais voilà...d'où vient cette passion ? Pourquoi ce dévouement....la rencontre entre les deux personnages principaux manque de force pour justifier la suite de l'histoire.
Je trouve les passages en noir et blanc moches mais intéressants. La partie centrale en couleur est très belle mais d'un ennui mortel. Et ce n'est pas Zhang Ziyi toute fraîche qui suffit à relever le tout.
Je n'ai jamais aimé l'expression "film de festival" et trouve très injuste que les films de WONG Kar-Wai, entre autre, soient parfois catalogués comme tels. Par contre, je trouve l'expression appropriée à "The Road Home" et il ne devait pas y avoir une belle sélection à Berlin en 2000 pour que ce film arrive à rafler l'ours d'argent.